RFI, 02/02/2025 RDC: l’armée burundaise, un «soutien militaire très important» pour le gouvernement congolais Le président du Burundi, Évariste Ndayshimiye, alerte sur le risque d'un embrasement régional du conflit, dans l'est congolais. Dans un discours tenu, vendredi 31 janvier, face à la communauté diplomatique accréditée au Burundi, il a accusé le Rwanda de « préparer quelque chose contre le Burundi », en soulignant que son pays n'allait pas « se laisser faire ».
Le président du Burundi, Évariste Ndayshimiye, estime que ce conflit constitue une menace pour toute la région y compris le Kenya, l'Ouganda ou la Tanzanie. Joint par RFI, Aymar Nyenyezi Bisoka, chercheur, spécialiste des Grands Lacs à l'université de Mons en Belgique considère qu'il faut prendre ces propos au sérieux. « Je pense qu'il faut prendre très au sérieux l'appel du président burundais, dit-il. C'est quelqu'un qui a été au maquis, qui connaît très bien l'est de la RDC, de par l'action militaire de son parti au pouvoir et qui est aussi très impliqué dans tout ce processus, via la RDC. Son message est clair, c'est que c'est un conflit régional qui va opposer différents groupes, d'un côté le Rwanda, l'Ouganda et le Kenya et de l'autre côté, en tout cas, au niveau de l’EAC, un bloc RDC, Burundi et Tanzanie. Et donc, il appelle vraiment à prendre des initiatives fortes pour éviter l'embrasement de la région, surtout qu’il y a quand même de sérieuses implications sécuritaires à la fois pour le Burundi et pour l'Ouganda, sans parler du Rwanda et de la RDC », explique encore Aymar Nyenyezi Bisoka. L'armée burundaise, un partenaire important des FARDC Pour Aymar Nyenyezi Bisoka, les propos du président Burundi Evariste Ndayshimiye sont à prendre d'autant plus au sérieux que l'armée du Burundi - officiellement déployée en RDC, depuis août 2022, pour y traquer divers groupes armés - est un partenaire important pour les FARDC dans le conflit en cours. « L'armée burundaise constitue un soutien militaire très important pour le gouvernement congolais, à la fois important et fiable parce que cette armée est là aussi pour des intérêts sécuritaires du Burundi. » Aymar Nyenyezi Bisoka, chercheur, spécialiste des Grands Lacs à l'Université de Mons, en Belgique. Une partie de l’opposition congolaise s’exprime Alors que le président Félix Tshisekedi a, en début de semaine, appelé à l’unité nationale, ce dimanche 2 février, la responsabilité du chef de l'État et de son gouvernent est mise en cause par une partie de l'opposition. L’opposant Moïse Katumbi, président du parti Ensemble pour la République, dénonce la gestion de cette guerre et le manque de moyens. Dans un message vidéo diffusé sur les réseaux sociaux, Olivier Kamitatu, porte-parole et directeur de cabinet de Moïse Katumbi, rend hommage aux soldats, mal payés, dit-il, qui se battent dans l’est du pays. Il dénonce aussi ce qu’il appelle « l’échec de Goma ». « À maintes reprises, Moïse Katumbi, a tiré la sonnette d'alarme sur la nécessité de prendre soin de nos troupes. Il a dénoncé l'impunité entourant les détournements de fonds qui leur étaient destinés et critiqué l'opacité des marchés de dépenses liés à leur équipement. Il a également dénoncé la présence inacceptable de mercenaires et de groupes génocidaires aux côtés de nos forces armées. Toutes ces alertes ont été accueillies par le mépris et le dénigrement. Mais cet échec de Goma relève surtout d'une gouvernance calamiteuse des affaires de l'État, marquée par l'immoralité, l'inversion des valeurs et la corruption. Les institutions de l'État, censées servir l'intérêt public, ont été perverties et détournées de leur rôle et fonction, afin de servir des intérêts bassement personnels. Comment parler d'efforts financiers à nos concitoyens sans leur expliquer où sont passés les milliards de dollars américains dépensés dans la guerre, alors que nos enfants ont été abandonnés dans les collines du Kivu sans tenue réglementaire et sans rations ? Comment peut-on exiger de notre jeunesse qu'elle s'en enrôle dans une armée sinistrée, alors que depuis 2019 et une promesse fallacieuse d'amélioration, rien n'a été fait ? » Olivier Kamitatu, porte-parole et directeur de Cabinet de Moïse Katumbi |