ACECI, 25 avril 2012 La coopération contre le Paludisme – Aider les gens à sauver leurs vies eux-mêmes - Ginette Karirekinyana, directrice générale de l’ACECI À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, j’aimerais vous parler d’un projet innovant qui pourrait avoir un effet déterminant en Afrique sur cette maladie tout en aidant des populations à se sortir de la pauvreté chronique. L’ONG que je dirige, l’Agence consultative en éthique de la coopération internationale (ACECI) basée à Québec collabore avec des organismes communautaires burundais pour fabriquer un anti-moustique à partir de la cataire, une plante aromatique que l’on appelle couramment herbe-aux-chats et qui peut facilement être cultivée au Burundi et ailleurs en Afrique. Cette production aura des retombées économiques et sociales importantes.
Le paludisme, que l’on appelle aussi malaria, est comme une grosse et virulente grippe qu’on attrape en se faisant piquer par un moustique – anophèle vecteur du parasite. Elle touche en particulier les populations d’Afrique subsaharienne. Chaque année, des centaines de millions de personnes contractent cette maladie et des centaines de milliers en meurent. Les femmes enceintes et les jeunes enfants sont particulièrement vulnérables. Le parasite s’attaque aux globules rouges, alors la personne atteinte ressent une grande fatigue. Elle fait beaucoup de fièvre, perd l’appétit, a un gros mal de tête, la diarrhée et des douleurs musculaires. Pas besoin de vous dire que le paludisme est loin d’être agréable. Si elle n’est pas rapidement prise en charge, la mort s’en suit. Lorsqu’un père ou une mère de famille sont atteints du paludisme, ils sont incapables de travailler ou de s’occuper de leurs enfants. Dans certaines régions du monde, notamment dans la campagne burundaise, les moustiques porteurs du parasite pullulent (plus de 60 piqûres par soirée en moyenne), ce qui fait que les gens finissent inévitablement par attraper le paludisme. Et attraper une fois le paludisme n’immunise aucunement la personne contre cette maladie. On peut l’attraper souvent au cours de sa vie. 23% de la population burundaise tombe malade chaque mois. Vous imaginez bien, dans ces conditions, que la vie des Africains qui n’ont ni moustiquaire à leur fenêtre, ni air conditionné dans leur maison et qui doivent travailler aux champs pour survivre et nourrir leur famille peut être grandement affectée par le paludisme, qui a des conséquences économiques et sociales importantes. Le paludisme est le problème de santé publique numéro un dans beaucoup de régions de l’Afrique. La plupart ignorent que les anti-moustiques existent. Jusqu’ici, les efforts d’aide internationale pour lutter contre le paludisme ont été notamment axés sur la distribution de moustiquaires pour protéger les personnes pendant la nuit, puisque c’est à ce moment qu’on est particulièrement vulnérable aux piqures de moustique. Cependant, les moustiques apparaissent dès la tombée de la nuit et même durant la journée dans la région marécageuse, surtout dans les campagnes burundaises. De là, l’intérêt de produire localement un insectifuge – répulsif abordable et facile d’utilisation qui protègera les gens non seulement la nuit, mais aussi le jour, pendant qu’ils travaillent dans leurs champs ou même dans leurs habitations. Toutes les étapes de production se déroulent sur place, réalisées par les populations elles-mêmes. Pour la conception du projet initié par l’ACECI, j’ai obtenu la collaboration d’un professeur de Génie Chimique de l’École polytechnique de Montréal, M. Gregory Patience. Il s’occupe de la dimension scientifique et technique du projet. Nous avons fait appel à des entreprises québécoises pour nous fournir les appareils de transformation qui permettront de fabriquer l’anti-moustique à partir de la cataire. Ce sont ces appareils qui constituent le gros des couts du projet que nous devons assumer. Nous avons mis sur pied un site Web, «Lutte anti-malaria et développement durable» pour expliquer le projet et pour inviter les gens à faire des dons. Les Burundais vont constituer des coopératives pour la culture et la transformation de la cataire. Nous leur apportons, la technologie et des graines. Comme la cataire est une plante vivace, ils seront autonomes pour la culture dans peu de temps. Nous avons installé une petite unité de transformation pour la mise à l’essai. D’ici quelques mois, nous devrions être en mesure d’extraire à petite échelle l’huile essentielle de la cataire, ingrédient de base de l’insectifuge naturel. Les problèmes du tiers monde paraissent parfois insolubles. L’aide internationale semble être comme un coup d’épée dans l’eau. Pourtant, il y a moyen d’obtenir des changements durables, et nous pensons pouvoir y arriver avec notre projet, qui aura des effets structurants sur l’économie et la société. La coopérative qui cultivera la cataire et produira l’insectifuge créera des emplois et stimulera l’activité économique. L’insectifuge réduira l’incidence du paludisme, ce qui diminuera les couts du système de santé, améliorera la productivité de la main-d’œuvre et aura toute une série d’autres effets bénéfiques sur le plan social. Nous sommes enthousiasme et remplis d’espoir. Il ne nous manque qu’un coup de pouce de la part d’un plus grand nombre de donateurs. Ginette Karirekinyana |