Blog de la Banque mondiale, 10 novembre 2023 Parfois, les gens traversent des périodes difficiles dans leur vie, comme des catastrophes naturelles, le chômage, une mauvaise récolte ou même la fuite d’un conflit. Certaines personnes au Burundi ont été confrontées à tout cela. L’année dernière, un nouveau défi est apparu : des saisons de mauvaises récoltes se sont produites dans un contexte de hausse des prix des denrées alimentaires combinée à des prix élevés des engrais. Heureusement, le Projet de développement Communautaire intégré du Burundi PRODECI -Turikumwe disposait des outils nécessaires pour fournir rapidement des intrants agricoles utiles avant la prochaine saison culturale et créer des emplois.
Au cours des deux dernières années, PRODECI-Turikumwe a travaillé avec les communautés de réfugiés et les communautés hôtes dans quatre provinces du nord du Burundi pour améliorer la sécurité alimentaire, construire des infrastructures socio-économiques et soutenir le développement des micro-entreprises à travers une approche participative. Le projet est financé par l'Association Internationale de Développement (IDA) de la Banque mondiale, dont une partie du financement provient du guichet de financement spécial pour les communautés d'accueil et les réfugiés (WHR). Les quatre provinces ciblées par PRODECI-Turikumwe accueillent cinq camps de réfugiés avec 40 000 réfugiés originaires de la République Démocratique du Congo (RDC). Certains de ces réfugiés y vivent depuis les premiers conflits au Kivu à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Certains enfants qui y sont nés, approchent maintenant l’âge adulte. Comme ailleurs au Burundi, ces provinces abritent également des déplacées internes et des Burundais rapatriés des pays voisins après avoir fui la crise de 2015. La majorité d’entre eux ont dû laisser derrière eux des terres ou d’autres biens. « Turikumwe » est un mot en langue locale qui signifie « Nous sommes tous ensemble » et même si de nombreux réfugiés et communautés hôtes interagissent dans leur vie quotidienne, la promotion de l'inclusion et la participation de tous dans ces zones est au cœur de l'objectif du projet. L’un de ces points de rencontre est l’école communautaire de Gisabazuba, qui a été construite par PRODECI-Turikumwe et qui a été inaugurée au début du printemps. Avant l’ouverture de la nouvelle école, les enfants suivaient leurs cours sous de petits abris solaires en paille, avec des bancs presque effondrés et sans aucune possibilité pour les enseignants de créer un environnement calme et propice à l’apprentissage. « Mon fils est heureux de sa nouvelle école et il y va maintenant avec beaucoup d'enthousiasme », a expliqué la mère d'un élève de l'école, avant d'ajouter : « Il y a beaucoup à faire dans ce village, mais cette école me donne de l'espoir pour l'avenir de mon fils. » Sélectionnée à l'issue de consultations communautaires et dans le cadre de la stratégie locale de développement communautaire, l'école de Gisabazuba a été construite par des ouvriers locaux, hommes et femmes. À ce jour, le projet a généré 181 551 jours-personnes de travail. Avec les mauvaises récoltes consécutives de l’année dernière, ces opportunités d’emploi ont été une bouée de sauvetage pour de nombreux travailleurs et leurs familles. « Le salaire pour le travail sur le chantier m’a permis d’acheter de la nourriture pour ma famille et d’investir dans une chèvre. Je vais maintenant chercher du travail sur d’autres sites et investir dans d’autres chèvres », explique Lia*, une femme qui travaille sur un investissement communautaire financé par PRODECI-Turikumwe à Muyinga. Dans les camps de réfugiés, les effets négatifs des mauvaises récoltes de l’année dernière se sont également fait sentir. Avec les restrictions de mouvement mises en place pour les réfugiés, il a été difficile pour les habitants de chercher des opportunités d’emploi ailleurs. Au lieu de cela, ils ont dû compter sur l’aide alimentaire et trouver des moyens de se procurer de la nourriture produite autour des camps, ce qui a mis à rude épreuve les petites quantités de nourriture disponibles dans les communautés d’accueil. Au même moment, il y a eu des signaux indiquant que l’aide alimentaire aux camps pourrait être réduite. Afin d'assurer une meilleure récolte pour la prochaine saison et d'éviter une situation d'insécurité alimentaire accrue et de tensions potentielles entre les communautés, le projet a rapidement mobilisé des intrants pour les semences et financé la production animale grâce à son modèle de micro-entreprise . Dans l’esprit de Turikumwe, ce premier appel à propositions a été un succès. 300 micro-entreprises à l’intérieuret autour des cinq camps de réfugiés ont été sélectionnées pour le financement. Celles-ci étant constituées en associations de 5 à 10 membres et dont la plupart sont des initiatives conjointes entre les réfugiés et les membres de la communauté hôte. Bien que de nombreuses associations aient investi dans l'élevage, le soutien à la production agricole a été priorisé afin que les terres puissent être préparées en temps opportun avant la prochaine saison. John* l'un des bénéficiaires, est un réfugié qui vit dans le camp de réfugiés de Musasa depuis 17 ans et qui a reçu des intrants et une formation de PRODECI-Turikumwe pour cultiver des aubergines et des poivrons. Son entreprise, qui réalise déjà des bénéfices, a fait une énorme différence pour la vie de ses enfants, qui, selon lui, « ne manquent plus de rien ». Le bénéfice lui a également permis de louer des terres à cultiver pendant une période de deux ans, et il a pu rembourser toutes ses dettes antérieures aux commerçants locaux. John souligne que son entreprise et la location des terres qu’elle nécessitait n’auraient pas été possibles sans la bonne collaboration entre les réfugiés et la population hôte dont il fait partie. Cela a changé ma vie, pour le mieux. Le projet étant à mi-parcours, il continuera d’investir dans les infrastructures communautaires, de créer des emplois et d’œuvrer pour assurer la sécurité alimentaire dans les provinces de Cankuzo, Muyinga, Ngozi et Ruyigi, et renforcer à la fois les revenus et le sentiment d’inclusion des personnes qui y vivent. Aller de l'avant plus fort et plus résilient n'est possible que si nous le faisons ensemble, turikumwe ! *Les noms ont été changés pour protéger la vie privée des individus. Par Asa Giertz et Dario Zanardi |