RFI, 26/02/2025 RDC : le mouvement AFC/M23 progresse vers le sud et menace la province du Tanganyika Mardi 25 février, Corneille Nangaa, coordonnateur de l’AFC/M23, mouvement politico-militaire soutenu par Kigali, est arrivé à Bukavu, capitale du Sud-Kivu, dix jours après que son groupe a pris le contrôle de la ville. Cette avancée marque une nouvelle étape dans la progression de l’AFC/M23, qui sembler continuer sa route vers le sud.
Depuis la fin janvier, l’AFC/M23, appuyé par l’armée rwandaise, a gagné du terrain en traversant le Sud-Kivu. Le groupe s’est d’abord emparé de Minova, un important carrefour commercial au nord de la province, avant de parcourir 150 kilomètres en un mois, atteignant Bukavu. Ni les frappes de l’aviation congolaise ni les renforts burundais n’ont permis de freiner cette progression. L’AFC/M23 a pris le contrôle de la zone autour de Kamanyola, située à 45 kilomètres au sud de Bukavu. Cette localité abrite un site militaire important des FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo), que le groupe a réussi à capturer. À seulement 40 kilomètres d’Uvira, l’AFC/M23 se rapproche de la deuxième ville du Sud-Kivu, suivant un corridor qui pourrait lui ouvrir la voie vers le Tanganyika. Uvira sous tension Alors que le mouvement politico-militaire progresse, la situation à Uvira a été marquée la semaine dernière par des troubles. Des pillages ont été signalés, menés par des milices locales et certains militaires congolais. Cette insécurité a provoqué un exode massif : des habitants fuient vers le Burundi et la Tanzanie, tandis que d’autres prennent la route de Kalemie, capitale de la province du Tanganyika, qui pourrait être le prochain objectif du groupe armé. Depuis, les autorités tentent de reprendre la main. Jean-Jacques Purusi, gouverneur du Sud-Kivu, a d’ailleurs été reçu mercredi à Kinshasa par Félix Tshisekedi. Il a indiqué avoir reçu des instructions du chef de l’État congolais pour administrer la province à partir justement de la ville d’Uvira. Le Burundi maintient sa présence pour stopper l’AFC/M23 Dans l'est de la RDC, les troupes burundaises poursuivent leur déploiement, malgré certaines rumeurs de retrait. Envoyées en appui aux FARDC pour freiner l’AFC/M23, elles sont toujours signalées sur plusieurs axes, selon de nombreux témoignages. Les forces burundaises sont présentes sur la Route Nationale n°5, notamment sur l’axe Luvungi-Uvira, à seulement 10 kilomètres des positions de l’AFC/M23, selon des témoins. Certaines unités seraient revenues de Bukavu, tombée aux mains du groupe armé le 14 février, tandis que d’autres ont été déployées directement depuis le Burundi. Leur effectif exact reste inconnu à ce stade, mais l’objectif est clair : éviter qu’Uvira, ville située sur les rives du lac Tanganyika, ne tombe aux mains des combattants de l’AFC/M23, renseigne une source militaire. À Bujumbura, cette avancée est suivie de près. Le Burundi craint de voir l’AFC/M23, soutenu par le Rwanda, s’installer aux portes de sa capitale économique. Les relations entre le président burundais Évariste Ndayishimiye et son homologue rwandais Paul Kagame se sont fortement tendues ces derniers mois, et le président burundais accuse ouvertement son voisin rwandais de vouloir déstabiliser son pays. Si Uvira venait à tomber, cela ouvrirait un couloir vers le Tanganyika Pourquoi la province du Tanganyika est-elle cruciale? Elle fait partie de l’espace Katanga, le moteur économique de la RDC. Riche en ressources minières essentielles (cassitérite, or, coltan, émeraudes, argent, cuivre, nickel), elle ouvre aussi la voie au reste des provinces de l’ex-Katanga, toutes aussi riches en minerais. Conscient de ces enjeux, le nouveau chef d’état-major des FARDC, lieutenant-général Banza Mwilambwe, a choisi Kalemie pour sa première mission de terrain depuis sa nomination en décembre 2024. Son message est clair : maintenir la discipline dans les rangs, protéger les populations et empêcher l’AFC/M23 d’atteindre cette province stratégique. |