OMS, 21 novembre 2024 Bujumbura – Le laboratoire biomédical joue un rôle essentiel dans la riposte à toute épidémie. Au Burundi, c’est l’un des piliers de la riposte à l’épidémie de mpox en cours. A la déclaration de l’épidémie le 25 juillet, le pays faisait face à un manque de personnel assez qualifié pour assurer efficacement le pôle laboratoire. Le Burundi est le second pays le plus affecté dans la Région africaine par l’actuelle épidémie de mpox, avec 2003 cas confirmés à la date du 17 novembre.
« Nous ne sommes que deux laborantins et réalisons au minimum dix prélèvements par jour. On nous appellait même en pleine nuit », relate Thierry Nzeyimana, technologiste biomédical à l'hôpital de Kamenge à Bujumbura, le district le plus touché par l'épidémie dans le pays. « L’insuffisance de matériel de triple emballage compliquait la gestion et l'envoi des échantillons au laboratoire national. C'était très dur mais c'est notre vie et celle de nos concitoyens qui sont en jeu. » A la suite de ce constat, les autorités sanitaires ont renforcé le pilier laboratoire avec l’appui de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Ainsi, l’Organisation a fourni des intrants de diagnostic et appuyé dans le déploiement d’un laboratoire mobile pour rapprocher le service de dépistage des populations et assurer une détection précoce des cas. Dans le district de Bujumbura Nord, qui représente à lui seul plus de 40 % de tous les cas signalés et continue de connaître une transmission communautaire active, l’OMS avait anticipé sur une pénurie imminente de kit de dépistage et a fait livrer les intrants en temps opportun. Cette action rapide de l’OMS a joué un rôle crucial dans le ralentissement de la transmission en particulier dans les zones à haut risque telles que le district de Bujumbura Nord et a permis de maintenir la détection ininterrompue des cas de mpox et de garantir la délivrance rapide des résultats de laboratoire. Aussi, plus de 120 techniciens de laboratoire, comme Thierry, ont été formés aux techniques de prélèvement et d'analyse. « La formation m'a permis de mieux gérer les échantillons pendant cette épidémie de mpox et nous avons bénéficié d'équipements essentiels, comme un séquenceur, pour des tests de diagnostic rapide », indique-t-il. Cette formation a mis l’accent sur les techniques de prélèvement et de sécurisation des échantillons. « Le briefing des techniciens de laboratoire a été d’une aide précieuse dans la décentralisation du dépistage au niveau des districts et l’implication du niveau décentralisé dans la gestion de cette épidémie. En effet, actuellement ce sont les techniciens de laboratoire formés qui assurent les prélèvements et les échantillons sont envoyés au niveau du laboratoire national de référence pour analyse », explique le Dr Parfait Shingiro, Chef de service d'information sanitaire et de communication du COUSP Burundi. Le dépistage rapide des cas contribue à la mise en route précoce du traitement permettant de sauver des vies. « La maladie est survenue rapidement, sans maux de tête ni fièvre. Des boutons sont apparus sur mon visage, mes mains et mes pieds. Comme je n’avais pas d’autres symptômes, j’ai attendu deux jours pour voir si les boutons allaient disparaitre d’eux-mêmes, au contraire ils apparaissaient de plus belle. Alors je me suis rendu à l’hôpital du district nord », raconte Egide Bitangimana, 32 ans, commerçant à Bujumbura. « J’ai été prélevé, puis confiné le temps que les résultats soient disponibles. Et lorsque les résultats sont revenus positifs, je n’ai pas eu peur, car je savais que la maladie pouvait être guérie. Je suis resté à l'hôpital deux semaines et le personnel soignant s’est bien occupé de moi jusqu’à ma guérison. » Pour une disponibilité rapide des résultats, l’OMS a mis à disposition du laboratoire national des cartouches GeneXpert, ce qui a permis de réduire le délai qui est passé de 24 heures à 1 heure. Aussi, des espaces d'isolement et des centres spécialisés ont été aménagés où les patients reçoivent des soins médicaux et un appui alimentaire gratuits. Des efforts sont intensifiés pour mettre fin à l’épidémie de mpox au Burundi. Les autorités sanitaires, soutenus par leurs partenaires, mettent en œuvre une stratégie à plusieurs volets qui leur a permis jusqu’à ce jour de n’enregistrer qu’un seul cas de décès. Ce succès est le résultat des actions concertées notamment le renforcement des piliers essentiels de la riposte que sont la prise en charge, la surveillance, la recherche active des cas, la formation des intervenants de première ligne, la communication des risques et l’engagement communautaires, et le diagnostic rapide. « Nous allons continuer à renforcer les capacités des intervenants de première ligne, que ce soient les médecins chefs de districts, les techniciens de laboratoire et les membres des équipes d’intervention rapide », déclare le Dr Issa Diallo, responsable des urgences sanitaires et gestionnaire d’incident pour la mpox au bureau de l’OMS au Burundi. « Leur rôle dans la lutte contre la mpox est essentiel, et la formation les prépare également à faire face à d’autres épidémies. » Avec le renforcement de capacités, les techniciens de laboratoire sont plus que conscients de leur importance dans la stratégie de riposte du pays. « Nous sommes un maillon essentiel dans la chaîne de riposte », reconnait le technicien de laboratoire Thierry Nzeyimana. « Aujourd'hui, grâce à la formation de l’OMS, je suis en mesure de contribuer efficacement à la lutte contre cette épidémie de mpox et je me sens prêt pour faire face à toute autre crise sanitaire à venir. » |