BBC Afrique, 13 mai 2024 "Le Burundi doit résoudre ses problèmes" - le gouvernement rwandais à propos des grenades lancées à Bujumbura Le Rwanda a nié dimanche toute aide à des rebelles burundais accusés par les autorités burundaises de récentes attaques à la grenade, dont l'une, vendredi, a fait 38 blessés à Bujumbura.
Le gouvernement du Rwanda a déclaré qu'"il est clair que le Burundi est aux prises avec d'importants problèmes internes". En effet, le gouvernement de ce pays accuse le Rwanda d'être impliqué dans l'affaire des grenades lancées à Bujumbura, affirmant qu'il n'a "n'a aucun lien ni aucune raison d'être impliqué". C'est ainsi que samedi, un jour après les attaques à la grenade près de l'ancien marché principal de Bujumbura et de Ngaragara qui ont fait 38 blessés, le gouvernement burundais a annoncé que les auteurs avaient été préparés et entraînés au Rwanda. Pierre Nkurikiye, porte-parole du ministère de la sécurité au Burundi, a déclaré aux journalistes qu'avant les attaques de vendredi soir à Bujumbura, il y avait eu deux autres attaques au début de ce mois et à la fin du mois dernier, mais qu'il s'agissait apparemment d'avertissements. Nkuruki, qui se trouve à côté de six hommes, dont cinq ont été arrêtés avant, selon lui, et un a été arrêté après avoir déclenché l'une des bombes qui ont explosé à Ngara vendredi, a déclaré que les attentats de vendredi "n'ont tué personne", mais qu'il y a eu cinq "blessés graves". Il a ajouté : "D'après les enquêtes qui ont été menées, ces gens sont préparés au Rwanda, recrutés et formés au terrorisme par le Rwanda qui les envoie à la RED-Tabara et viennent au Burundi, ils les accueillent, les soutiennent et leur construisent des maisons". Dans un communiqué, le gouvernement rwandais a déclaré qu'il n'y a aucune raison de s'engager dans ces activités. Il déclare : "Bien que le Burundi ait exprimé un différend avec le Rwanda, nous n'avons aucun différend avec le Burundi". Le gouvernement rwandais demande aux autorités burundaises de "résoudre leurs problèmes internes et de ne pas associer le Rwanda à de tels crimes". Ce qu'on sait de l'attaque de vendredi Selon le ministère burundais de l'Intérieur et de la Sécurité publique, la faction armée RED-Tabara (Mouvement de la Résistance pour un Etat de Droit au Burundi) est notamment responsable d'un attentat à la principale gare routière de Bujumbura vendredi soir, qui a fait 38 blessés, "dont cinq graves". "Vers 19H00 dans le centre-ville, un terroriste a jeté une grenade sur une foule qui attendait le bus", a dit à la presse le porte-parole de ce ministère, Pierre Nkurikiye. "Il n'y a pas eu de morts", a-t-il affirmé, mais des sources policières et des témoins ont assuré à l'AFP que cet attentat avait fait au moins 3 morts. "Presque au même moment", près d'une station d'essence du quartier de Ngagara (nord-ouest de Bujumbura), une seconde attaque à la grenade n'a fait qu'un blessé, l'auteur de l'attaque lui-même. Il a été "immédiatement appréhendé", a ajouté le porte-parole. Pierre Nkurikiye a relié ces deux attaques à deux autres perpétrées le 24 avril et le 5 mai. Le 24 avril en effet, une attaque à la grenade a visé "deux transformateurs de courant à Ngagara, dont l'un a été partiellement endommagé, et l'auteur a été appréhendé", a-t-il assuré. Le 5 mai, six personnes ont été blessées, dont l'une mortellement, lorsqu'"un terroriste a lancé une grenade" sur des consommateurs dans un bar du quartier de Kamenge (nord-est de Bujumbura), toujours selon lui. Lors d'un point de presse au siège du Service national de renseignement (SNR) à Bujumbura, M. Nkurikiye a présenté six personnes suspectées dans cette série d'attaques depuis avril. RED-Tabara (Mouvement de la résistance pour un État de droit au Burundi) a "démenti catégoriquement" les accusations dimanche sur X, en "rappelant qu'il ne s'en prend pas à des civils innocents". Les relations souvent tumultueuses Par la suite, le Burundi a accusé le Rwanda d'être impliqué dans l'incident et d'accueillir et de cacher les auteurs recherchés par la justice burundaise. Les deux pays sont actuellement en conflit à propos de la guerre dans la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, où le Burundi a envoyé des troupes pour aider l'armée congolaise à lutter contre le M23, tandis que le Rwanda aiderait le groupe, ce qu'il continue de nier. Les relations entre les deux pays sont souvent tumultueuses et ce n'est pas la première fois que le Burundi porte de telles accusations - et que le Rwanda les dément. Le Burundi accuse régulièrement le Rwanda de soutenir les rebelles, ce que le Rwanda nie. Les deux pays ne sont plus en bons termes depuis 2015, date des émeutes qui ont précédé et suivi la tentative de renversement du gouvernement de l'ancien président Pierre Nkurunziza. La frontière a été rouverte en 2022, puis refermée en janvier dernier par le Burundi, après une attaque rebelle qui a tué 20 personnes, dont des femmes et des enfants, attribuée par les autorités à RED-Tabara. Créé en 2011, le RED-Tabara, avait revendiqué en septembre 2021 une attaque contre l'aéroport de Bujumbura, la capitale économique, théâtre de plusieurs attaques le même mois. Il est le plus actif des mouvements rebelles du Burundi, avec un effectif estimé entre 500 et 800 combattants. |