"Bene Burundi" élabore une "Charte des droits et libertés des citoyens burundais …"
Société

@rib News, 20/11/2017

« Rendez-vous au paradis »

Par Athanase Karayenga

Pierre Nkurunziza bin Khalfani mwene Rumariza, fils spirituel de l’esclavagiste arabe qui au 19ème siècle organisait des incursions pour capturer des esclaves burundais et fut battu par le roi Mwezi Gisabo, Mutama 1er donc, le prétendu roi des Bahanza, a clôturé la semaine de commémoration des exploits des combattants du CNDD-FDD pendant la rébellion par un discours proprement stupéfiant.

Au passage, il convient de rappeler certains de ces prétendus exploits de la rébellion DD : le massacre de 648 Tutsi à Bugendana, l’assassinat de Mgr Joachim Ruhuna qui avait protesté contre ce crime ignoble, le massacre des jeunes séminaristes, hutu et tutsi de Buta, le massacre de Teza, etc.

Mutama 1er a donc proclamé « tolérance zéro » à l’égard « des nouveaux frondeurs » qui, au sein de son parti, lui contestent « le droit divin » de se présenter pour gagner les élections de 2020 et ensuite de se maintenir au pouvoir à vie. Qu’on se le dise ! Mutama 1er n’aura pas la patience de 2015, a-t-il prévenu. « 1, 2, 3... partez, a-t-il enjoint aux nouveaux frondeurs qui grondent et grognent au sein du CNDD-FDD.

Et quand Mutama 1er se fâche et lâche ses « fatwa » contre les opposants comme des balles réelles, quand il confond le mégaphone qu’il utilise pour haranguer les foules avec une mitrailleuse, c’est que la situation est grave.  Des méga purges s’annoncent. Autant dire, dans sa tête, ils ont déjà mordu la poussière.

Les nouveaux frondeurs sont prévenus. Ils ont intérêt à prendre les devants dans cette nouvelle guerre fratricide annoncée au sein du CNDD-FDD. Ou alors prendre la route de l’exil illico et presto. Tant qu’ils en ont encore le temps !

« Nous nous retrouverons au ciel » a tonné Mutama 1er. « 1, 2, 3 …partez ! »

Eh... oh... Majesté ! Pas si vite. Prenez la peine de demander d’abord à Mme Ben Souda, le ticket d’accès au paradis. C’est la Procureure de la Cour Pénale Internationale de La Haye qui délivre les certificats d’innocence que Saint Pierre examine à la loupe avant de laisser entrer au paradis les nouveaux clients.

En attendant les résultats de cette course folle engagée entre les factions DD pour garder le pouvoir ou pour le capter, « le troisième règne céleste » ne devrait pas distraire les citoyens burundais avec ce nouveau psychodrame shakespearien. Car, c’est de notoriété publique et depuis fort longtemps, « le roi est nu au royaume » de Mutama 1er.

Plusieurs initiatives de confessions religieuses, d’avocats, de partis politiques, d’organisations de la société civile, de médias et même de rebellions armées luttent déjà pour que cesse, au plus vite, l’imposture du « troisième règne céleste » de Mutama 1er.

Pour sa part, s’inscrivant dans la dynamique de cette lutte commune pour la paix, la justice, la liberté et la prospérité au Burundi, s’associant, à sa manière, à la célébration internationale, en 2018, du 70ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, un groupe d’intellectuels, dénommé « Bene Burundi » comme annoncé le 9 novembre à Bruxelles au cours de la Table ronde sur le Burundi, a élaboré une « Charte des droits et libertés des citoyens burundais pour restaurer la démocratie. » Cette Charte est annexée à cette introduction.

Pour rappel, « le 10 décembre 1948, les 58 États Membres qui constituaient alors l’Assemblée générale des Nations Unies ont adopté la Déclaration universelle des droits de l’homme à Paris au Palais de Chaillot. »

Cependant, « Bene Burundi » ne constitue pas une nouvelle association de la société civile burundaise, ni une ONG internationale, ni un parti politique, ni encore moins une rébellion armée. « Bene Burundi » c’est nous tous ensemble, citoyens burundais, dans la diversité de nos origines, de nos croyances, de nos choix politiques, de nos niveaux économiques et sociaux.

« Bene Burundi » regroupe tous les citoyens convaincus qu’ils ont des droits humains et des libertés fondamentales qu’aucun gouvernement ne peut leur dénier ni piétiner. « Bene Burundi » mobilisera tous les Burundais qui souhaitent affirmer et défendre ces droits pour eux-mêmes, pour leurs parents, pour leurs enfants, pour leurs amis, bref pour tous les citoyens.

Beaucoup de Burundais souhaitent recouvrer la paix et la liberté confisquées par « troisième règne céleste ». Mais ils n’osent pas affirmer, même dans le silence de leur intimité, qu’ils ont des droits inaliénables. Pire, ils attendent un messie hypothétique qui les libérera de la dictature du « troisième règne céleste ». « Leur maison brûle et ils regardent ailleurs » En somme, ces Burundais timorés ne souhaitent prendre aucun risque et attendent une libération par procuration. Ils sont objectivement les alliés les plus solides de la dictature du « troisième règne céleste. »

A ce stade, les initiateurs de « Bene Burundi » proposent une Charte en cours de traduction en kirundi et en anglais. Une vaste campagne de promotion des droits et libertés inscrits dans cette Charte sera organisée tout le long de 2018 afin que même le citoyen burundais vivant sur la colline la plus reculée du pays des « mille et une collines », découvre ces droits et libertés, se les approprie et s’engage à les défendre fermement, pacifiquement et démocratiquement.

Les initiateurs de la Charte continueront à recueillir des suggestions pour améliorer et enrichir cette Charte. Celle-ci inspirera aussi le programme politique qu’ils proposeront au gouvernement qui prendra le relai après la chute du « troisième règne céleste ».

Un passage, en particulier, de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 éclaire le chemin que « Bene Burundi » propose aux citoyens burundais qui souhaitent tourner la page du cycle « de Rumariza à Nkurunziza, un cycle d’esclavage, de soumission et de servitude qui touche à sa fin.

« Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité et que l'avènement d'un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l'homme. »

Athanase Karayenga

Le 20 novembre 2017

Lire la « Charte des droits et libertés des citoyens burundais pour restaurer la démocratie. »