@rib News, 10/12/2013 – Source AFP

Un parti d'opposition burundais a qualifié mardi de "montage" l'arrestation d'un de ses responsables, l'ex-vice-président du Burundi Frédéric Bamvuginyumvira, écroué lundi pour "tentative de corruption".

M. Bamvuginyumvira, 52 ans, et une femme d'une cinquantaine d'années, ont été "appréhendés en train d'avoir des relations sexuelles (...) dans une maison de débauche", jeudi en début de soirée, a expliqué un responsable de la Cour suprême burundaise, Emmanuel Rumbete.

"Afin d'être libéré, sieur Frédéric Bamvuginyumvira a tenté de corrompre l'agent de l'ordre qui l'avait appréhendé, a-t-il précisé.

A l'issue de sa garde à vue, M. Bamvuginyumvira, actuel vice-président du Front démocratique burundais (Frodebu) a été inculpé de "tentative de corruption" et écroué, tandis que la femme, présentée comme une vieille amie par ses proches, a été libérée.

"C'est révoltant, nous assistons à un montage éhonté, orchestré par le pouvoir de Pierre Nkurunziza (président du Burundi) pour éliminer un homme connu pour son intégrité et qui pourrait constituer une menace dans la perspective des élections de 2015", a accusé le président du Frodebu, Léonce Ngendakumana.

Selon des témoignages concordants, M. Bamvuginyumvira a en fait été arrêté alors qu'il circulait dans le centre de Bujumbura en voiture en compagnie de cette amie. Un de ses avocats, Me Fabien Segatwa, s'est indigné des conditions de garde à vue de son client "obligé de dormir par terre, sans matelas ni couverture" et dénoncé l'absence d'éléments contre lui.

"On l'a d'abord poursuivi pour adultère - mais cette charge a été vite abandonnée car il faut pour cela une plainte de sa conjointe, qu'ils (les policiers) n'avaient pas - puis pour rébellion, puis on est passé à incitation à la débauche, avant de finir par la tentative de corruption", a expliqué l'avocat.

M. Bamvuginyumvira, vice-président du Burundi lors de la première transition (1998-2001) est une personnalité réputée incorruptible, très respectée au Burundi. Il est présenté comme l'un des postulants les plus sérieux à l'investiture du candidat unique de l'opposition pour la présidentielle de 2015.

Le Frodebu avait remporté les élections générales de 1993, ayant porté au pouvoir le premier président élu du pays, Melchior Ndadaye, assassiné quelques mois plus tard, meurtre qui allait déclencher la guerre civile ayant pris fin en 2006 au Burundi. Le Frodebu a, comme une partie de l'opposition, boycotté les législatives de 2010.