La Croix Africa, 15 janvier 2021 La Croix Africa revisite un pan de l’histoire de l’Église du Burundi marquée par le martyre de 44 catholiques entre 1972 et 1997. Les faits se sont déroulés entre 1972 et 1997. Quarante-quatre personnes – 40 séminaristes et un prêtre de nationalité burundaise, deux missionnaires et une volontaire, tous trois de nationalité italienne – ont perdu la vie en raison de leur foi chrétienne.
Le 30 avril 1997, en pleine guerre civile burundaise – marquée par un conflit ethnique opposant les Hutus aux Tutsis entre 1993-2005 – le petit séminaire de Buta, dans le sud du Burundi, est attaqué par une bande de rebelles. Selon plusieurs témoignages, il s’agirait de membres du Conseil national pour la défense de la démocratie (Cndd), une milice hutue. Ayant surpris les séminaristes dans leur sommeil, ils leur demandent de se séparer, les Hutus d’un côté et les Tutsis de l’autre. Leur but était de ne tuer que les Tutsis. Mais les enfants refusent d’obtempérer. Les assaillants furieux massacrent la quarantaine de séminaristes avec des fusils et des grenades. Au cours de cette attaque, certains séminaristes chantent des psaumes et d’autres répètent : « Pardonne-leur Seigneur, car ils ne savent ce qu’ils font. » Les séminaristes sont, en outre, restés solidaires jusqu’au bout : certains d’entre eux ont perdu la vie en venant en aide aux toutes premières victimes. Ils étaient originaires des diocèses de Bururi (sud-ouest), Bujumbura, la capitale, Ruyigi (est) et Gitega (centre). D’après les témoignages, avant leur assassinat, ils venaient de suivre une retraite spirituelle qui les avait complètement transfigurés. Le père Kayoya et les martyrs italiens Les autres martyrs ont été tués dans des régions et à des dates différentes. Le père Michel Kayoya, prêtre burundais, poète et philosophe de 38 ans a été tué à Gitega – au centre du Burundi – le 17 mai 1972. Célèbre et charismatique, il a été arrêté et détenu par une bande armée en même temps que d’autres prêtres et des laïcs. Il est allé à la mort en chantant les psaumes et le Magnificat. Les pères Ottorino Maule et Aldo Marchiol et la bénévole laïque Catina Gubert ont été tués à Buyengero, dans le sud-ouest, le 30 septembre 1995. Les missionnaires avaient été forcés à s’agenouiller puis tués d’une balle dans la tête. Catina avait, quant à elle, reçu une balle dans la poitrine. Le 21 juin 2019, a été ouverte la première étape de la canonisation de ces 44 martyrs, la phase diocésaine. À l’occasion de ce premier procès en canonisation dans leur pays, les évêques burundais ont tenu, dans leur message, à célébrer « un groupe des personnes qui, au nom de Jésus, ont offert leurs vies pour montrer que notre fraternité dans le Christ est plus importante que l’appartenance à un groupe ethnique ». Lucie Sarr |