Deutsche Welle, 01.07.2020 Covid-19 au Burundi : le nouveau pouvoir prend le contre-pied du régime Nkurunziza Pour le président Evariste Ndayishimiye, la Covid-19 est le plus grand ennemi du Burundi. Une volte-face vis-à-vis de Pierrre Nkurunziza qui ignorait le virus. La déclaration mardi (30.06.2020) du nouveau président burundais sonne comme une volte-face du Burundi en ce qui concerne sa gestion de la pandémie de coronavirus.
Évariste Ndayishimiye a en effet affirmé que la Covid-19 est "le plus grand ennemi des Burundais", ce qui introduit un changement complet. Le gouvernement de l'ancien président défunt Pierre Nkurunziza avait jusqu'ici largement minimisé, voire ignoré l'ampleur de la maladie. Le Burundi n'avait pas imposé de confinement à sa population de quelque 11 millions d'habitants et les mesures barrières recommandées par l'Organisation mondiale de la santé n'étaient pas respectées par la plupart des Burundais. Le pays avait aussi maintenu les élections générales du 20 mai sans imposer de mesures de distanciation sociale. Toujours en mai, le gouvernement a décidé d'expulser l'équipe de l'OMS du Burundi, sans expliquer les raisons qui ont motivé cette décision. Pierre Nkurunziza, dont le décès "inopiné" a été annoncé le 9 juin, officiellement d'un arrêt cardiaque, avait estimé que le Burundi était protégé par "la grâce divine". Lors de ses obsèques, très peu de personnes étaient vues avec une protection sur le visage et quelques uns seulement se désinfectaient les mains. À l'annonce de son décès, des Burundais se demandaient si Pierre Nkurunziza, qui selon une source médicale contactée par l'AFP était en "détresse respiratoire" au moment de sa mort, n'avait pas lui-même succombé à cette maladie. Plusieurs informations indiquent que le virus a infecté plusieurs personnes jusqu'au sein de la présidence burundaise. L'épouse du président Nkurunziza, Denise Bucumi avait elle aussi été évacuée vers le Kenya vers fin mai, où elle aurait été soignée du coronavirus. Principale préoccupation Le nouveau président qui a prêté serment deux mois plus tôt que prévu a indiqué que la pandémie était devenue aujourd'hui la "principale préoccupation" des Burundais. Evariste Ndayishimiye s'exprimait ainsi après la prestation de serment de son nouveau gouvernement à Bujumbura. À la date de ce mercredi (01.07.2020), le Centre de contrôle et de prévention des maladies de l'Union africaine indique que le Burundi recense officiellement 170 cas positifs de coronavirus, 1 décès et 125 cas de guérison. Ce bilan laisse pourtant sceptiques des médecins, selon lesquels de nombreux cas et décès de personnes présentant les symptômes du virus auraient été exclus de ces chiffres. Des mesures à effet immédiat "Nous nous engageons à combattre résolument cette pandémie", a insisté le président Ndayishimiye, invitant "tout Burundais ou tout étranger qui vit au Burundi à se lever pour lutter contre le coronavirus". Cela passe, selon lui, par "un strict respect des mesures barrières que le ministère de la Santé va désormais afficher partout à travers le pays". Dans l'immédiat, le président a aussi indiqué que le gouvernement allait subventionner à 50% le prix du savon et diminuer le prix du mètre cube d'eau jusqu'à ce que la pandémie soit endiguée. Il a aussi rappelé que les tests et les soins pour le nouveau coronavirus étaient gratuits. Si à l'avenir quelqu'un présentant les symptômes de la maladie ne se fait pas tester, cela signifiera "qu'il veut contaminer les autres volontairement" et il sera alors "considéré comme un sorcier et traité aussi sévèrement", a notamment fait savoir le chef de l'Etat. Le Burundi ne compte qu'un seul centre de dépistage, qui dispose de moins de 10 techniciens capables de faire les tests pour le Covid-19. Mais Evariste Ndayishimiye a promis que des équipes de dépistage seraient installées dans toutes les régions et que des campagnes de dépistage seraient lancées "partout où des cas positifs au coronavirus seront signalés". Le Burundi a reçu un don de 5 millions de dollars de la Banque mondiale pour aider les autorités à lutter contre le coronavirus, selon un haut cadre du ministère de la Santé, sous couvert d'anonymat et dont le témoignage est relayé par l'AFP.
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