@rib News, 10/06/2012 Conférence publique de la coalition ADC-Ikibiri Bruxelles - 09 juin 2012 De notre envoyé spécial à Bruxelles Le président de l’opposition burundaise réunie au sein de l’Alliance des Démocrates pour le Changement au Burundi (ADC-IKIBIRI), M. Léonce Ndikumana, en compagnie du le porte-parole de cette alliance M. Chauvineau Mugwengezo, a animé une conférence publique ce samedi 9 juin à Bruxelles sur le thème « L’ADC-Ikibiri comme seule alternative pour un changement au Burundi ». Le public avait répondu très nombreux à cette conférence très attendue, la salle était archicomble et certains se tenaient débout pour suivre attentivement l’exposé et les interventions. [NdlR : Lire plus bas l’intégralité du Mot liminaire présenté par M. Léonce Ngendakumana]
Le modérateur du jour, M. Pancrace Cimpaye, a présenté l’animateur de la conférence, M. Léonce Ngendakumana ; le porte-parole de l’ADC-Ikibiri, M. Chauvineau Mugwengezo ; le coordonnateur-adjoint de l’ADC-Ikibiri à l’étranger ainsi que les membres du Collège des présidents des partis membres de l’alliance présents à cette conférence. Dans son mot d’introduction, le coordonnateur-adjoint de l’ADC-Ikibiri à l’étranger a souhaité la bienvenue aux orateurs qui ont accepté d’animer la conférence ainsi qu’au public venu en nombre pour cet événement qu’il a invité à suivre attentivement le message du de l’ADC-Ikibiri, de poser des questions constructives et soumettre d’éventuelles propositions dans la de bonne entente. D’emblée, l’orateur principal du jour, M. Léonce Ngendakumana, a précisé qu’il ne s’agissait pas seulement d’une conférence publique classique, mais bel et bien d’un moment d’échange entre Burundais et amis du Burundi dans l’ultime but de chercher ensemble des solutions à la situation précaire que connaît le pays. A chacun de faire une contribution soit par des questions ou des propositions claires et constructives. Dans son exposé, M. Léonce Ngendakumana a brossé l’état des lieux de la situation actuelle au Burundi dont les indicateurs sont au rouge. Entre autres, un gouvernement qui bafoue les droits de l’Homme, l’insécurité ponctuée par des assassinats ignobles sans poursuites judiciaires, une absence de bonne gouvernance, une corruption généralisée jusqu’au sommet de l’Etat, une pauvreté poussée de plus en plus à l’extrême. L’ADC-Ikibiri s’insurge contre l’entêtement du gouvernement Nkurunziza et demande à ce dernier d’arrêter les intimidations perpétrées à l’encontre des membres de l’opposition et de traduire en justice tous les coupables des exactions commises sur le sol burundais. Sur ce, l’Alliance prône la liberté d’expression et de circulation pour les partis d’opposition extraparlementaire, la fin de l’impunité, la libération des prisonniers politiques, et l’arrêt immédiat de la « nyakurisation » des partis par le ministre de l’Intérieur. Toutefois, M. Léonce Ngendakumana a précisé que l’ADC-Ikibiri ne se croisait pas les bras, qu’elle a une vision commune et des solutions alternatives à proposer pour redresser la situation actuellement précaire au Burundi. Notamment l’engagement sans délai d’un dialogue politique franc entre le pouvoir et l’opposition, le retour des exilés, l’évaluation des accords d’Arusha en associant tout le monde pour chercher des solutions consensuelles à la problématique des élections de 2015 ainsi que la mise en place de la justice transitionnelle. M. Léonce Ngendakumana a annoncé que de nouvelles structures de l’Alliance ont été adoptées par les présidents des partis membres. Ainsi, le président de l’ADC-Ikibiri a été élu pour un mandat de trois ans, renouvelable une seule fois. Avant de clore son exposé, le président de l’ADC-Ikibiri a invité la communauté internationale à presser le pouvoir de Bujumbura pour négocier avec l’opposition afin d’éviter des risques de guerre civile, de génocide, de pauvreté galopante sans nom, de retour au parti unique/parti–Etat et d’Etat policier théâtre des violences meurtrières. Il a bien souligné que l’ADC-Ikibiri se bat pour sauvegarder des acquis des accords d’Arusha, la construction d’un pays réconcilié, et l’avènement d’un Etat démocratique juste et équitable. Avant de passer la parole au public, le porte-parole l’ADC-Ikibiri a insisté sur le fait que la « nyakurisation » est un phénomène dangereux qui s’est étendu non seulement aux partis politiques mais aussi à tous les secteurs de la vie nationale, notamment la société civile. Dans les différentes interventions, le public a bien accueilli et apprécié les initiatives de l’ADC-Ikibiri tout en soulevant des interrogations sur les moyens que l’Alliance pourrait utiliser pour faire bouger le pouvoir en place. « Le chien aboie et la caravane passe, imbwa mujeri,… » sont des mots prononcés fièrement à plusieurs reprises par le Président Nkurunziza et que déplore la population, selon un intervenant. D’autres questions ou propositions étaient orientées vers les accords d’Arusha, l’impunité, la corruption jusqu’au sommet de l’Etat, l’affaire à la Une sur l’enquête en Belgique contre l’Ombudsman burundais Mohammed Rukara, les viols des femmes dans la sous-région des Grands Lacs, etc. Un intervenant a pris longuement la parole pour faire signifier que le peuple est profondément et longuement abusé par la corruption, la quémande, les mauvaises habitudes et se pose la question si le pouvoir actuel en est le seul responsable, s’il ne faudrait pas penser à une solution à long terme. Dans ses différentes réponses, le conférencier du jour qui maîtrise bien la situation actuelle dans le pays et a une longue expérience politique, a été très claire et complet. Vivant sur place, il était bien placé pour parler de l’état des lieux sur la situation actuelle au Burundi. Il a mis un accent tout particulier sur les accords d’Arusha, le seul outil qui été bien négocié par tous les partis politiques, tout en insistant sur son évaluation qui doit être discutée entre tous les partis politiques. Selon lui, l’ADC-Ikibiri doit être fort et trouver des stratégies de communication adéquate auprès de la population. M. Léonce Ngendakumana estime que le pouvoir actuel n’est pas fort car sa faiblesse évidente se manifeste dans la mauvaise gouvernance, la corruption, les assassinats de son peuple, l’impunité et l’Etat policier. L’ADC-Ikibiri annonce qu’elle mènera des actions politiques pacifiques jusqu’à forcer le pouvoir à changer ou à partir. Il a demandé à tout le peuple burundais et les amis du Burundi à tenir bon, à soutenir l’Alliance, seule alternative pour un changement positif au Burundi, estime son président. La conférence s’est clôturée la présentation du site web de l’alliance ADC-burundi.org et l'entonnement de l’hymne de l’ADC-Ikibiri.
Conférence de Bruxelles du 09 juin 2012 : Mot liminaire Thème central : L’ADC-IKIBIRI, seule alternative pour un changement démocratique au Burundi I. Introduction Le Burundi a connu beaucoup de périodes très sombres qui ont été caractérisées par des massacres et des assassinats des grands hommes politiques à savoir le Prince Louis RWAGASORE, Héros national de l’indépendance et le Président Melchior NDADAYE, Héros national pour la Démocratie au Burundi. Ces massacres et assassinats cycliques ont provoqué une grave crise de confiance entre les différentes composantes du peuple burundais et ont entrainé des mouvements forcés de la population à l’extérieur et à l’intérieur du pays. Les burundais ont vécu pendant plusieurs années dans des ghettos ethniques. Tous ces phénomènes ont conduit à des révoltes populaires dont la plus célèbre est celle de 1993 qui a conduit à la naissance de nouveaux phénomènes comme les mouvements politiques armés, les déplacés, les regroupés et les dispersés et ont crée un désordre politique, économique et social dans le pays. Il a fallu de nombreuses années pour que les Burundais parviennent à s’accorder sur la nature, les origines, les principaux auteurs et les conséquences du conflit qui les a opposés durant une quarantaine d’années. Depuis l’année 2000, les burundais disposent d’un accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation. Cet Accord est bâti autour de quatre principes moteurs à savoir : Aucun gouvernement du Burundi ne peut plus recréer les causes historiques du conflit Burundais ; La démocratie et la bonne gouvernance doivent le fondement de chaque gouvernement du Burundi ; La sécurité pour doit être une préoccupation constante tout gouvernement du Burundi ; La réhabilitation des sinistrés, la reconstruction du pays et le développement intégré doivent être une préoccupation constante de chaque gouvernement du Burundi. Les engagements pris dans cet Accord sont contenus dans la Constitution actuelle à l’exception du premier et du quatrième protocole. C’est le rejet de l’Accord d’Arusha par le pouvoir CNDD-FDD qui justifie les tensions sociales et politiques qu’on observe actuellement dans le pays car, les mêmes causes engendrent les mêmes effets comme en témoignent les quelques faits suivants. II. Constats sur terrain 1. Au niveau politique et de la bonne gouvernance · Le rejet de l’Accord d’Arusha et la violation répétitive de la constitution ; · Le pilotage à vue de l’action gouvernementale dans tous les secteurs de la vie nationale ; · L’élaboration des lois cousues à la taille du parti CNDD-FDD et ses partis satellites comme la loi sur l’organisation et le fonctionnement des partis politiques, le projet de loi portant statut de l’opposition, le projet loi portant création de la Commission Vérité et Réconciliation et autres textes en cours d’élaboration visant à mettre un terme aux activités des partis politiques de l’opposition, de la société civile et des medias ; · La torture, les exécutions extrajudiciaires, le harcèlement, les arrestations et les emprisonnements abusifs et arbitraires ; · Les violations des droits fondamentaux de la personne humaine et des libertés publiques ; · L’exil forcé des leaders de l’opposition ; · Les montages éhontés pour impliquer la Coalition ADC-Ikibiri dans les massacres de Gatumba, dans l’assassinat des expatriés à l’hôpital de Ngozi et dans les troubles de l’Université du Burundi ; · La détérioration des relations entre le pouvoir et presque la quasi-totalité de ses partenaires ; · L’impunité des crimes surtout commis par de hautes personnalités impliquées dans ces crimes politiques et économiques ; · Le harcèlement de la société civile 2. Au niveau de la justice L’ingérence du pouvoir Exécutif dans le pouvoir judiciaire a porté un coup dur sur l’indépendance de la Magistrature. Ainsi, le pouvoir judiciaire est devenu incapable d’instruire, de clarifier et de réprimer les crimes politiques et économiques dans lesquels certains hauts cadres de l’Etat sont impliqués 3. Au niveau sécuritaire · Risque de retour à une guerre civile fratricide et insensée dans le pays ; · La mise en place d’une milice dénommée imbonerakure du parti CNDD-FDD ; · La politisation et l’instrumentalisation de l’armée, de la police et du service national de renseignements. 4. Au niveau économique Comparé à d’autres pays, en termes de classement, le Burundi est : · Le plus corrompu des pays de l’EAC selon Transparency International ; · L’un des trois pays africains dont le PIB est le plus faible par habitant ; · L’un des trois derniers au monde sur l’IDH(PNUD) ; · L’un des dix premiers pays les plus corrompus au monde selon Transparency International ; · La situation des finances publiques est très déplorable. Un budget qui dépend fortement des appuis des bailleurs de fonds étrangers ; · Les pratiques de corruption, de détournements des deniers publics et des malversations économiques presque institutionnalisés ; · La multiplication des postes budgétivores à des fins propagandistes du parti CNDD-FDD. 5. Au niveau social · Relations souvent tendues entre le gouvernement et les syndicats des travailleurs ; · L’improvisation des mesures sensés être salutaires dans les secteurs clés de la nation : Education et santé ; · La paupérisation excessive de la population. III. Alternative de solutions Face à cette situation explosive, et pour éviter que le Burundi ne replonge dans des cycles de violence, nous proposons le schéma suivant : Engager sans délais le dialogue politique pour : - Rétablir la confiance dans le pays ; - Créer un environnement propice au dialogue politique ; - Procéder à l’évaluation de mise en en œuvre de l’Accord d’Arusha et en dégager si oui ou non on peut se permettre d’amender la Constitution ; - Aborder les deux grands défis de l’heure à savoir la problématique des élections de 2015 et celle de la mise en place des mécanismes de la justice transitionnelle dans l’esprit de ce qui vient de se passer en Suisse (CAUX) entre certains acteurs burundais. C’est pourquoi, afin d’affronter avec force et cohérence ces problèmes qui minent le Burundi et se placer comme une alternative incontestable au pouvoir en place à Bujumbura, les Partis membres de la Coalition ADC-Ikibiri viennent : - d’adopter une plate-forme et un programme communs ainsi qu’une vision commune, qui serviront de guide de travail pour atteindre les résultats positifs à court, moyen et long terme. - de se doter d’un leadership unique qui la conduira jusqu’au-delà des élections de 2015. Un Président unique avec un mandat de 3 ans vient d’être désigné. Je profite de cette occasion pour demander à vous tous, Burundais et amis du Burundi résidant à l’étranger et désireux d’un Burundi réconcilié, paisible et prospère, d’apporter votre contribution pour soutenir les efforts menés par vos compatriotes sur terrain ; Malgré les efforts que nous sommes en train de mener pour bâtir une nation digne, nous avons un sérieux problème : l’entêtement du gouvernement du Président Pierre Nkurunziza. C’est pourquoi la Coalition ADC-Ikibiri demande : - au Président Nkurunziza et à son Gouvernement d’arrêter immédiatement les pratiques d’intimidation et s’atteler a créer un environnement propice au dialogue politique en vue d’affronter ensemble les grands défis de l’heure ; de traduire en justice les membres des forces de l’ordre et de sécurité, les jeunes imbonerakure ainsi que les agents du Service National des Renseignements, coupables de violation des droits de l’homme ; de libérer sans conditions et sans délai tous les prisonniers politiques ; - au Ministre de l’intérieur de sursoir à sa politique de restriction des libertés publiques pour les partis politiques de l’opposition ainsi que pour la Coalition ADC-Ikibiri; de cesser de diviser les partis et de les intimider ; de mettre fin a sa politiques de “nyakurisation et de procéder a la dissolution de tous partis dénommés nyakuri; - à la communauté internationale et aux amis du Burundi de faire pression sur les tenants du pouvoir en place pour qu’ils acceptent de négocier avec l’opposition réunie au sein de la coalition ADC-Ikibiri, afin de trouver des solutions durables aux problèmes burundais ; - à tous les acteurs politiques et apolitiques burundais et étrangers de rester aux côtés des populations délaissées par un gouvernement préoccupé plutôt par un enrichissement illicite que par les souffrances de celle-ci. IV. Conclusion En envisageant cette démarche, · Nous voulons prévenir la triple menace (guerre civile, risque d’un génocide et pauvreté extrême) qui plane sur notre pays ; · Nous voulons interdire, condamner de manière assez ferme le retour au monopartisme de fait, à un parti Etat. Bref, refuser le retour à un Etat policier, à la dictature militaire ; · Nous voulons que notre pays ne soit plus le théâtre des violences, que la réconciliation soit bâtie sur la Vérité et la Justice ; · Nous voulons que la Vérité remporte sur le mensonge ; · Nous voulons faire face à la confusion entretenue sciemment par le pouvoir en place sur les élections et la démocratie ; · Nous voulons que les burundais retrouvent l’espoir de revivre dans leur pays ; qu’il soit créé un environnement propice à la gestion de notre pays et à la cohabitation pacifique ; · Nous voulons vivre dans un Burundi qui nous protège et que nous protégeons ; · Nous voulons sauvegarder les acquis d’Arusha ; · Nous voulons que l’économie de notre pays soit bâtie sur des bases solides et non sur la démagogie c.à.d. passer du budget social au budget économique. Bref, nous voulons bâtir une nation digne, unie, prospère et réconciliée. En fin au nom de l’ADC-Ikibiri et en mon nom propre, je réitère mes remerciements à tous les leaders de l’opposition réunie au sein cette Alliance pour la solidarité sans faille qu’ils ont manifestée pendant les deux années d’existence de l’ADC malgré les multiples difficultés ; je remercie également tous les citoyens burundais de l’intérieur et de l’extérieur du pays pour la solidarité et le courage qui les a caractérisés et surtout pour ne pas avoir cédé à la provocation des instruments d’oppression du pouvoir en place à Bujumbura ; je remercie aussi vous tous qui vous êtes déplacés pour venir contribuer par vos idées constructives à l’avenir de la Nation burundaise et vous rassure que l’ADC-Ikibiri va tout droit vers la restauration d’un Etat juste, paisible et prospère ! Vive la Nation burundaise, Vive la démocratie multipartite au Burundi Vive la Coalition ADC-Ikibiri Je vous remercie ! Bruxelles, le 09 juin 2012 Léonce Ngendakumana Président de la Coalition ADC-Ikibiri. |