@rib News, 03/11/2008 – Source Reuters Le président zambien par intérim, Rupiah Banda, a prêté serment comme chef de l'Etat après une victoire électorale contestée sur son adversaire populiste Michael Sata. Prenant la parole après une cérémonie d'investiture organisée à la hâte à Lusaka, Banda s'est engagé à laisser les portes ouvertes aux investisseurs étrangers et à poursuivre la politique de son prédécesseur Levy Mwanawasa, dont la mort en août a entraîné le scrutin présidentiel du 29 octobre. L'opposant Sata et son parti, le Front patriotique, ont quant à eux parlé d'élection frauduleuse et annoncé qu'ils en contesteraient l'issue devant les tribunaux.
Un différend prolongé pourrait assombrir le climat politique et inquiéter les investisseurs, notamment dans le secteur minier, à un moment où la Zambie, premier producteur de cuivre d'Afrique, ressent les effets de la crise financière mondiale. Banda, 71 ans, se présente comme un digne successeur de Mwanawasa, dont les bailleurs de fonds étrangers ont salué le bilan économique, notamment en matière de discipline fiscale et de lutte anti-corruption. La Zambie enregistre une croissance moyenne de 5% depuis 2002. "Nous continuerons d'accueillir les investisseurs étrangers, dans les mines et d'autres secteurs, tant qu'ils respecteront nos lois", a dit Banda sous les applaudissements de ses partisans après avoir prêté serment. "Je promets d'être un agent de la continuité." Banda, qui assumait l'intérim présidentiel depuis août, a remporté 40% des 1,79 million de suffrages exprimés jeudi, contre 38% à Sata, selon des résultats définitifs communiqués par la commission électorale. Le reste des voix est revenu à un troisième candidat, Hakainde Hichilema. L'écart entre vainqueur et vaincu s'élève à 35.209 voix et l'opposition a dénoncé des irrégularités. "Notre position est toujours de ne pas reconnaître l'élection de Rupiah Banda comme le juste reflet de la volonté du peuple de Zambie", a déclaré Given Lubinda, porte-parole du Front patriotique. "Nous allons demander au tribunal d'ordonner un examen attentif et un recompte des voix." Sata, qui est populaire dans les milieux ouvriers, avait déjà crié à la fraude après sa défaite contre Mwanawasa à l'élection présidentielle de 2006. Cette fois, il a accusé des responsables électoraux de bourrage d'urnes au profit de Banda et affirmé qu'il n'accepterait pas la victoire de Banda. "J'ai des preuves que les résultats (de Banda) ont été gonflés. Ils m'ont escroqué en 2006 et ils veulent faire la même chose", a-t-il dit samedi. Le Front patriotique compte déposer lundi un recours devant un tribunal pour réclamer un nouveau décompte des bulletins. L'armée a été placée en état d'alerte afin de prévenir d'éventuelles violences. Des témoins ont signalé dès samedi soir un grand nombre de policiers armés en patrouille dans les rues de la capitale alors que Banda était annoncé en tête. La présence policière a été réduite dimanche et l'on n'a pas fait état d'incidents. "Le pays est calme et nos agents de sécurité ont fait un énorme travail (pour prévenir) des troubles éventuels. Nous avons déployé des policiers dans des secteurs où l'on s'attendait (à des violences) et ne prévoyons pas d'incidents", a dit le secrétaire d'Etat à l'Intérieur aux journalistes. Dans son discours, Banda a fait un geste en direction de Sata en assurant ne pas vouloir "gouverner un pays divisé". Il s'est aussi engagé à placer la politique anti-pauvreté au centre de l'action gouvernementale. Banda, qui a été ministre des Affaires étrangères dans les années 1970, devra s'atteler aux principales difficultés du pays que sont la pauvreté - 65% des 12 millions d'habitants vivent avec moins d'un dollar par jour - et la lutte contre le sida - on compte un million de séropositifs. |