Burundi : la situation nutritionnelle est "très alarmante" (expert)
Santé

@rib News, 30/10/2015 - Source Xinhua

La situation nutritionnelle au Burundi est "très alarmante" au regard du degré d'insuffisance en apport calorique, a affirmé vendredi Déogratias Niyungeko, pédiatre-nutritionniste de formation et professeur de pédiatrie et de nutrition à la Faculté de médecine de l'Université du Burundi (UB).

Le professeur-médecin Niyungeko s'exprimait au cours d'une interview accordée vendredi en qualité d'expert nutritionniste en marge des travaux d'une réunion de formalisation du réseau du secteur privé pour le renforcement de la nutrition au Burundi.

Selon une analyse globale réalisée en 2014 sur le Burundi au sujet de l'état des lieux en matière de sécurité alimentaire, de nutrition et de vulnérabilité, 49% des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique et l'apport calorique y est le plus faible (1600 Kcal/personne/jour) au sein de la région d'Afrique de l'Est.

"Sur ce volet de malnutrition par insuffisance calorique, et lequel concerne surtout les pays en voie de développement, je dirais que pour la malnutrition chronique qui concerne les enfants de 5 à 15 ans, au Burundi, on a des taux qui vont jusqu'à 60% au niveau national. Cela signifie qu'un enfant burundais sur deux, souffre problèmes de malnutrition chronique au Burundi", a expliqué l'expert.

Depuis quelques décennies au cours d'une rencontre tenue en Espagne, un groupe d'experts conjointement mis en place par l'Organisation Mondiale de la Santé(OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance(UNICEF), a identifié des interventions-clés à mettre en avant, en vue d'améliorer l'état nutritionnel des enfants dans des pays en voie de développement comme le Burundi, a-t-il révélé.

La première intervention, une des importantes à privilégier au Burundi pour rectifier le tir afin de pouvoir avancer sur le palmarès du recul de la malnutrition dans le pays, a-t-il plaidé, c'est l'allaitement maternel.

En amont, l'expert Niyungeko a recommandé une éducation sanitaire en faveur des parents burundais pour leur implication effective dans la promotion de l'allaitement maternel chez les enfants de zéro à six mois.

Pour l'expert nutritionniste, la deuxième intervention à promouvoir est la promotion d'une alimentation de compléments chez les enfants burundais en bas âge.

"Il faudrait innover, en faisant en sorte que, les bébés burundais, dès l'âge de six mois, aient accès à une alimentation riche et variée, pour remédier à la situation actuelle, où l'on fait face, au quotidien, à des carences en protéines, en lipides et en glucides", a-t-il plaidé.

Le Burundi étant un pays avec un taux de pluviosité très important, a-t-il ajouté, devrait en profiter pour promouvoir la culture des légumes au niveau des exploitations familiales en vue d'améliorer l'état nutritionnel des enfants en bas âge.

Au Burundi, a-t-il insisté, ce sont les carences en micronutriments, qui sont la cause principale de la malnutrition chronique au Burundi.

L'expert Niyungeko a reconnu cependant que la principale entrave, pour enclencher ces innovations, est le fait que la majorité de la population burundaise est pauvre. En effet, a-t-il expliqué, 67% de la population burundaise vit en dessous du seuil de pauvreté (avec moins de 1,25 USD par habitant et par jour).

Cependant, a-t-il souligné, l'une des principales entraves qui participent à la persistance des défis sur la malnutrition chronique au Burundi, c'est le fait que le pays est "très peuplé" avec effet pervers l'inaccessibilité à la terre arable pour le gros des familles burundaises, ainsi que la faiblesse du pouvoir d'achat.

L'expert Niyungeko a déploré également que les recherches universitaires vis-à-vis de la problématique de la malnutrition au Burundi, soient encore à l'état embryonnaire, principalement à cause du manque de financements et du personnel formé dans ce domaine.

Toutefois, a-t-il fait remarquer, les initiatives déjà entreprises par le gouvernement burundais pour améliorer le cheptel bovin en exploitant les créneaux régionaux qu'offre l'espace de la Communauté d'Afrique de l'Est (CAE/EAC), sont à encourager.

"Il est heureux de constater que, depuis quelques temps, le Burundi importe des vaches laitières à partir de l'Ouganda, ce qui a permis, suivant la stratégie gouvernementale en vogue de promotion des chaînes de solidarité communautaire, de les distribuer à quelques ménages pauvres burundais ciblés comme tels, avec pour résultats des apports nutritionnels en termes de protéines", a-t-il affirmé.