Burundi : à Cibitoke, l'eau polluée source de choléra
Les centres de traitements débordés au départ tentent de contenir la propagation de l’épidémie. Mais l’insuffisance des bornes-fontaines pourrait conduire à une hausse des cas.
Tous les jours, Marc 22 ans, se rend dans les rivières et marais de Cibitoke pour recueillir de l’eau. Ici le précieux liquide pollué sert à la fois pour la lessive et la cuisson de repas.
Dans cette localité à 70 kilomètres à l’ouest de Bujumbura au Burundi, le manque d’eau potable est un réel défi de société. Conséquence, les cas de choléra sont légion.
Marianne Niyonkuru, mère de deux enfants vient juste de sortir de l'hôpital. Elle souffrait du choléra après avoir bu de l’eau impropre à la consommation.
"Nous puisons de l’eau dans la rivière Nyakagunda. Une eau qui nous sert pour la lessive et à la douche. Nous en buvons parce que nous n’avons pas de robinets."
Robinets à sec
Car à Cibitoke, les robinets sont à sec, pas une seule goutte d’eau depuis plusieurs semaines. La seule borne-fontaine de la localité ne désemplit pas : elle accueille des centaines de personnes jours et nuits. L’accès à l’eau est devenu un vrai casse-tête, un véritable parcours de combattant. Les populations doivent parcourir plusieurs kilomètres pour s’approvisionner en eau potable.
Difficile aussi d’avoir accès aux centres de traitement de choléra. D'après nos informations, ils sont bondés de cas positifs de la maladie.
Aux côtés du ministère de la Santé publique, plusieurs organisations comme Médecins sans frontières Belgique contribuent à l'éradication du choléra. MSF procède, entre autres moyens, par la sensibilisation dans les écoles,via les associations locales autour de la promotion de la santé, des moyens de contamination et de prévention du choléra.
Dr. Adélaïde Ouabo, Coordinatrice-Pays de Médecins Sans Frontières au Burundi, explique qu'"on fait aussi tout ce qui concerne l’hygiène, la prévention, le contrôle des infections, on fait aussi l’approvisionnement en eau. MSF a mis en place quatre points de réhydratation orale au niveau de la communauté, là où il y a vraiment des zones chaudes où il y avait plus de cas de choléra. Ces points consistent à donner des solutions de réhydratation orale aux patients pour limiter justement l’engorgement au niveau des centres de traitement de choléra".
Manque d'infrastructures
Cette région agricole très productive et riche en ressources minières connaît un afflux de la population des montagnes. Les infrastructures ne sont donc pas toujours au rendez-vous pour faire face à cet exode dans cette région semi-urbaine. Ce qui explique par exemple l’insuffisance de l’eau potable dans certaines localités à l’ouest de Bujumbura. L’approvisionnement en eau potable devrait suivre, selon les autorités locales.
Le constat fait état d'une flambée maîtrisée des cas de choléra, selon les partenaires engagés dans la lutte. D'après les dernières données du ministère de la Santé publique du Burundi, plus de 1. 600 cas ont été enregistrés. Une centaine de cas restent actifs et six décès ont été enregistrés depuis le mois de janvier de cette année.
Antéditeste Niragira
Correspondant multimédia à Bujumbura au Burundi pour le programme francophone de la Deutsche Welle