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Melchior NDADAYE, Héros de la Démocratie & Prince Louis RWAGASORE, Héros de l’Indépendance

Feu Cyriaque SABINDEMYI, premier président de l'ARIB asbl


 

Umusambi (grue couronnée)

Sites touristiques

La Source du Nil : Petite pyramide à la fois indicative et commémorative, au sommet du mont Gikizi, à 2.145 mètres d'altitude. C'est au pied de cette montagne que surgit, d'abord frêle et timide, la source la plus méridionale du Nil, découverte en 1934 par l'explorateur allemand Burckhard Waldecker.

Pyramide "Source du Nil"

 

Au sud-est du Burundi, dans la province de Rutana, commune de Mpinga-Kayove, sur  la colline de Shanga, se trouvent les chutes et la grotte de Karera. Karera est constituée de quatre chutes d’eau qui sont d’une hauteur variant entre 30 et 60 mètres.

Les chutes de Karera

 

La Faille de Nyakazu, située en province de Rutana dans le Sud-Est du Burundi. L'histoire de cette faille débute en 1914, au début de la Première Guerre mondiale, Nyakazu était un poste militaire allemand construit pour contrôler toute la partie orientale du pays. Le plateau de Nkoma sur lequel il a été édifié aurait été, dit-on, entaillé par les bottes des soldats allemands en fuite devant les forces belges.

La "Faille des Allemands"

 

La "Pierre Stanley et Livingstone" à Mugere où l'explorateur Stanley rencontra le célèbre savant Livingstone le 25 novembre 1871.

Pierre 'Stanley-Livingstone

Info pratique

Rose Ntwenga : Témoignage sur les évènements "dits de 1969" au Burundi Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Opinion

@rib News, 29/12/2009

Perpétuer la Mémoire de leur Innocence.

Témoignage sur les évènements « dits de 1969 » au Burundi.

Transmission de Mémoire et Contribution à la Commission Vérité.

Par Rose Ntwenga, le 22 décembre 2009, à Montpellier (France)

Témoignage

Bujumbura, année scolaire 1969-1970.

Je me souviens :

(…)

Au Lycée, voyeurisme et perfidies.

Au premier trimestre de la classe de cinquième en 1969, j’apprenais que mon père était à nouveau en prison. A l’internat du Lycée Clarté Notre Dame à Bujumbura, la nouvelle avait fait le tour des filles. Christine  M. m’avait expliqué :

« Les amis de ton père préparaient un complot et il a tout raconté.  C’est un traître ! »

J’étais peinée de le savoir à nouveau en prison.

Traître ! Cela m’était bien égal. Ses séjours prolongés en prison m’avaient traumatisée. Tout ce que les filles pouvaient insinuer, toute la gravité contenue dans les accusations ne m’atteignaient  pas.

Malgré cette volonté de détachement, le soir, je m’étais retrouvée avec le groupe de jeunes filles avec qui je partageais les moments de détente. En leur compagnie, j’avais ressenti le besoin d’en parler. J’avais confié ma douleur et ma crainte de sa probable disparition.

« - C’est la troisième fois qu’il va en prison, vous entendez, je commence à craindre…»

J’avais éclaté en sanglots.

Puis, soudainement, pendant que je geignais, je réalisais qu’aucune des filles de mon groupe n’avait eu un mot de réconfort.

Subitement, je m’étais souvenue d’Angélina, la grande sœur de Joséphine[1], le jour de la première arrestation en 1964.

- Rose, « On » veut te voir éplorée et mal en point… C’est ce que l’ « On » cherche, m’avait-t-elle dit sur un ton  autoritaire.

Aussitôt, je séchais mes larmes comme l’averse s’arrête alors que sa violence apparaissait indomptable.

Ma vie se poursuivait  par le quotidien agréable du Lycée.

Et, un matin, j’avais aperçu au loin, une de mes voisines plus jeune de la Cité de Kamenge,  en pleurs, devant l’entrée de la résidence des Sœurs.

C’était Suavis.

La nouvelle de l’emprisonnement de son père lui était arrivée de si bonne heure. Les autres filles m’avaient encouragée à aller l’aider à contrôler ses sanglots.

Je m’étais approchée.

Si elle pouvait se calmer un peu, ce serait une bonne résolution. Mon père était en prison depuis quelques jours. Je m’étais presque déjà habituée.

Je n’avais pas eu le temps de terminer  ma pensée…

Elle m’avait rejetée dans une rage de douleur.

« - Mon père n’est pas aussi mal vu que le tien. »

Mon esprit s’était figé.

Je retournais penaude d’où je venais. Aux questions de curiosité du groupe des filles, mon air égaré leur avait suffit. Elles avaient obtenu le spectacle qu’elles recherchaient.

A la maison, pesanteur de femme placée…

Marceline Ndikumana, femme placéePour la permission du weekend, mon père était absent. Aucun changement notable dans le Campement du secteur C à Kamenge. Automatiquement, en l’absence de mon père, Daniel et Léocadie étaient responsables de l’organisation de notre cellule famille.

Ils n’avaient pas évoqué l’incarcération.

Ma mère m’avait prise à part un court instant, pour m’expliquer les raisons de l’emprisonnement de mon père. Elle avait raconté d’une traite, enthousiaste, comme s’il s’était agi d’un gag amusant[2].

- Rappelle-toi !

Le « Monsieur burundais», tu sais celui qui avait « acheté[3] » les costumes de ton père lors des spoliations à l’Office des Cités africaines (l’Ocaf) en 1967, il l’avait invité en ville pour boire un verre. C’était en fait un piège. En réalité, ton père s’était retrouvé avec d’autres personnes comme dans une réunion politique. Le « Monsieur » avait comme improvisé un débat. Quand son tour de parole était arrivé, ton père s’était plaint d’avoir été emprisonné à trois reprises injustement et d’avoir subi des maltraitances. Au cours de cette rencontre, d’autres sujets importants avaient été évoqués.

Ensuite, ton père avait raconté cette scène à Daniel Mfanuguhora, (mon tuteur), et à plusieurs autres personnes de passage au Campement du secteur C, les propos échangés au petit rassemblement.

- Maman ! J’ai l’impression que tu n’es pas mécontente de ce qui lui arrive, lui avais-je répondu.

Légende : Marceline Ndikumana, femme placée.

Bof ! Elle avait fait une moue d’indifférence. Dans un murmure  presque indistinct, elle avait rajouté :

- On va en prison pour des paroles entendues. Il risque de ne plus rentrer...

Valère, Honorata[4] et moi,  étions tristes en silence.

A nouveau, la signature de Daniel était nécessaire pour les autorisations de sortie[5] exigées par les sœurs, les Dames de Marie.

A la maison, la vie reprend le dessus.

Mon père avait fini par être libéré.

Dès sa sortie, il avait enfourché sa Honda 50[6], dans le souci de prouver sa libération. Il était aussitôt venu au Lycée. Comme j’étais alitée pour une anémie, les Sœurs lui avaient expliqué que cette visite serait une perturbation inutile. Attendre la permission du weekend suivant leur semblait être un moment approprié pour les retrouvailles.

Quant à moi, dans ma chambre, le bruit d’une moto m’avait sortie du lit. J’étais descendue dans les escaliers. A travers les ouvertures du mur, je l’avais vu entrer chez les Sœurs. J’avais attendu qu’elles viennent me prévenir pour aller au parloir. Mon père était ressorti comme il était venu, avec sa moto.

Les Sœurs ne m’avaient rien dit.

De l’avoir vu marcher, m’avait guérie des vertiges dont je taisais la fréquence. Malgré ma joie de vivre, j’avais une série de petits désagréments, un peu mal partout, un jour, puis rien après. Et ainsi, de suite.

Le weekend de permission, j’étais sortie en  coup de vent du bus qui me déposait à Kamenge. J’avais couru très vite vers le Campement. Au passage, j’étais accompagnée par les appels des voisins. Chacun, à son tour, clamait qu’il était sorti de prison depuis une semaine.

Mon impatience et ma joie de le revoir s’étaient vite estompés par la vision d’une forme allongée visiblement malade sur une chaise longue. Pour le saluer, j’avais dû me plier pour être à sa  hauteur. Le simple geste des bras tendus de l’accolade de salutation lui était  pénible. Seule, sa tête bougeait de droite à gauche.

Je ne comprenais rien.

Le soir, un infirmier et un des membres de son personnel accompagnés par les observations des thérapeutes animistes, l’isolaient devant la quatrième annexe. Je suivais la scène du regard.

Ma mère  complétait :

- Ce sont les conséquences des coups de bâton assénés sur les jambes à la prison de Mpimba. Ils viennent le soigner. Ils lui massent les jambes.

Je songeais pétrifiée. Des coups de bâtons !

Peut-on battre quelqu’un au point de ne plus marcher ?

Je préférais ne pas trop y penser. Le retour à l’internat me permettait de laisser ces questionnements au Campement.

Au cours des autres permissions, il avait si bien récupéré, que ce séjour très pénible en prison avait quitté mon esprit. A peine remis de l’inconfort de la prison de Mpimba, il passait son temps libre à terminer la finition du deuxième Campement au secteur D.

Quand nous habitions l’Ocaf quartier 5, avec ses amis les Bâtisseurs, ensemble, ils avaient rêvé et escompté réaliser un grand nombre de projets.

Mon père avait entrepris par l’intermédiaire du maçon angolais, le père de Joachim Peirera, la construction d’une maison au secteur D du quartier de Kamenge. Elle serait le lieu de détente des gens du quartier. Ces années, sous la Tutelle belge, leur avaient donné envie de lieux de loisirs à leur image. En cette période, les Indigènes qu’ils étaient par le statut, n’avaient pas ce  droit dans le  centre ville.

Monsieur Peirera avait commencé les travaux en 1964. Les deux séjours en prison avaient stoppé  toutes les activités de construction. Cinq années après, il se remettait au travail. Je voyais mon père vivre au rythme des livraisons du bois du Congo, de vérification du travail des artisans au Centre de formation artisanale (C.F.A), l’arrivage du ciment… 

Le 22 juillet 1969, Valentin Sebusa, le géomètre était arrivé enthousiaste dans la parcelle.

Il s’exclamait :

« - Ca y est ! Ils l’ont fait ! Ils ont marché sur la Lune.

Vous avez suivi, n’est ce pas ?

Qu’ils nous envoient. J’irai arpenter, délimiter les parcelles.

Nous bâtirons ! »

Ils sont incroyables, avait dit mon père, qui n’en revenait pas toujours pas de la retransmission en direct à la radio.

Marcher sur la  Lune, même dans un rêve, qui aurait imaginé un événement pareil !

Pour honorer l’exploit, par la suite, les congoman avaient crée une nouvelle danse, l’Apollo.

Valentin, s’était souvenu que, nous, les enfants ne partagions pratiquement jamais les mêmes opinions qu’eux.

« - Je vous connais ! Vous, les enfants, je suis sûr que votre souci, est de savoir ce que sont devenus la jeune fille et le lapin*. [7]»

Il n’avait pas attendu notre réponse.

- Personne sur la Lune. Personne, juste une étendue de matières sur lesquelles …

« - Si, la radio a dit que les cosmonautes les rechercheraient ! »

La conversation s’était  poursuivie sans nous,  l’état de leurs chantiers, les projets de demande de permis de construire, des propos d’adulte…qui ne nous intéressaient pas.

Valentin Sebusa venait régulièrement au Campement du secteur C.

Parmi le groupe des Bâtisseurs qui fréquentait la maison du quartier 5 de l’Ocaf, il était le seul que je reconnaissais de cette époque.

Je pense qu’il était le plus jeune du groupe des Bâtisseurs.

Il ne désespérait pas de nous le faire comprendre. Il n’était pas de leur époque. Lui, était né à la période où des dispensaires fonctionnaient. Sa mère avait été opérée à sa naissance. Alors que mon père et ses amis, les autres Bâtisseurs, étaient arrivés à une époque où les saisons climatiques, les circonstances des récoltes, … étaient les repères du temps au passé. Ainsi, l’invasion des criquets, les famines, les maladies des plantes,  les raids esclavagistes, l’arrivée des Blancs, les exploits des Chefs, …servaient d’indicateur et de calendrier.

- C’était drôle !

Nos réactions n’allaient pas dans son sens.

Après quelques instants de conversation du dimanche matin, avec mon père, ils passaient au Campement du secteur D[8].

Retour sur quelques conversations du dimanche (matin) de juillet à août 1969.

Elles ont porté sur plusieurs sujets notamment la campagne café, les préparatifs du mariage des amis, les baptêmes des enfants, des séances de joutes pour rire, pour la mémorisation …, le statut des enfants, en particulier, quand la mère est une femme « placée »  (…)

Toutes ces conversations  étaient  tenues à haute voix, audible par la famille Muliro, des voisins congoman. Le poste de radio était mis à fond pour les faire partager la musique et les nouvelles. Le voisin Biromo, élève à l’Athénée secondaire passait, me donner un cours de soutien en mathématiques.

Relater quelques unes de ces conversations importantes, éclaire sur les réalités vécues par les « Hutu des années 60 », d’un côté, Bâtisseurs enthousiastes et créatifs du jeune Burundi indépendant, de l’autre, personnes ciblées  à leur insu par des prédateurs constants.

Première conversation : Incessant et insupportable racket.

A cause des difficultés rencontrées les années précédentes, mon père (ainsi qu’une partie des Bâtisseurs) avait délaissé la Campagne café de cette saison 1969-1970 pour d’autres activités. Ces mois de juillet et août, il les avait passés à distribuer les parcelles dans la partie Nord de la ville de Bujumbura (Quartier de Cibitoke et les espaces au-delà de localité de Maramvya…). C’était la contrepartie et compensation d’avoir quitté la Société Industrie & Commerce au Burundi au profit de M. Makuza l’exilé Tutsi rwandais.

Le Major Thomas Ndabemeye était  l’intermédiaire pressant.

Les messagers du Major Thomas Ndabemeye, de leur côté, étaient de temps à autre présents le dimanche matin. Ils suivaient les différentes conversations sans intervenir. Puis, à un moment donné de leur choix, ils plaçaient discrètement  les demandes du Major.

Mon père écrivait sur un bout de papier et tendait ce mot à remettre à M. Peirera ou à d’autres artisans congoman. 

En clair, par ce stratagème, le Major ponctionnait sur  toutes les activités commerciales auxquelles étaient associées mon père.

Le Superviseur (un employé de mon père, son véritable second) et Daniel Mfanuguhora, notre tuteur, s’étaient fâchés. 

Qu’avait-il à s’insinuer partout ? Personne n’allait chez lui l’importuner. Pour faire comprendre au Major leur profond désaccord sur son ingérence sur tout (cellules familiales, initiative de tout genre), Superviseur et Daniel, avaient suggéré que mon père me dépose le jour de la prochaine rentrée au Lycée Etoile des Montagnes chez lui sur l’avenue du 28 novembre[9]. C'est lui qui s’occuperait de mon transport jusqu’au Lycée. Ils lui avaient, en plus, demandé de décrire au Major, sa situation financière devenue critique à force d’être siphonnée par lui. Il n’avait même plus de quoi payer le ticket de bus pour sa fille. Par contre, les filles du Major étaient déplacées gratuitement par les voitures de l’armée interdites au public.

Deuxième conversation. : Mise en garde par un premier exilé Tutsi rwandais.

M. Kajugiro Musinga, un exilé Tutsi rwandais avait travaillé avec mon père à la traduction  des textes de l’association des commerçants burundais (A.C.B). Il habitait le secteur D. de Kamenge, la partie dénommée Fonds d’Avance. Il avait mis en garde mon père après l’altercation avec M. François Bangemu[10] dans un bar de fortune de l’Ocaf quelques temps plutôt.

- Nos hommes sont en alerte.

Ecoute-moi bien, Vénansi. Partout où tu passeras, tu seras suivi du regard. Le fait que tu aies « vendu » le Pélican Bar Ngagara et ta maison du Quartier 5 au Major Ndabemeye est symboliquement une victoire.

Pour « eux » (Ba Gentleman), ils ont réussi à te chasser et avec toi, tous ceux qui se reconnaissent en toi.

- Nos hommes sont en alerte !

Si tu vas boire dans ces endroits, personne ne te servira. Mais, si quelqu’un consent à le faire dans ce quartier, c’est que le piège est prêt. C’est un traquenard sans issue.

Deuxième conversation (bis) : Mise en garde par un second exilé Tutsi rwandais

Mon père ne s’était pas démonté.

Il y avait été.

Il avait déposé sa Honda 50 chez Valentin Sebusa au quartier 3 de l’OCAF. A pied, il en avait profité pour faire le tour de ses connaissances jusqu’au quartier 1 réputé être le repaire des Ba Bendera, les rwandais survivants de l’embuscade de Bendera, une localité du Sud-Kivu[11]. Au premier regard sur l’allure des nouveaux occupants du quartier, mon père avait déjà décidé qu’il rachèterait ses biens, auparavant vendus sous la pression du Major Ndabemeye pour le compte de ces exilés rwandais.  ( …)

Néanmoins, ses apparitions dans le quartier avaient été ralenties par sa rencontre avec le Vieux rwandais[12] au pagne.

Comme certains dimanches, mon père faisait le tour de ses connaissances de l’Ocaf avec ce genre de phrases téméraires :

- Peur de qui ?  Peur de quoi…

Du haut de sa très grande taille, le Vieux rwandais l’avait accosté. Il avait impérativement imposé quelques instants d’attention.

- Toi, tu ne me connais pas. Tes enfants se souviendront certainement de moi. Ils m’ont caché dans leurs jambes.

Quand on lui parlait de ses enfants, mon père était  toujours comme sur ses gardes.

«  - Grâce à eux, j’ai échappé au camion à destination de Mushiha. Ils m’ont donné mon ticket pour la liberté.

Ce que j’ai à te dire, est de te donner des ordres.

Ne reviens plus par ici. »

Mon père le regardait interloqué. (…)

Deuxième conversation (ter) : Révélations sur le meurtre de Pierre Ngendandumwe

« - Ne reviens plus dans ces lieux. Il risque de t’arriver ce qui est arrivé à votre ami Ngendanduwme.

Celui qui a tiré sur lui a été récompensé. C’est Monsieur Mwafrika. Il vit tranquillement. L’autre désigné est un leurre. Plein de paroles, plein d’accusations, aucune charge n’a pu être retenue contre lui.

Les circonstances de la disparition de votre ami sont imprécises, le souvenir de votre ami en est devenu flou aussi. (…)

M. Kajugiro avait  été consulté à nouveau. (…). Il avait confirmé les déclarations.

Ensuite, tous ces détails avaient  été confiés à  Karaver (Pierre-Claver Nuwimkware) ministre de la  Justice en 1965.

Cette révélation sur la personnalité et les agissements de M. Mwafrika les avait bouleversés profondément. Daniel et mon père avaient cessé d’aller à la messe du dimanche.

Un des employés de la briqueterie (l’animiste converti) passait tous les dimanches raconter l’homélie du prêtre des différentes paroisses.

Après, il parlait de M. Mwafrika. Différents détails étaient décrits…

Ils étaient tous incrédules de la réussite du forfait. L’animiste converti leur rappelait que ces longs mois de détention leur avaient fait perdre la compréhension de plusieurs problèmes restés en suspens. Mais, Valentin Sebusa était le plus sceptique de tous pour ne pas avoir subi aucune incarcération. Il se souvenait d’avoir aperçu M. Mwafrika dans sa famille, ses voisins du quartier 3 et ne le sentait pas capable d’un tel sang froid.

Deuxième conversation (ter) : Révélation confirmée à Uvira (Zaïre), 10 ans plus tard.

Au cours l’année scolaire 1979-1980, j’enseignais à l’Institut Azuhuri à Uvira (Q. Kasenga)  Congo (R.D).

Les dépositaires de  Pierre Ngendandumwe ont demandé à P. Mundeke N’koy, le père naturel de mes deux fils Ahuka et Hervé, de m’indiquer la maison de M. Mwafrika  tout près du bâtiment administratif de la sous-région côté Lac.

Nous  nous y sommes rendus en compagnie de L. Messo Wa N’tumba, un de mes voisins de la Cité de Kamenge.  Pour les « Gardiens de la Mémoire », il fallait que je voie cet endroit. C’était très important.

Deuxième conversation (quarto) : Révélation confirmée[13]

Lorsque la fille aînée de Pierre Ngendandumwe a réussi ses études de Médecine, un dépositaire de Ngendandumwe est venu m’en parler.

Espérance intégrait l’un des services de l’hôpital Roi Khaled.

A cette même période au milieu des années 80, le fils de Noël (le pasteur) et d’Angélina[14] est venu informer «mon demi-frère Félix Junior (Djuni N’guyen), que toutes les peines, vexations et humiliations subies par son père étaient consécutives à l’assassinat du premier ministre Pierre Ngendandumwe.

Le fils de Noël et d’Angélina était prêt à le conduire à Uvira au Congo pour lui montrer l’habitation de l’auteur du tir.

J’ai dissuadé avec autorité mon demi-frère de se mêler de ces histoires d’adultes. Aussitôt, je me suis empressée d’aller voir Espérance à l’hôpital pour l’informer des circonstances peu connues de l’assassinat de son père.

C’était à elle de défendre son père.

Au moment où je suis arrivée à son bureau, la coïncidence a fait qu’elle en sortait. J’ai aperçu une fille souriante qui hélait une autre personne dans le couloir.

Le flot de paroles prévu est resté dans ma bouche. Elle aurait à soigner toute sa vie tous les maux des autres. Le mal qui a été fait, je l’ai pris sur moi.

Puis, l’oubli s’est installé peu à peu.

Aux autres dépositaires et autres témoins de compléter (surtout les récits en Kirundi sur la façon dont  le leurre s’est construit).

Les propos de Gonzalve Muyenzi (l’auteur « officiel » du tir) sur les motifs de son incarcération à la prison de Makindye (Ouganda) avant sa disparition dans d’étranges circonstances en 1980, sont aussi à prendre en considération.

 

Je rappelle que les « peuples » de la Cité désignaient M. Mwafrika par le surnom de « Wa shaba. » alibabaré espri.

Compléments et rappels d’information.

- Faits réels et exposé officiel des fausses accusations -

Les lignes ci-après sont un extrait de la chronologie de la revue l’Année Africaine de 1969. (Auteur non-indiqué)

(…)

4  octobre :

- Article du journal La Libre Belgique annonçant une tentative de coup d’Etat au Burundi, publié à Bruxelles.

7 octobre :

- Appel de la Conférence Mondiale du Travail (ex-Confédération Internationale des Syndicats chrétiens) à la conscience mondiale et aux Nations Unies pour que cesse au Burundi, le génocide de l’ethnie Hutu.

8 octobre :

- Annonce officielle à Bujumbura, par le Président de la République, d’une tentative de renversement du gouvernement et des institutions établies.

11 octobre :

- Déclaration de M. Lazare Ntawurishira, ministre des Affaires Etrangères du Burundi, à propos de la tentative de coup d’Etat, à Bujumbura.

Le complot :

- Il a été financé par une ambassade à Bujumbura ainsi que l’ont confirmé les conjurés arrêtés.

Les personnalités mises en cause :

La conjuration était conduite par M. Charles Karorero, chef du bureau logistique de l’état-major général de l’armée burundaise et par le capitaine Katarihe (Katariho), commandant de l’Ecole militaire de Bujumbura.

- Sont également impliqués : M. Barnabé Kanyaruguru, ministre du Plan et de l’Economie ;  son directeur de cabinet  M. Grégoire Nicimbikije ; M. Joseph Cimpaye, ancien Premier ministre du gouvernement de tutelle, actuellement représentant général de la Compagnie Nationale Belge au Burundi, et Ferdinand Bitariho,  ancien président de la Banque Nationale du Burundi, actuellement vice-président des  brasseries  du Burundi.

- Toutes ces personnalités appartiennent à l’ethnie Hutu. ( …)  

15 octobre :

- Accusation d’avoir publié des informations calomnieuses sur la situation au Burundi portée par le Syndicat unique, l’Union des Travailleurs Barundi, à l’encontre de la Confédération  Mondiale du Travail, à Bujumbura.

16 octobre :

- Décisions prise par le  gouvernement à Bujumbura de déclarer l’ambassadeur de Belgique, le général Henniquiau, persona non grata.

Raison :

- l’ambassadeur est accusé d’avoir soutenu le complot qui visait à renverser le gouvernement  et les institutions établies de la  République du Burundi.

- Rejet par le ministre belge des Affaires étrangères des accusations portées par le gouvernement burundais.

(…)

18 octobre :

- Démenti du gouvernement barundais [burundais] en ce qui concerne l’attitude de la Belgique lors de la tentative de coup d’Etat du mois de septembre, publié à Bujumbura.

Le démenti :

« Le gouvernement de la République du Burundi n’a jamais accusé la Belgique ou tout autre Etat d’avoir trempé dans la tentative de coup d’Etat de septembre dernier. »

20 novembre – 17 décembre :

- Procès des auteurs du coup d’Etat manqué de Bujumbura devant un tribunal de guerre.

 Verdict :

Vingt-cinq condamnés à mort dont trois ministres. M.M. Barnabé Kanyaruguru (Plan), André Kabura (Economie).

Deux  condamnations à la détention à vie.

- Trente-quatre condamnations à vingt ans de prison.

- Quatre condamnations à deux et cinq ans de prison

- Deux acquittements.

 

22 décembre :

- Exécution de vingt-trois condamnés à mort accusés d’avoir tenté de renverser le régime du Président Micombero.

(…)

Je  soutiens le Collectif  CSD 69 qui a apporté des éléments de défense en faveur de nos parents, amis et connaissances accusés à tort de participation à ce complot politique totalement imaginaire, décrit le 11 octobre 1969 par Lazare Ntawurishira, et à nouveau le 17 août 2009 par Gabriel Mpozagara.

Que l’engagement du Collectif  CSD 69 ne relâche pas.

C’est, aussi, pour moi l’occasion de perpétuer la Mémoire de leur Innocence.

Rose Ntwenga.

Montpellier, le 22 décembre 2009.


[1] Joséphine Mfubusa, la  mère de Félix Ntwenga Junior (Djuni N’guyen). C’est une femme placée auprès de mon père (vers la fin de l’année 1963) par les piliers de l’échafaudage de la première république dont le capitaine Charles Ndikumagenge, François Bangemu, Prime Niyongabo, Bernard Kayibigi, Adrien etc.

[2] C’était sur le même ton que ce genre de gag que seuls les gens du quartier savent bien conter entre fiction et caricature.

[3] Cet « achat » était en réalité une vente à vil prix, sous la contrainte dans le climat de spoliation  supervisé par le Major Ndabemeye.

[4]  En janvier 2009, Maman a porté plainte au Tribunal de première instance de Ngagara contre Valère. Elle lui a refusé le droit d’installer un taxi-vélo sur la parcelle de Kavumu 19. Valère n’a aucun papier en sa possession, prouvant sa qualité de premier ayant droit sur la succession de Venant Ntwenga.

La plainte était « appréciée » recevable par ce tribunal.

Tous les  papiers personnels de la famille de Venant Ntwenga ont été soustraits par la femme placée  pour être confiés à  son fils Muhusa, Bosco Sindihebura dit Bosco -Rasta. Les colocataires Tutsi rwandais de ce dernier à Bwiza les ont incendiés en son absence  vers juin de l’an 2000. Le tour est joué ! …

[5] De vivre à l’internat, m’avait libérée de la pesanteur, de l’ambiance violente que générait la difficulté de la cohabitation - imposée par le major Thomas Ndabemeye depuis la sortie de prison de 1966 – entre mon père et ma mère, femme placée.

[6] Ce modèle « pour dame » était apprécié au Burundi à la fin des années 60. Il sera adopté dans les années 80 pour équiper les administrateurs communaux dans les zones rurales.

[7] Une légende chinoise voulait que les ombres observées sur la Lune depuis la Terre aient été celles d’une fille et de son lapin égarés dans l’Inconnu.

[8] Cité de Kamenge.

[9] Ce qui avait été fait vers l’année 1971

[10] Mon père lui reprochait vivement d’être partie prenante dans le montage autour de l’accident de voiture du Prince Ignace Kamatari qui lui avait valu plusieurs mois de détention à la prison de Mpimba. 

« Bangemu, » Francois. A Tutsi born in 1941. He completed three years of secondary studies at the Collège ST. Esprit in Bukavu ( Zaïre and one year at a Catholic seminary. In 1964, he was president of JNR, which was feared by various governements during the 1960’s. In march 1964, he became Director-General in the Ministry of Information, Sûreté and Immigration. In July 1964, he gave a speech which was particulary anti-Belgian and anti-American. He was arrested in January 1965 for participation in the assassination of Pierre Ngendandumwe, but was freed. He served as Director General of Information Ministry in President Micombero’s first  government  and became vice-president of JNR.

In September 1966 he was arrested on the instigation of hardline Tutsi in government : Prime Niyongabo and Masumbuko. He was their target because of his close collaboration with Jean Ntiruhwama in reorganizing Burundi’s youth movements by creation of JRR in 1967. Bangemu became Secretary General of UPRONA party until his arrest, in July 1967. He was released November 28, 1967 . »

Extrait de Historical dictionary of Burundi bay Warren Weinstein, The Scarecrow Press Inc., Metuchen, N.J. 1976

[11] Front de Force, Front de Bendera : Défense fortifiée de l’ennemi, près de la route Albertville (Kalémie) – Lulimba. et  une centrale hydroélectrique.

Lulimba : localité sur la route Albertville (Kalémie) – Bukavu ; de là, part une route en direction de Kabambare.

Mudandi : commandant d’origine rwandaise ; à la tête d’un groupe d’un groupe de Rwandais qui opérait à Front de Force(le 29 et 30 juin 1965)

Extrait tiré de Journal du Congo,  notes d’Ernesto Che Guevara, (deuxième édition cubaine).

Editions Mille et une nuits.  Mai 2009

[12]  Lors des rafles de 1963 pour réinstaller les réfugiés rwandais de force en dehors de la ville de Bujmbura, le vieux rwandais avait échappé  à ses poursuivants grâce à ma fratrie en se cachant sous la table. Kajugiro Musinga et mon père évoquaient dans leur conversation les propos du  Vieux rwandais.

[13] Les circonstances  peu connues de l’assassinat de Pierre Ngendandumwe dans :

- De l’exil au pouvoir, le destin croisé des réfugiés burundais et rwandais dans la région des Grands Lacs africains depuis 1959. – Thèse de IIIème cycle en géographie, Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Mars 2006.

Voici quelques extraits :

(…) En décembre 1964, au cours de la visite dans la province de Cibitoke (Burundi) de la “Commission Réfugiée” de l’OUA, une vive altercation eut lieu entre d’un côté P. Gatwa et F. Rukeba et de l’autre J.-B. Kayunga et M. Kayihura (…)

(…) Mais, au-delà d’une divergence d’opinions sur le possible déplacement de réfugiés en dehors du Burundi, se dissimulait aussi une lutte de pouvoir entre F. Rukeba et J.-B. Kayunga pour le contrôle de l’« Association sociale des réfugiés rwandais ». En effet, après la démission de son président C. Robero, le Mwami Kigeri V avait, semble-t-il, autorisé J.-B. Kayunga à diriger la dite association. Aux mains de F. Rukeba, cette dernière était devenue en effet un instrument de pression sur les réfugiés qui devaient soit se soumettre, soit disparaître. Plusieurs exemples en ce sens sont cités par le représentant du HCR alors en fonction au Burundi.

(…)

Toutefois, l’un des exemples les plus probants du caractère policier de l’association reste, sans aucun doute, l’assassinat de J.-B. [Jean Bosco] Kayunga trois jours après la rencontre de Cibitoke. Si plusieurs hypothèses furent avancées quant à cet attentat[13], le fait que son auteur présumé ait tué quelques semaines plus tard le Premier ministre burundais, Pierre Ngendandumwe, semble indiquer que F. Rukeba n’y était pas étranger.

(…)

[14] La grande sœur de Joséphine Mfubusa, la femme placée en 1963 auprès de mon père.

 

 
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