Deutsche Welle, 17/02/2025 Après Goma, les rebelles du M23 occupent, la ville de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu. L'Union Africaine a mis en garde contre une balkanisation de la RDC. Des milliers de personnes ont fui l'est de la République démocratique du Congo (RDC) vers le Burundi depuis que les combattants du M23, alliés à des troupes rwandaises, ont pris le contrôle de la ville de Bukavu, ont indiqué dimanche (16.02.2025) une source humanitaire et un ministre burundais.
"Depuis vendredi soir, on fait face à un arrivée massive de réfugiés congolais", a déclaré une source au sein d'une ONG située du côté burundais de la frontière. "Il y en plus de 10.000 et d'autres ont continué à arriver aujourd'hui", a ajouté cette source qui a requis l'anonymat. Après s'être emparés fin janvier par une offensive éclair de Goma, capitale du Nord-Kivu, le M23 ("Mouvement du 23 mars") était entré vendredi soir dans les quartiers périphériques de Bukavu, capitale du Sud-Kivu, dont elle a pris le contrôle dimanche. Les réfugiés ont fui la région de Kamanyola au Sud-Kivu par la rivière Ruzisi et se sont réfugiés dans la province burundaise de Cibitoke (nord-ouest), a précisé cette source. Le ministre burundais de l'Intérieur Martin Niteretse a fait état d'arrivée de réfugiés congolais, mais précisé que leur nombre était en cours d'évaluation. L'Union africaine met en garde contre une "balkanisation" de la RDC C'est le commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine, Bankole Adeoye, qui a lancé la mise en garde contre la balkanisation de la RDC. Celui-ci a aussi appelé au retrait immédiat du M23 et de ses alliés de toutes les villes occupées par la rébellion, mais sans citer le Rwanda. Et pourtant, ici, à Kinshasa, le du président Félix Tshisekedi et son gouvernement tiennent à ce que des sanctions dissuasives ciblées contre le Rwanda soient prises par l'UA et les capitales occidentales. Christian Lumu Lukusa préside la ligue des jeunes du parti présidentiel, l'Union pour la démocratie et le progrès social, l'UDPS. "Effectivement, il a décrié la balkanisation dont notre pays est victime, mais aussi, il devrait citer le pays agresseur qui occasionne cette balkanisation. Ici, nous tenons plus aux sanctions contre le pays agresseur et conformément à la charte des Nations unies et celle de l'Union africaine", insiste Lukusa. Toujours sur ce chapitre de réactions, le Royaume-Uni parle d'une violation flagrante de la souveraineté de la RDC et un danger pour la stabilité régionale. Londres appelle en conséquence "à une cessation immédiate des hostilités, au retrait des soldats rwandais du territoire congolais et à un retour au dialogue par le biais de processus de paix conduit par l'Afrique. Il ne peut pas y avoir de solution militaire", a estimé le ministère britannique des affaires étrangères. "Les Rwandais hutus, tutsis et twas doivent se parler, doivent se pardonner" Depuis plus de trente ans, la République démocratique du Congo souffre des guerres à répétition dans l'est du pays. Tout est parti du génocide de 1994 au Rwanda. Un massacre après lequel le régime du président Paul Kagame a poursuivi les génocidaires hutus réfugiés en territoire congolais, justifiant des incursions de l'armée rwandaise en RDC. Pour mettre fin à ce conflit récurrent, le professeur Antoine Lokongo, enseignant à l'université Joseph Kasavubu, appelle à un dialogue entre Rwandais. "La solution au rétablissement de la paix et à l'harmonie socio-politique au Rwanda passe par le dialogue interrwandais. Mais la communauté internationale évite toujours cette solution-là. La communauté internationale doit peser sur le gouvernement rwandais quant à ce. Les Rwandais hutus, tutsis et twas doivent se parler, doivent se pardonner", a soutenu Lokongo. Alors que les troupes rebelles contrôlent désormais les capitales provinciales du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, les chefs d'État de la SADEC et de l'EAC, réunis à Dar es Salaam en Tanzanie, ont exigé un cessez-le-feu immédiat et sans conditions. Et leurs états-majors sont appelés à proposer un plan d'application de ce cessez-le-feu. |