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@rib News, 19/10/2025 Paul Mirerekano : l’ombre derrière la lumière de l’indépendance du Burundi ou le silence brisé d’un héros oublié ? Par JP Mbona, 19 octobre 2025 La plupart d’entre nous, surtout les jeunes générations, restons focalisés sur Neva et son équipe, avec un peu d’effort sur l’avènement du parti au pouvoir depuis 2005, en oubliant complètement que le baobab burundais actuel plonge ses racines dans un sol arrosé de fleuve de sang non encore tari. Mais aussi des jardins verts arrosés par des héros tus, un héroïsme gardé sous boisseau. Il est donc important que les jeunes générations soient informées afin de nourrir leurs jugements et engagement pour un Burundi prospère.
À l’aube des années 1960, le Burundi est en pleine effervescence : le colonialisme belge vacille, les voix et aspirations à l’indépendance s’élèvent, et une vielle nation et un pays qui se ragaillardit cherche ses héros. Alors que le roi Mwambutsa IV fait profil bas, sa cour est engluée dans des luttes intestines de clans se positionne sur l’échiquier de la mangeoire post indépendance. Sur ce fond de ruines et de déclin d’un royaume multiséculaire, parmi ceux dont le nom demeure vivant et vivace dans la mémoire collective, celui du Prince Louis Rwagasore est central : martyr, figure emblématique, lumière du nationalisme. Mais à ses côtés, plutôt dans son ombre portée et comme oublié par un hasard calculé de l’histoire burundaise, s’affirme debout comme un ficus une autre figure : Paul Mirerekano. À la fois connu et ignoré.
Agronome, homme politique dit nationaliste, défenseur des droits civils du Burundais moyen (nyarucari) bâtisseur de coopératives et d’exploitations maraîchères dans son Bugarama natal, il semble ainsi avoir joué un rôle clé dans la formation du mouvement indépendantiste du Burundi. Pourtant, dès après son assassinat le 19 octobre 1965, soit 4 ans seulement après celui de son ami le prince Louis Rwagasore, son image devient controversée, partagée entre ceux qui le considèrent comme un héros oublié et ceux qui l’accusent de je ne sais quoi ou minimisent sa contribution. En ce 19 octobre 2025, contrairement à l’imagination audacieuse que le Prince serait nonagénaire s’il n’avait pas été fauché, l’autre agronome et néanmoins son ami et co-fondateur de l’UPRONA serait plus que centenaire (104 ans !), ce qui serait un exploit possible dans le Burundi d’alors. L’occasion faisant le larron, laissons l’esprit vagabonder et rêver pour honorer ce héros oublié, alors que notre intelligence objective s’emploie à examiner la vie et l’œuvre de Paul Mirerekano pour répondre à la question suivante : est‐il vraiment « l’ombre derrière la lumière de l’indépendance », sacrifié et laissé dans l’oubli ? Ou bien est-il un héros dont la mémoire mérite d’être redressée ? Son parcours, sa relation avec l’UPRONA et Rwagasore, son arrestation et son assassinat, les raisons de son relatif oubli et les signes de sa réhabilitation, autant de zones d’élucidation qui méritent le détour ; peut-être même en retiendrions-nous des leçons pour aujourd’hui ? Lire l'intégralité de l'Analyse
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