Corps flottant à leur frontière : Burundi et Rwanda se renvoient la balle
Sécurité

RFI, 27-08-2014

Cadavres du lac Rweru : Kigali et Bujumbura se dédouanent

 Après la découverte de nombreux corps de pêcheurs burundais enveloppés dans des sacs et flottant sur le lac Rweru qui sépare le Burundi du Rwanda, et qui seraient charriés par la rivière Kagera [photo] en provenance du Rwanda, les deux pays se renvoient la balle en assurant qu’il ne s’agit pas de leurs citoyens respectifs.

Officiellement, les enquêtes pour faire la lumière sur cette affaire ont débuté lundi lorsqu’une équipe mixte burundo-rwandaise s’est rendue sur ce lac et a découvert trois corps enfermés dans des sacs de jute. Mais à la grande surprise des spécialistes d’enquêtes policières, elle a laissé les corps suppliciés sur place, ce qui n'est pas sans inquiéter ceux qui demandent une vraie enquête policière.

« Ces cadavres étaient en état de décomposition avancée et sentaient très forts », a justifié à RFI Aline Manirabarusha, la gouverneure de la province de Muyinga, frontalière du lac Rwaru dans le nord-est du Burundi.

Mais surtout, les autorités locales burundaises ont préféré attendre une décision de leur hiérarchie, après la polémique entre le Burundi et le Rwanda sur la provenance de ces cadavres.

Un commissaire de police burundais se demandait hier comment ils procéderont pour identifier les victimes ou pour déterminer les causes de leur décès. « Aucune enquête digne de ce nom n’est possible dans ces conditions », a-t-il tranché, sous le sceau de l’anonymat. Et, signe peut-être que la messe est déjà dite, Kigali et Bujumbura se sont déjà dédouanés en assurant qu’il ne s’agit pas de ressortissants de leurs pays respectifs, avant même le début de l’enquête.

Aujourd’hui, la société civile burundaise demande donc aux autorités de ce pays de diligenter des enquêtes sérieuses, en rappelant que des dizaines de personnes ont été victimes de disparitions forcés au Rwanda ces derniers mois et qu’au Burundi, des dizaines d’autres ont déjà été tuées puis jetées dans des rivières au cours des dernières années.