@rib News, 08/12/2009 La chute de la royauté du Burundi Le 28 novembre 1966. Souvenirs et Compléments d’information Transmission de Mémoire et Contribution à la Commission Vérité. Par Rose Ntwenga, le 7 décembre 2009 Souvenirs du 28 novembre 1966 Le matin du 28 novembre 1966 à la station d’essence Cimpaye du Quartier.4, Ngagara, une escouade de militaires fantassins avait pris place sur la piste en terre. La circulation routière était contrôlée par les gendarmes. Toutes les voitures étaient immobilisées et fouillées. L’évidence sautait aux yeux. Le bus scolaire n’assurerait pas la navette. La colonie d’enfants de l’arrêt du bus s’était scindée en deux groupes. Ceux qui rentraient chez eux, leurs parents leur viendraient en aide. Et nous, nos fratries, avec Anastasie Kabeya en tête, avions décidé de marcher les cinq kilomètres pour rejoindre l’école primaire Stella Matutina.
Les militaires bouchaient le passage du sentier vers la cuvette, le raccourci pour rejoindre l’avenue du Peuple Murundi. Les autres écoliers s’étaient glissés gaiement entre les rangs de militaires. Ma sœur Honorata, mon frère Valère et moi connaissions l’un d’eux. C’était Adrien. Nous ne pouvions pas l’avoir oublié. En l’absence de mon père, un manège incessant de visiteurs s’effectuait à notre domicile. Joséphine, nous avait appris à répondre poliment qu’elle n’était pas là. Adrien, dans un uniforme militaire flambant neuf, plis repassés apparents, n’avait pas échappé au refus détourné. Adrien avait griffonné quelques mots. Il était sorti sans nous soupçonner de la cacher. A peine le petit mot en main, elle nous avait demandé de le rattraper. Et là, c’était des retrouvailles émouvantes. Mystère ! Elle l’avait, pourtant, bien observé et dévisagé de la fenêtre, sans le reconnaître. A sa hauteur, en ce jour du 28 novembre 1966, je l’avais salué. Honorata, ma soeur et Valère, mon frère, m’avaient imitée. Adrien n’avait pas bronché. Dans l’incertitude, nous avions attendu. C’est son voisin de rang qui nous avait ordonné de continuer notre chemin. Cette marche nous avait plu. Nous avions longé l’avenue du Peuple Murundi. Nous avions coupé à travers le quartier de Bwiza (Maman habitait sur la troisième avenue), pour atteindre rapidement la paroisse St Michel. Enfin, l’avenue de la Mission était le chemin qui débouchait sur l’avenue Patrice Lumumba. Le soir au repas, l’indicatif sonore qui lançait le journal en kirundi avait été changé. Je n’avais plus jamais entendu Gisabo Hangama* La République était née. Dans les heures suivantes, mon père Venant Ntwenga, ainsi que deux cents autres personnes étaient libérées après une longue et éprouvante année de détention à la prison de Mpimba. Le motif de cette incarcération n’est toujours pas connu. Compléments et rappels d’information. - Apparences et réalités du Burundi politique - Cette seconde partie rassemble des extraits de textes qui apportent une meilleure compréhension des préparatifs et du déroulement du 28 novembre 1966 au Burundi. En français et en Kirundi, les mêmes faits sont présentés avec des nuances de taille. « 28 MUNYONYO 1966 – IMIGAMBI YA NYAKWUBAHWA PREZIDA WA REPUBLIKA Y’IBURUNDI » (…) Kugira ngo lero Uburundi bugumane intahe y’ukwikukira, kugira ngo amahoro agume mu bantu bato bato, kugira ngo ukuryanisha abavukana biherengetere, kugira ngo Abarundi babone uburyo bw’ukukorera urwaruka ngo ruze ruronke iragi ry’iteka n’amajambere, kugirango akadodoberezo n’akarenganyo vyoye gusuka Uburundi mu manga ngi’ibi ivyo intwaramiheto zishinze : 1. Umwami Ntare aravuye ku Ngoma. 2. Leta iravuyeho 3. Ba Guverneri barakomboye. 4. Abasoda barashikiriye intwaro y’Uburundi. Umukuru w’igihugu ni jewe ; umwanya ntarashinga Leta mbaye ndashinga Inama y’ugukingira ubumwe n’amahoro. Abari mur’iyo n’aba : Capitaine Michel Micombero Major Shibura Albert Capitaine Burasekuye Martien Capitaine Nkoripfa Damien Capitaine Commandant Sota Sylvère. Capitaine Commandant Ndayahoze Martin. Capitaine Commandant Ndikumana Gabriel. Capitaine Commandant Sinduhijwe Jérôme. Capitaine Commandant Ndabemeye Thomas. Capitaine Commandant Congera. Capitaine Harerimana. Capitaine Ntahonsigiye André. Capitaine Commandant Mandi Stanislas. Abasubiye mu kibanza ca ba Guverneri n’abasoda nyene Provensi ya : Bujumbura : Commandant Mandi Stanislas Kitega : Commandant Sinduhije Jérôme Bururi : Commandant Ndabemeye Bubanza : Capitaine Nzisabira Gabriel Muramvya : Lieutenant Nyandwi Ngozi : Commandant Congera Muhinga : Lieutenant Gatoto Guy Ruyigi : Lieutenant Karorero Charles Abo ba governeri bazoguma bategeka intwaramiheto z’abasoda n’abagendarme babakurikira. Michel MICOMBERO Dans la version française de ce discours intitulé « 28 novembre 1966 Proclamation de la République », il est à noter quelques détails d’importance. Certains éléments, en effet, ont été ajoutés par rapport à la version en Kirundi. Ainsi apparaît en premier de la liste des désignations, M. Arthémon Simbananye comme Procureur général de la République. De plus, la traduction (par des phrases supprimées ou au contraire ajoutées) modifie le sens du message de la version en kirundi. Pour rappel, le français et le kirundi sont les langues officielles du Burundi. (Extrait de la Constitution du Royaume du Burundi du 16 octobre 1962, TITRE II, Article 21 …) Signée par Pierre Claver Nuwimkware, ministre de la justice. Enfin, il faut tenir compte aussi des « Archives » de la tradition orale fournies par : - Ba Bendera ( Banyalwanda bakurudi Bendera) - Ba Bikwembe ( Banyalwanda bavala Bikwembe) - Ba Mayani ( Banyalwanda bakula Mayani) - Ba Gentleman - Ba Bogi etc. Montpellier, le 7 décembre 2009. Rose Ntwenga.
Fait partie des proches du Comité national de la Révolution (C.N.R) de 1966. Extrait de CORPUS CONSTITUTIONNEL - Recueil universel des constitutions en vigueur - Union académique internationale, Académie de Sciences Morales et Politiques, éditeur Brill Archive, 1968, ISBN 9004038876, 9789004038875, 269 pages - Chapitre sur le Burundi : Les institutions politiques du Burundi par J. VANDERLINDEN, Professeur à l’Université de Bruxelles |