UNICEF, 01 novembre 2024 Avec l’appui de la Mastercard Foundation, l’UNICEF a collaboré avec ces hôpitaux régionaux et des ONGs, pour mettre en place des centres d’isolement Mpox, qui visent à améliorer la prise en charge des patients et à limiter la propagation de la maladie. Il est vers 11h du matin. Au centre de prise en charge du Mpox, installé dans l’enceinte de l’hôpital régional de Gitega, Sœur Bernadette, cheffe du service Mpox, vient d’accueillir une patiente suspectée d’être atteinte de la maladie. Annonciate Nshimirimana, 24 ans, enceinte de 6 mois, a tous les symptômes qui font penser à la variole du singe : de la fièvre, des maux de tête, une fatigue généralisée, et des lésions sur les organes génitaux, entre autres symptômes.
En attendant qu’une équipe d’intervention rapide du Centre d’opération d’urgence en santé publique (COUSP) soit déployée pour faire le prélèvement, Annonciate est directement mis sous traitement, mais elle est internée dans la cellule réservée aux suspects du Mpox. Les patients déjà testés positifs sont hébergés dans une autre tente. Grâce au financement de Mastercard Foundation, l’UNICEF a appuyé la mise en place des centres de prise en charge du Mpox, dans les hôpitaux régionaux de Gitega et de Kayanza en collaboration avec les ONG Safe Inclusion, Fondation Stamm et PPSM. Les patients y reçoivent un paquet de soins holistique, incluant la prise en charge médicale et nutritionnelle, la prévention et l’accompagnement psychosocial tout en garantissant le respect des mesures de prévention et de contrôle de l’infection. "C’est d’abord mon mari qui a été testé positif au Mpox. Après quelques jours, je suis aussi tombée malade, en même temps que l’un de nos 2 enfants. Mon mari est déjà rentré à la maison ; moi aussi je suis guérie. J’espère que notre enfant pourra également sortir bientôt. Je suis reconnaissante envers le personnel soignant qui s’occupe très bien de nous. En plus de la prise en charge médicale, le centre nous offre aussi à manger", confie Chantal Nduwayezu, une maman du Quartier Swahili, au chef-lieu de la province Gitega. Dans la cellule réservée aux hommes, nous y trouvons Chrysostome. Il a été référé au centre de prise en charge du Mpox depuis la prison de Gitega où il est détenu. Il est reconnaissant pour la qualité de la prise en charge. Mais, il attire l’attention sur le fait que les populations n’ont pas toutes les informations nécessaires sur la maladie et qu’il faudrait plus de sensibilisation. ‘’À la radio, on ne donne pas toutes les informations sur les symptômes du Mpox. On se limite à la fièvre, aux maux de tête, a la faiblesse, aux boutons sur le corps, etc. mais on ne dit pas à quel point cette maladie affecte les parties génitales. Une fois que je sortirai d’ici, je serais déterminé à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour me protéger et protéger les autres. ! je ne souhaite à personne de subir ce que j’ai subi’’, dit Chrysostome. Depuis le 14 août 2024, l’hôpital de Gitega a accueilli et traité 129 cas Mpox. Au 29 octobre, 30 cas confirmés étaient encore sous traitement, et une dizaine de cas suspects, étaient en attente d’être testés. ‘’Ce centre de prise en charge du Mpox nous a permis de gérer efficacement le flux de malades et de limiter la propagation de l’infection. Car avant, il était difficile de pouvoir isoler les malades du Mpox des autres malades’’, dit Eric Ndihokubwayo, Médecin Directeur de l’Hôpital régional de Gitega. Il salue aussi le fait que les malades, confirmés et suspects soient nourris sur place et gratuitement. ‘’Cela limite les mouvements des membres de leurs familles voulant apporter de la nourriture’’, ajoute le Dr Eric ; regrettant, néanmoins, que les cas continuent de se multiplier et souhaitant qu’il y ait plus d’investissement dans la sensibilisation. ’’Nous accueillons en moyenne 10 cas suspects par jour, dont 80% reviennent positifs. Nous craignons que notre capacité d’accueil soit bientôt dépassée.’’, a-t-il ajouté. A l’hôpital régional de Kayanza, le centre de prise en charge du Mpox a déjà accueilli et traité 48 cas, dont 31 enfants, depuis l’ouverture du centre, le 17 octobre 2024. Lors de notre passage, le 28 octobre, 21 malades, dont 19 enfants, étaient encore sous traitement. Avec l’appui de l’UNICEF, à travers la fondation Stamm et PPSM, l’Hôpital de Kayanza offre également un paquet de soins holistique, intégrant la prise en charge médicale, nutritionnelle et psychosociale. "J’ai été émue par la rapidité avec laquelle mon enfant a été pris en charge. Il est bien guéri, j’attends qu’il soit déchargé. Je n’ai jamais manqué de quoi nourrir ma fille. Pour nous qui venons des localités éloignées du centre, c’est vraiment un ouf de soulagement", confie Sarah, maman d’un enfant souffrant du Mpox. Néanmoins, les patients, comme le personnel de l’Hôpital, se plaignent de la lenteur des résultats qui prennent plusieurs jours entre le prélèvement et la communication des résultats de dépistage. Ce qui risque d’augmenter les risques de propagation du Mpox parmi les malades, suspects comme confirmés. "En attendant les résultats du laboratoire du COUSP qui tardent souvent à nous parvenir, nous traitons les symptômes. Mais, parfois, des malades peuvent être déchargés avant qu’on ait les résultats ; ce qui augmente le risque de propagation de la maladie en mélangeant, sur une longue période, de vrais cas de Mpox avec de faux cas.", dit Dr Yves Bukeyeneza de l’ONG Fondation Stamm, partenaire de mise en œuvre de l’UNICEF. A Gitega, comme à Kayanza, le souhait le plus cher exprimé par les responsables est que le COUSP puisse décentraliser le dépistage du Mpox ; notamment en déployant le Laboratoire mobile. Cela contribuerait grandement à résoudre le problème des délais prolongés pour obtenir les résultats des prélèvements. Pour le moment, à chaque fois qu’il y’a des cas suspects, les hôpitaux de Gitega et de Kayanza alertent le COUSP qui déploie les équipes d’intervention rapide. En collaboration avec des laborantins formés de ces hôpitaux, ils font le prélèvement des échantillons qui sont acheminés vers le Laboratoire national de référence à l’Institut National de Sante Publique (INSP). Odette Kwizera |