Burundi : la reprise de l’aide de Paris froidement accueillie
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RFI, 23-07-2019

Après l’annonce par la France de la reprise depuis le début de l'année de son aide directe au Burundi, toujours sous sanctions européennes, l'opposition dénonce vigoureusement ce choix.

L'accueil à « la main tendue » de la France semble avoir été glacial, même si Gitega [la nouvelle capitale burundaise, NDLR] n'a pas encore réagi officiellement.

L'ambassadeur de France au Burundi a dû pratiquement en convenir d'ailleurs. Il a reconnu il y a quelques jours que les Français continuent à ne pas avoir « accès aux plus hautes autorités » du pays, plus de neuf mois après leur geste d'ouverture.

En réalité, le pouvoir du président Pierre Nkurunziza en veut toujours à Paris, essentiellement pour deux raisons, selon un haut responsable burundais. Il lui reproche d'abord toutes les résolutions de l'ONU sur le Burundi jugées « inamicales » et qui ont été initiées par la France, comme pour tous les pays d'Afrique francophone. Un argument que Gitega balaie d'une main.

Il y a enfin la lettre de félicitations d'Emmanuel Macron à son homologue à l'occasion de la fête de l'indépendance du Burundi le 1er juillet, dans laquelle le président français est accusé de « se poser en donneur de leçon ».

« Paris n'a rien à espérer avant les élections de 2020 car la France est ressentie comme la principale menace aux intérêts du Burundi », prévient le même haut responsable burundais.

L'opposition très critique

C'est enfin la consternation dans le camp de l'opposition en exil en Europe, où l'on n'ose pas trop critiquer ce pays à visage découvert. C'est tout autre chose en aparté, où cette opposition assure ne pas être surprise par l'attitude d'une France « qui se retrouve toujours aux côtés des pires dictateurs ».

Pour l'organisation française Survie, cette décision est révélatrice de la façon dont la France se comporte avec les pires dictatures du continent africain, explique son porte-parole, Thomas Borrel.

« Malheureusement c'est assez révélateur de la façon dont la France se comporte vis-à-vis des pires dictatures sur le continent africain, c'est-à-dire qu'elle reprend sa coopération militaire avec des régimes qui pourtant s'illustrent par des violations des droits humains. »