Des réfugiés tutsi congolais acceptent d'aller dans un nouveau camp au Burundi
Société

@rib News, 10/10/2009 – Source AFP

Yves SahinguvuDes réfugiés tutsi congolais empêchés de rentrer en République démocratique du Congo (RDC) ont annoncé samedi avoir finalement accepté leur relogement dans un camp de l'Est du Burundi, à partir de ce jour même, selon les autorités burundaises.

Ils venaient de rencontrer le premier vice-président burundais, Yves Sahinguvu, qui leur a "garanti la sécurité".

"Nous venons de recevoir le premier vice-président de la République. Il nous a dit que le Congo n'était pas prêt à nous accueillir et qu'il fallait donc aller dans le camp de Ruyigi (province de Ruyigi), nous lui avons parlé de nos inquiétudes, mais il nous a tellement garanti notre sécurité que nous avons accepté d'aller dans le camp de Bwagiriza (180 Km à l'Est de la capitale)", a déclaré Freddy Gakunzi, le président des réfugiés tutsi congolais du camp de Mwaro (centre).

Le premier vice-président a fait le déplacement pour "convaincre les réfugiés congolais qui s'y trouvent d'aller à Ruyigi pour leur bien", a expliqué Didace Nzikoruriho, coordinateur de l'Office burundais chargé des réfugiés (OFPRA).

"Une partie des réfugiés sera acheminée dans le camp de Bwagiriza dès cet après-midi et le reste suivra demain matin", a-t-il précisé.

Jeudi, les autorités congolaises avaient fermé le poste frontière de Kavimvira, frontalier avec le Burundi, pour empêcher le retour de quelque 2.300 réfugiés tutsi congolais, organisé par Bujumbura.

Kinshasa avait justifié cette fermeture "provisoire" en expliquant vouloir "préparer" et "mieux encadrer" ce rapatriement.

"Nous nous demandons pourquoi est-ce que le gouvernement congolais refuse de nous (banyamulenge) recevoir alors que des réfugiés congolais issus d'autres tribus rentrent au Congo chaque jour, sans aucun problème?", s'est demandé M. Gakunzi.

Vendredi, le Burundi avait menacé de déplacer par la force, vers un camp de l'Est du pays, ces réfugiés tutsi parce qu'il ne pouvait pas "laisser des gens prendre une décision aussi irresponsable que de rentrer dans un pays (...) où leur gouvernement déclare qu'il n'est pas prêt à les accueillir", a expliqué le ministre de la Sécurité, le général Alain Guillaume Bunyoni.

Au moins deux ministres congolais sont arrivés à Bujumbura samedi en vue de "traiter de cette question", a annoncé le général Bunyoni, sans autre précision.

Les réfugiés, ayant en grande majorité fui la province du Sud-Kivu (Est de la RDC) en 2004 et actuellement installés à Mwaro, avaient souhaité rentrer dans leur pays d'origine après avoir refusé d'être transférés dans un nouveau camp dans l'Est, invoquant des raisons de sécurité.

Ils s'étaient affrontés à deux reprises aux forces de l'ordre qui tentaient de les en empêcher et de les transférer dans le nouveau camp.

Lundi, le HCR avait conseillé "aux réfugiés congolais au Burundi de ne pas retourner pour le moment" dans leur région d'origine, "du fait des conditions de sécurité actuelles".

La question des Tutsis congolais du Sud-Kivu --plus connus sous le nom de Banyamulenge-- est très sensible dans la région, en particulier dans la ville frontalière d'Uvira, où le ressentiment anti-Tutsi est encore très vivace.