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@rib News, 21/10/2025 Lettre d’un jeune Burundais de 32 ans en octobre 2025 à Son Excellence le Président Melchior Ndadaye JP Mbona, 21 octobre 2025 À vous, Excellence Président Melchior Ndadaye, A vos camarades de lutte encore vivants ou déjà partis vous rejoindre dans la maison finale commune, vous qui audacieusement avez bravé les entraves du temps, osé renverser la logique des dominations multiséculaires ; aux fidèles gardiens de la mémoire et aux jeunes porteurs d’espoir, En ce jour solennel du 21 octobre 2025, trente-deux années après votre assassinat ignoble qui plongea notre pays dans la nuit noire de feu et de sang engourdie, je veux d’abord vous rendre un vibrant hommage. Je m’efforce à vous imaginer, du moins votre esprit, quelque part dans l’immensité galactique, mais toujours connecté sur ce point qu’est la planète terre, elle-même un minuscule point du vaste système solaire, lui-même une ridicule et minuscule zone de l’incommensurable et insondable univers des galaxies, des amas et des amas de galaxies … Permettez-moi donc d’user de je ne sais quelle nouvelle technologie quantique pour m’adresser à vous.
Transformant votre jeunesse fauchée et votre avenir hypothéqué en une vision révolutionnaire victorieuse, vous avez rêvé et accompli votre rêve, celui d’un Burundi nouveau, Uburundi Bushasha ! Vous avez été ce souffle de renouveau, longtemps après des décennies de courbatures urazirikanye-koma-inkoro-hasi-shinga-icumu-mu-kirenge-gomererwako-zana-amagi-zana-amasoro-angazwa-nyagwa… voire des siècles de soumission, de domination, d’asservissement de la majorité écrasante des Burundais. D’abord sous la monarchie multiséculaires et ses affres de sujétions féodales exploitation des êtres sujets, ensuite sous la colonisation chosification de l’être muntu indomptables, et enfin sous des régimes faussement républicains postindépendance règne de l’exclusion de l’autre, où le pouvoir se confondait trop souvent sinon toujours avec « l’origine ethnique ou régionale », le tout sous une vision hégémonique de l’ordre. Vous, avec vos frères et sœurs de lutte, vous avez secoué ces lourdes chaînes visibles et invisibles ; vous avez voulu et votre victoire du 3 juin 1993 a obtenu que le Burundi cesse d’être un terrain et un cycle perpétuel de domination ; mais vous avez opté pour que le pays de Fumbije Ryangombe et Ntare Rugamba redevienne une Maison commune, la nôtre à tous, où chaque Burundais, quelle que soit son origine et sa condition physique, puisse habiter et résider dignement avec sa part de liberté retrouvée. Oui ! En évoquant ton ignoble assassinat, je veux aujourd’hui penser aussi aux centaines de milliers de victimes du génocide de 1972, appelé pompeusement ou par fausse pudeur « Ikiza », qui demeure une plaie ouverte dans notre conscience collective et que le pouvoir qui a succédé au tien vient de tenter de faire reconnaitre à la face du monde dans la maison de verres à New York. A l’étranger fait de murs et de surdité ! Un murs de lamentation restés ostensiblement insensibles à nos supplications après votre sauvage assassinat comme en le rapport Whitaker d’après 1972. Octobre 1993 me rappelle toujours qu’en ces mois d’avril à juillet 1972, l’armée à dominance tutsie, soi-disant en réponse à une nébuleuse insurrection hutu, entreprit une répression d’une violence extrême et inouïe contre les Hutu du Burundi : intellectuels, enseignants, élèves et étudiants, fonctionnaires et simples citoyens furent raflés et enterrés dans des fausses communes, non pour ce qu’ils avaient commis comme tort, mais pour ce qu’ils étaient : des Hutu. On a estimé que plus 300 000 Hutu furent tués, des milliers d’autres envoyés sur les routes de l’exil, des élites effacées à jamais de la surface de la terre burundaise. Ce massacre génocidaire, longtemps tu, longtemps nié, longtemps occulté, révèle, tout comme le douloureux moment de votre assassinat et ce qui s’ensuivit, à quel point les racines de la peur, de la haine, de la discrimination sont profondes dans notre histoire et restent mortifères tant qu’elles sont entretenues et arrosées du liquide venimeux de l’asservissement d’une partie de la population par une autre. Il montre aussi que la vie de millions d’entre nous, la vôtre incluse, aurait sans doute été bien autre chose si la logique de domination avait été rompue bien plus tôt. Lire l'intégralité de la Lettre
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