Deutsche Welle, 21 février 2025 Depuis la prise de Goma par le M23, 42 000 Congolais ont fui vers le Burundi, selon l'ONU. Une crise humanitaire qui met à rude épreuve l'accueil des réfugiés à Bujumbura. Les combats constants entre le M23, un groupe rebelle majoritairement tutsi, et les forces armées de la RDC, mais aussi d'autres groupes armés, créent un climat d'insécurité insupportable, avec des villages souvent attaqués, pillés et détruits.Image : Evrard Ngendakumana/Reuters
Face aux violences persistantes dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), de nombreux Congolais fuient vers le Burundi. Certains demandent l’asile pour régulariser leur séjour, tandis que d’autres, qualifiés de "réfugiés urbains", préfèrent se loger de manière autonome, en louant des maisons, en séjournant dans des hôtels ou en trouvant refuge dans des familles d’accueil. Une situation qui ne satisfait pas le gouvernement burundais, soucieux d’un meilleur encadrement des réfugiés. À Buterere, des familles solidaires Dans le quartier de Buterere, au nord de Bujumbura, l’un des plus densément peuplés de la capitale économique burundaise, Marthe, surnommée "Mamy", tente de se reconstruire. Veuve et mère de famille, cette femme de 42 ans a fui Bukavu avec ses enfants il y a une semaine. Elle est hébergée dans une famille burundaise, mais son traumatisme reste vif. "Nous sommes de Bukavu, nous avons fui l’insécurité, la guerre, beaucoup de crépitements d’armes. J’avais neuf enfants, mais nous nous sommes séparés en chemin. Je ne suis arrivée qu’avec six d’entre eux. Nous n’avons pas d’argent, nous avons tout laissé derrière nous", confie-t-elle, visiblement éprouvée. Sans documents légaux, Mamy et ses enfants vivent dans l’angoisse. Pour éviter les contrôles de la police, ils ont passé la nuit précédente dans une salle de prière. Des barrières linguistiques Sarah Kumi, enseignante et cheffe de la famille d’accueil, fait de son mieux pour aider Mamy et ses enfants, malgré les difficultés de communication. Francophone et parlant le lingala, elle ne maîtrise pas le swahili, seule langue que comprend Mamy. "Heureusement, ma sœur parle français, kirundi et swahili. Grâce à elle, nous arrivons à échanger. Mais lorsqu’elle n’est pas là, c’est plus compliqué. Mamy essaie d’expliquer avec des gestes, et je tente de deviner ce qu’elle veut dire", raconte Sarah. Dans cette petite maison, la cohabitation est difficile. Mamy et ses enfants dorment entassés dans un salon de trois mètres carrés et ont à peine de quoi se nourrir. Une demande d’asile comme seule issue Face à ces conditions précaires, Mamy n’a qu’une option : demander officiellement l’asile afin de régulariser sa situation et être transférée dans un camp de réfugiés. La question des réfugiés urbains reste un défi pour les autorités burundaises, qui prônent leur regroupement dans des camps pour mieux les encadrer. Mais pour des personnes comme Mamy, quitter une famille d’accueil pour un camp de réfugiés représente une nouvelle épreuve, entre incertitude et espoir d’un avenir plus stable. "Nous n’avons pas d’argent, nous sommes fatigués. Cette mère qui nous héberge nous aide, mais elle commence à dire qu’elle n’a plus de moyens. Nous avons faim, nous avons besoin d’aide, de nourriture et d’un logement », confie Mamy, les yeux remplis d’inquiétude." Comme elle, de nombreux réfugiés congolais affluent à Bujumbura, espérant trouver un refuge temporaire. Cependant, l’aide humanitaire peine à suivre cette hausse continue des arrivées. Les organisations locales et internationales font face à un manque de ressources pour répondre aux besoins croissants en nourriture, hébergement et assistance médicale. Antéditeste Niragira |