@rib News, 28/10/2008 – D'après AFP et Associated Press Le commandant des Casques bleus de l'ONU en République démocratique du Congo (RDC, Congo-Kinshasa), le général espagnol Vicente Diaz de Villegas, a démissionné lundi. Le général Ishmeel Ben Quartey, du Ghana, a été désigné pour le remplacer provisoirement dans l'attente de la nomination d'un successeur, selon Sylvie van den Wildenberg, porte-parole de la Mission des Nations unies au Congo (MONUC).
Le général espagnol Vicente Diaz de Villegas avait pris la tête de la MONUC, la plus importante mission onusienne de maintien de la paix avec plus de 17.000 hommes, il y a deux mois à peine, en septembre. "Le général a effectivement remis sa lettre de démission. C'est une grande surprise pour tout le monde", a déclaré le porte-parole de la MONUC, Michel Bonnardeaux, cité par "La Croix", qui annonce la démission dans son édition de mardi. Les raisons du départ prématuré du général n'ont pas été précisées. Deux sources onusienne et diplomatique à Kinshasa parlant au journal sous le couvert de l'anonymat ont suggéré que le chef de la MONUC pourrait s'être "senti bridé en termes de moyens et de règles d'engagement" ou avoir "donné des ordres qui n'ont pas été exécutés par certains contingents, sous pression de leurs autorités nationales". De même source, on indique que le général Diaz estime que la MONUC n'a pas les moyens de faire face à sa tâche, alors qu'elle est confrontée à une nette détérioration de la situation dans l'est de la RDC. Le 3 octobre, le représentant spécial de l'ONU en RDC, Alan Doss, avait émis le même avis, demandant des moyens et des troupes supplémentaires pour la MONUC, lors d'une déposition devant le Conseil de sécurité. Avec plus de 17.000 soldats, la MONUC est la plus importante force de maintien de la paix de l'ONU, mais elle doit aider les forces gouvernementales à faire régner l'ordre dans une région immense et instable depuis des années, aux confins du Rwanda, de l'Ouganda, du Soudan et même de la République centrafricaine. Près de 20.000 civils ont fui lundi les combats entre le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) du chef rebelle tutsi congolais Laurent Nkunda et l'armée dans l'est du pays, en direction de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu. Depuis la reprise des combats, le 28 août, en violation d'un accord de paix signé à Goma en janvier, les affrontements entre le CNDP et les FARDC (troupes gouvernementales) dans le Nord-Kivu ont poussé quelque 200.000 personnes de plus à fuir leurs maisons, avait affirmé vendredi le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU, rejoignant les quelque 1,2 million de Congolais déplacés dans l'est du pays depuis le début de ces combats en 2007. Selon l'ONU et des diplomates, la MONUC aurait été prise à partie par la foule dimanche et attaquée par les rebelles pro-Kunda lundi. La porte-parole de l'ONU, Michèle Montas, a indiqué lundi que le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, était "extrêmement préoccupé" par la nouvelle détérioration de la situation au Nord-Kivu. "Il condamne les attaques délibérées contre les Casques bleus de la MONUC par les forces du CNDP. Il dénonce la poursuite des hostilités entre les forces du CNDP et celles de l'armée, en violation du cessez-le-feu", a-t-elle ajouté. La démission du général Diaz de Villegas survient alors que la rébellion de Laurent NKunda s'est emparée dimanche de la base militaire de Rumangabo, à 40km de la capitale du Nord-Kivu, Goma. Un camp qu'elle avait déjà occupée avant de laisser la place à la MONUC le 10 octobre dernier. Lundi, des milliers de Congolais ont attaqué quatre bâtiments de la MONUC à Goma pour protester contre l'incapacité du contingent onusien à protéger la population de l'attaque rebelle. |