Deutsche Welle, 01.07.2020 Le président burundais menace de punir quiconque s'opposera aux mesures contre la Covid-19. Cette offensive tranche avec la politique menée jusqu'ici. Les chiffres annoncés au Burundi concernant le nombre de cas sont mis en doute par certains acteurs du secteur de la santé
Dans une intervention mardi (30.06.20), le nouveau président Évariste Ndayishimiye a déclaré que la COVID-19 était un problème de santé publique et que la lutte contre la maladie était une affaire de tous les Burundais. "Quiconque viole les règles et gestes barrières sera sanctionné". Cette annonce a surpris de nombreux Burundais car l'ancien président Pierre Nkurunziza avait affirmé que le pays était protégé par Dieu. Le Burundi était l'un des rares pays à n'avoir pas décrété le confinement Plus question de protection divine Désormais il n'est plus question d'une protection divine contre la Covid-19 dans le pays, comme l'estimait le défunt président Pierre Nkurunziza, décédé officiellement d'un arrêt cardiaque, même si certains continuent de penser à tort ou à raison, que ce décès était lié au coronavirus. La campagne lancée par le président Ndayishimiye s'accompagne d'un geste symbolique : la réduction de 50% du prix du savon pour le lavage des mains et la subvention de l'eau. Ce changement de ton du gouvernement face à la COVID-19 est significatif selon Georges Nikiza, porte-parole du parti Rassemblement national pour le changement. "J'apprécie la réaction du gouvernement et il faut que nous aidions le gouvernement pour que la covid-19 soit éradiquée. Mais toutes les mesures qui sont prises doivent être accompagnées et cet accompagnement est multiforme. Elles doivent être accompagnées par des actions multisectorielles et des initiatives privées", suggère cet homme politique. Fin d'une exception Face à la pandémie, le Burundi se voulait être une exception. C'était la conviction de l'ancien président Nkurunziza. En mai, le Burundi avait même expulsé le représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans le pays ainsi que trois autres experts de santé travaillant sur la maladie. C'est pourquoi, la campagne que mène le nouveau président contre la COVID 19 est opportune selon Willy Niyonkuru, journaliste indépendant qui reconnaît que la situation est alarmante dans le pays. Pour sa part sa réussite nécessite beaucoup plus d'efforts de conscientisation. "D'une part c'est une vision louable mais d'une autre, c'est une vision qui est difficile à réaliser. C'est un arsenal à conjuguer : il faut sensibiliser la population, les agents du secteur de la santé et les décideurs", recommande-t-il. Espoir d'une maîtrise de la pandémie Chadrack Niyonkuru étudiant, espère qu'avec l'engagement du gouvernement dans la lutte contre le coronavirus, la pandémie sera maîtrisée, vu que le Burundi selon lui, fait partie des pays les moins frappés par la maladie. "De nombreux citoyens prétextent de ce que le savon coûte cher. Mais avec la réduction du prix du savon, c'est une très bonne chose. Également, personne n'avancera la raison de la cherté de l'eau du fait qu'elle sera vendue à un très bas prix. Donc, j'espère que ces mesures permettront de réduire considérablement le taux de contamination au coronavirus". La gestion de la pandémie au Burundi avait été vivement critiquée, notamment la tenue de la campagne électorale et des élections générales au mois de mai, en pleine pandémie.
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