Croix-Rouge, 13 mars 2025

L’intensification du conflit à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) a contraint des milliers de Congolais à fuir leur pays. Depuis mi-février 2025, plus de 60 000 personnes, principalement des femmes et des enfants, ont trouvé refuge au Burundi, dans la province de Cibitoke. Cet afflux massif nécessite une aide humanitaire urgente, afin de répondre aux besoins vitaux et d’enrayer les risques sanitaires majeurs.

“Nous avons tout laissé derrière nous”

Sur le site de Cibitoke qui accueille les réfugiés congolais, Daniel, leur représentant, raconte leur quotidien difficile : "Nous avons tout laissé derrière nous en quittant le Congo. Ici, nous manquons de tout. L’accès aux soins est limité. Nous souffrons de la faim. Nous n’avons pas assez de bâches pour nous abriter. Les femmes et les enfants manquent de vêtements. Nous avons aussi des personnes handicapées qui nécessitent une prise en charge spécifique."

Face à cette situation alarmante, Issoumaïla, chef de délégation de la Croix-Rouge française au Burundi, témoigne de l'ampleur de la crise : "Les besoins sont à tous les niveaux : eau potable, abris d’urgence, nourriture, kits d’hygiène, services médicaux, latrines et douches, soutien psychosocial..."

Si les autorités burundaises et les partenaires humanitaires se sont rapidement mobilisés, l’aide reste insuffisante. "Nous avons reçu de l’aide de la Croix-Rouge et du CICR, et nous leur en sommes reconnaissants. Mais cela ne suffit pas à répondre à l’urgence de notre situation", souligne Daniel.

Dès l’arrivée des premiers réfugiés, les volontaires de la Croix-Rouge du Burundi ont distribué des biens de première nécessité, de la nourriture et prodigué des soins d’urgence. Une équipe de 484 volontaires apporte chaque jour son aide : accueil des réfugiés, désinfection des sites, sensibilisation aux épidémies, soins médicaux, soutien psychosocial et protection des liens familiaux.

La situation est d’autant plus préoccupante qu’elle se déroule dans un contexte sanitaire fragile. “La situation des réfugiés congolais nécessite une attention particulière et une réponse rapide pour éviter une détérioration de leurs conditions de vie dans un contexte de lutte contre les épidémies”, poursuit Issoumaïla. 

“Les maladies chroniques nous guettent”

La province de Cibitoke, située dans la "ceinture choléra", fait face à une autre menace épidémique sérieuse, l’épidémie de MPOX qui sévit dans la région. Il est donc urgent d’agir pour limiter les risques sanitaires et une propagation de la maladie.

Avec le soutien financier du Centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE), nous intervenons aux côtés de la Croix-Rouge du Burundi pour apporter une aide d’urgence à 300 ménages, soit environ 1 800 personnes. L’objectif est de répondre aux besoins immédiats en matière d’eau, d’hygiène et d’assainissement. Des kits hygiène seront distribués aux familles déplacées ainsi qu’à deux centres de santé.

En parallèle, il faut reconstituer les stocks d’urgence de la Croix-Rouge du Burundi, avec l’achat de seaux, bidons et savons, afin de se préparer à l’arrivée de nouveaux déplacés. La Croix-Rouge assure également l’approvisionnement en eau sur les sites d’accueil et soutient ses volontaires pour garantir une réponse rapide et efficace.

La Croix-Rouge française, comme d’autres Sociétés Croix-Rouge et Croissant-Rouge, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la Fédération internationale (IFRC) sont fortement mobilisés dans cette opération d’urgence. La situation est critique. Daniel lance un dernier appel : “Notre communauté traverse une crise majeure, nous avons besoin de tout le soutien possible pour survivre”.