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RFI, 29/10/2025 La France veut aller plus loin dans son engagement pour la paix dans la région des Grands Lacs. Elle organise ce jeudi 30 octobre, à Paris, une conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans la région. Premier objectif : mobiliser la communauté internationale face à l’urgence humanitaire à l’est de la RDC et dans les pays voisins. Mais quelle est la plus-value de cette conférence, alors que des médiations sont déjà en cours à Washington et à Doha ?
Cette conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs, organisée ce jeudi 30 octobre à Paris s’inscrit dans la continuité de l’action diplomatique française. Il y a d’abord eu, en septembre 2022, la rencontre entre Emmanuel Macron, Paul Kagame et Félix Tshisekedi à New York. Puis la résolution 2773, portée par la France, qui avait conduit le Conseil de sécurité à condamner l’avancée du M23 et à désigner la responsabilité du Rwanda. Il faut déjà dire qu’aucun des processus en cours ne met vraiment en avant la composante humanitaire. Et pourtant, on parle ici d’une des crises les moins financées au monde. Au 15 octobre 2025, seulement 16% du plan de réponse humanitaire, évalué à 2,5 milliards de dollars, sont couverts. Les organisateurs veulent donc lever des fonds pour relever ce niveau de financement. Environ cinquante pays et organisations internationales sont attendus à Paris. Toute la région des Grands Lacs concernée Autre point important : il ne s’agit pas seulement de la crise humanitaire en RDC, mais bien de toute la région des Grands Lacs. Un deuxième segment, plus économique, est aussi prévu pendant cette conférence. Il ira au-delà des aspects humanitaires, avec un traitement des causes dites « profondes » à travers l’intégration économique régionale. L’idée, c’est de ne pas se limiter aux opportunités minières, mais de regarder plus large et d’intégrer, en plus de la RDC et du Rwanda, les autres pays de la sous-région dans des projets et investissements communs. Reste à savoir comment tout cela va s’organiser. On rappelle que Kinshasa a refusé de signer l’accord sur le cadre économique régional à Washington tant que la question sécuritaire ne sera pas résolue. Et justement, Paris veut profiter de cette conférence pour organiser une séquence sécuritaire, au niveau ministériel, afin de donner un coup de pouce aux processus de paix pilotés par Washington et Doha. Tshisekedi, Gnassingbé, Boulos et Kallas attendus, Kagame absent L’Élysée confirme la présence du président Félix Tshisekedi, en tant que chef de l’État du pays le plus affecté par la crise. Le président togolais Faure Gnassingbé sera aussi là, en sa qualité de médiateur de l’Union africaine. Le Qatar sera représenté par son ministre d’État, Mohammed bin Abdulaziz Al-Khulaifi, chargé des médiations, de la résolution des conflits et du soutien au rôle du Qatar dans le règlement pacifique des différends. Du côté américain, Massad Boulos, conseiller principal pour l’Afrique au département d’État, fera le déplacement. Et pour l’Union européenne, c’est Kaja Kallas, haute représentante pour les affaires étrangères et vice-présidente de la Commission européenne, qui participera. Il n’y aura donc ni poignée de main ni photo de famille entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame : le président rwandais ne sera pas présent. Même chose pour Évariste Ndayishimiye du Burundi et Yoweri Museveni de l’Ouganda. En revanche, les cofacilitateurs nommés par l’Union africaine, eux, sont attendus.
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