Burundi : quatorze charniers découverts au centre du pays
Droits de l'Homme

@rib News, 28/01/2020 – Source Agence Anadolu

- Ils contiennent plus de sept mille personnes tuées en 1972. -

Au moins quatorze fosses communes ont été identifiées, près de la rivière Ruvubu, entre les provinces Gitega et Karusi, au centre du pays, a appris Anadolu, lundi, auprès de la Commission Vérité Réconciliation (CVR).

La CVR a fait venir des journalistes sur place, lundi, pour constater les ossements et restes de corps humains, enterrés il y a près d’un demi-siècle.

« Par nos recherches, des témoignages des survivants, des témoins oculaires, nous avons déjà répertorié quatorze fosses communes de 1972 », a déclaré Pierre-Claver Ndayicariye, président de la CVR, précisant que ces charniers contiennent plus de sept mille personnes.

Procédant au lancement des travaux d’exhumation de ces restes humains pour une inhumation digne, il a précisé que parmi les victimes il y a des prêtres, des militaires, des élèves, des petits commerçants, des anciens détenus de la prison centrale de Gitega, etc.

« Ils y ont été transportés à bord des bennes, morts ou vivants. D’autres étaient arrêtés au niveau des barrières érigées par des militaires », a-t-il souligné, notant que d’après leurs recherches, certaines personnes étaient enterrées vives. Et de préciser que les victimes sont de différentes les ethnies : Hutu et Tutsi.

Institué par l’Accord d’Arusha de 2000 pour la Paix et la réconciliation, après environs dix ans de guerre civile, la CVR a, entre autres tâches, d’identifier les fosses communes, lister les personnes assassinées ou disparues et, au besoin, procéder à l’exhumation pour un enterrement digne.

Selon la nouvelle loi régissant cette commission, son mandat couvre la période allant de 1885 (date de l’arrivée des premiers colonisateurs dans le pays) à 2008 (date de la fin de la belligérance avec la signature de l’Accord d’Arusha par le dernier mouvement rebelle Forces Nationales de libération (Palipehutu-FNL).

Pour rappel, la crise de 1972 a débuté avec une attaque des rebelles appelés Mulele au sud du Burundi dans la province de Rumonge en provenance de la République démocratique du Congo.

Cette rébellion a rapidement été neutralisée par le régime du Colonel Michel Micombero par une répression grande et féroce.

Certains écrivains qualifient cette répression de ''génocide'' contre les Hutu, ethnie majoritaire où ils évoquent plus de 500 mille morts dans tout le pays.

La répression visait surtout les évolués, des commerçants, des étudiants de cette ethnie sous prétexte de collaboration avec les rebelles mulelistes.