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La Libre Belgique, 03-10-2025 Au Burundi, des milliers d'enfants grandissent dans l'obscurité Dans toute l'Afrique subsaharienne, on constate que les enfants atteints de cataracte sont opérés beaucoup trop tard ou pas du tout. Imaginez que votre enfant naisse aveugle à cause d'une affection qui pourrait être corrigée par une simple opération, mais que cette opération n'ait jamais lieu. Pour des milliers d'enfants au Burundi, ce n'est pas un scénario hypothétique, mais une réalité quotidienne.
Chaque année, environ 264 enfants naissent avec une cataracte congénitale, une maladie oculaire qui altère ou supprime la vue dès la naissance. Selon l'International Agency for the Prevention of Blindness (IAPB), il s'agit de l'une des causes les plus fréquentes de cécité chez les enfants. Sans intervention, ces enfants perdent toutes leurs chances : aller à l'école, jouer, apprendre un métier, construire un avenir.
Un pays sous pression Le Burundi fait partie des pays les plus pauvres du monde. Plus de 60 % de la population vit avec moins de 2,15 dollars par jour. Les soins de santé sont extrêmement limités, avec à peine 24 dollars par habitant et par an. Pour des parents qui doivent choisir chaque jour entre se nourrir ou acheter des médicaments, une opération pour leur enfant est souvent inabordable. À cela s'ajoutent la croissance démographique, les migrations et les conflits dans la région. Des dizaines de milliers de réfugiés et de déplacés internes pèsent sur un système de santé déjà fragile. Le Burundi ne compte qu'une vingtaine d'ophtalmologistes pour plus de 13 millions d'habitants, dont seulement huit sont spécialisés en chirurgie. En dehors de la capitale Bujumbura, l'accès à des soins spécialisés est presque inexistant. Lorsque la presse internationale parle de la région, c'est souvent du Rwanda ou du Congo. Le Burundi reste dans l'ombre de ses voisins, alors que les besoins y sont au moins aussi grands. Pour les enfants nés aveugles, cela représente une injustice supplémentaire : leur histoire reste trop souvent invisible. Le Burundi n'est pas une exception. Dans toute l'Afrique subsaharienne, on constate que les enfants atteints de cataracte sont opérés beaucoup trop tard ou pas du tout. La pauvreté, le manque de médecins spécialisés et l'infrastructure limitée alimentent un cercle vicieux de cécité et d'exclusion. Des organisations comme Light for the World veulent activement soutenir les efforts des gouvernements et des partenaires locaux pour améliorer l'accès aux soins oculaires. L'accent est mis en particulier sur les enfants et les femmes. Cela se fait toujours via des partenaires locaux, avec l'ambition de favoriser un changement durable. Ne laissons pas ces enfants de côté Aujourd'hui, l'appel à réduire les budgets de la coopération au développement se fait entendre dans le monde entier. La Belgique s'apprête également à annoncer de nouvelles coupes budgétaires. Ces réductions signifieraient que les enfants qui disposent déjà de si peu de chances n'auraient demain toujours aucun accès à un traitement, ni à l'espoir d'un avenir meilleur. Réduire les dépenses sur le dos des enfants les plus vulnérables, qui pourraient retrouver la vue et leur avenir grâce à une simple opération, est un choix moralement indéfendable. Investir dans la coopération au développement, c'est investir dans la vue et l'avenir des enfants. Contribution externe Une opinion d'Erwin Telemans, CEO de Light for the World (*) ⇒ (*) Light for the World est une ONG belge qui collabore avec des partenaires locaux au Congo, au Rwanda, en Tanzanie et au Burundi pour combattre la cécité évitable et donner aux enfants en situation de handicap visuel l'accès à l'éducation. Les textes qui paraissent dans la rubrique Débats sont des contributions externes, qui n'engagent pas la rédaction.
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