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Deutsche Welle, 29 octobre 2025 Les Tanzaniens sont aux urnes pour des élections générales. Voici cinq choses à connaître sur la plus grande nation d’Afrique de l’Est qui vote ce mercredi (29.10.2025). Les élections présidentielle et législatives ont lieu aujourd’hui en Tanzanie. Pour la présidentielle, le pays utilise un système de scrutin majoritaire à un tour, où le président et le vice-président sont conjointement élus à la majorité simple. Le mandat dure cinq ans, renouvelable une seule fois.
L’élection de ce 29 octobre 2025 a une dimension particulière : la présidente Samia Suluhu Hassan, arrivée au pouvoir en 2021 à la suite du décès de John Magufuli, brigue pour la première fois les suffrages. Première femme à diriger le pays, elle était jusque-là vice-présidente. Un État unifié mais des réalités distinctes Depuis 1964, le continent et l’île semi-autonome de Zanzibar forment la République unie de Tanzanie, malgré de fortes différences : démographiques, historiques, religieuses et économiques. Zanzibar représente 1,9 million d’habitants sur les 68 millions de Tanzaniens, avec 98 % de musulmans contre environ 63 % de chrétiens dans l’ensemble du pays. Sur les 264 députés élus au suffrage direct, 214 représentent le continent et 50 Zanzibar. À cela s’ajoutent 113 sièges réservés aux femmes, désignées indirectement par les partis. Dix-sept candidats sont officiellement enregistrés. Mais Samia Hassan, du parti au pouvoir Chama Cha Mapinduzi (CCM), est la seule figure ayant une véritable envergure nationale. Les deux principaux partis d’opposition - Chadema et ACT-Wazalendo - boycottent l’élection, et plusieurs de leurs leaders ont été interdits de candidature. Les défis au cœur des préoccupations des électeurs Malgré d’importantes avancées en matière d’infrastructures - routes, énergie, rail, internet - les inégalités demeurent profondes entre zones rurales et villes en plein essor. Accès à l’eau potable, électricité, éducation et emploi : ces sujets dominent les débats. Beaucoup reprochent au CCM, au pouvoir depuis près de 60 ans, de ne pas avoir tenu ses promesses. Avec une croissance démographique fulgurante, la Tanzanie est désormais le pays le plus peuplé d’Afrique de l’Est. Les jeunes, plus connectés et exigeants, font entendre leur voix. Mais l’apathie électorale gagne du terrain, nourrie par la répression des dissidents. Au pouvoir depuis l’indépendance en 1961, le CCM se revendique l’héritier du père de la nation Julius Nyerere. Entre 1977 et 1992, la Tanzanie vivait sous un régime à parti unique, avant l’ouverture politique. Chadema avait enregistré son meilleur score en 2015 avec 40 % des voix, avant de retomber à 13 % en 2020, dénonçant des irrégularités. Un climat politique de plus en plus répressif La présidente Samia Hassan avait été saluée à son arrivée pour avoir assoupli la répression héritée de Magufuli et pour avoir réautorisé les rassemblements de l’opposition en 2023. Mais les critiques s’accumulent aujourd’hui face à une vague de violences politiques. Le chef de Chadema, Tundu Lissu, est poursuivi pour trahison. Humphrey Hesron Polepole, ancien ambassadeur et critique du gouvernement, a disparu en octobre. Un responsable de Chadema, Ali Mohamed Kibao, a été enlevé en septembre 2024 puis retrouvé mort. Human Rights Watch alerte sur une "répression croissante" menaçant le scrutin, tandis qu’Amnesty International dénonce des "violations systémiques des droits humains", dont des disparitions forcées, des actes de torture et des exécutions extrajudiciaires visant militants et opposants. Cai Nebe | Kossivi Tiassou
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