La rencontre de dernière chance pour sortir de la crise au Burundi
Cooperation

VOA Afrique, 20 juillet 2017

Le président Pierre Nkurunziza a rencontré jeudi à Ngara dans le nord-ouest de la Tanzanie, le président John Magufuli, pour une nouvelle tentative de relance du dialogue interburundais en panne.

Le président Pierre Nkurunziza s’est rendu en Tanzanie pour prendre connaissance du contenu d’un projet d’accord de sortie de crise, préparée et proposée par la médiation de l’ancien président tanzanien Benjamin Mkapa.

Selon une source proche de la médiation qui a gardé l’anonymat, ils voulaient avoir plus de "garantie et d’autorité" avant de vendre ce projet aux parties prenantes dont l’opposition en particulier.

Il comprend notamment "la reconnaissance du mandat de Pierre Nkurunziza jusqu’en 2020, l’application de l’Accord d’Arusha et le respect de la Constitution pour les élections de 2020, ouvrir les espaces de libertés politiques entre maintenant et 2020, la levée des mandats d’arrêts qui visent les opposants et les acteurs de la société civile en exile", etc.

Dans cette rencontre, Pierre Nkurunziza devait donner sa position et faire des concessions pour espérer convenir quelque chose lors de la dernière session de dialogue prévue mi-août à Arusha en Tanzanie.A l’issue de la rencontre, rien n’a filtré sauf que les deux présidents ont appelé les réfugiés burundais à retourner chez eux.

Sur VOA Afrique, Jean Claude Karerwa, porte-parole du président burundais n’a pas livré beaucoup de détails. Il a insinué la possibilité du président Nkurunziza de se représenter pour un énième mandat. "S’il advenait que le Burundi s’engage sur une autre Constitution, personne ne pourra venir dicter ce qu’il faut faire", a-t-il indiqué.

De son côté, le Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie au Burundi, l’un des principaux partis d’opposition, place la crise au centre de "l’absence d’élections crédibles". Me François Nyamoya, secrétaire général a dit à VOA Afrique que le seul remède de la crise consiste à avoir "des élections crédibles qui ne sont pas organisées par le président Nkurunziza et son régime".

Cette rencontre de jeudi a lieu après trois reports. Le président de l’initiative régionale pour la paix au Burundi, l’ougandais Yoweri Museveni avait tenté de se rendre à Bujumbura début mai 2017 mais Pierre Nkurunziza avait invoqué un manque de temps pour le recevoir, a indiqué à VOA Afrique une source diplomatique. Une deuxième tentative avait échoué après le sommet de Dar-es-Salam de juin qui était consacré sur la crise burundaise. Le 26 juin, alors que les services de sécurités ougandaises étaient en train d’être déployées pour sécuriser Pierre Nkurunziza, celui-ci a renoncé à y aller à la grande surprise de la médiation et du président Museveni lui-même, poursuit une source proche du facilitateur.

Le facilitateur Benjamin Mkapa est en passe de clôturer sa médiation qui est en panne actuellement. Le 26 juillet, il devra s’exprimer devant le conseil de sécurité de l’ONU, de même que le nouvel envoyé spécial Michel Kafando qui a récemment rencontré à Bujumbura le président Pierre Nkurunziza.

Eric Manirakiza