Covid19 : la panique gagne Bujumbura |
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@rib News, 02/04/2020 - Source Agence Anadolu Dès l’annonce de deux premiers cas de coronavirus. Aussitôt l’annonce des deux premiers cas de Covid-19 à Bujumbura publiée, la peur a rapidement contaminé les Burundais, poussant un grand nombre de citadins à des départs précipités vers les zones rurales à l’intérieur du pays. Dans les commerces, les prix des produits alimentaires ont flambé, provoquant une perturbation de l’approvisionnement dans la capitale burundaise, épargnée, par ailleurs de la pandémie mortelle jusqu’à mardi 31 mars. Tel est le climat qui prévaut, désormais, dans les rues de Bujumbura, la capitale économique du Burundi, comme constaté par le correspondant d’Anadolu. Reportage. Sur les parkings, des bus en partance vers l’intérieur du pays, des attroupements et des bousculades se font de plus en plus remarquer. Panique visiblement lisible sur les visages de gens et esprit préoccupé par le confinement qui touche la moitié de la population mondiale, nombreux citadins ont décidé de regagner leurs collines natales. « Sans travailler, je ne peux pas manger. Imaginez qu’on décide un confinement total, qu’est-ce que je vais manger ?», s’interroge Romuald, un motard rencontré à Kamenge, au nord de Bujumbura. Tenant ses bagages en mains, il décide de fuir pour ne pas mourir de faim. Il pense qu'ainsi faisant, il sera à l’abri de cette pandémie. Idem pour Charles, un vendeur de vêtements au centre de Bujumbura. Pour lui, le confinement entraînera des morts : « La majorité des gens vit au jour le jour. Même les fonctionnaires ne sont pas capables de faire des stocks. » Terrifié, Eddy Kabura, un autre citadin de Nyakabiga, commune Mukaza, au centre de Bujumbura craint le pire : « C’est fini. On n’est plus à l’abri. Vu l’état de notre système de santé, il y aura trop de morts sans doute. » D’après lui, d’autres cas de Covid19 ne vont pas tarder à se manifester. « Les deux patients ont passé un moment en train de circuler à travers les rues de Bujumbura, dans les quartiers, les bars, les habitations, sans se soucier de rien», s'exlame-t-il. Cela signifie, selon lui, que beaucoup de gens seraient déjà contaminés par cette pandémie. « J’ai passé une nuit blanche en pensant à ce qui va se produire au Burundi. En tout cas, le pays ne sera pas capable de soigner les patients atteints. J’ai peur. », a t-il confié à Anadolu. Jusqu’à lundi, le Burundi figurait parmi les six pays africains sans aucun cas positifs de la pandémie de coronavirus. Des bousculades ont été également observées devant les étalages des denrées alimentaires. L’on se bat pour constituer un petit stock. Chacun veut être servi en premier. Néanmoins, le coronavirus a fait monter les prix. « Ils ont augmenté d’au moins 0,5 dollar chaque produit, voire plus. Supposons qu’on annonce le confinement, les gens vont mourir de faim. Les prix vont exploser», prédit Anastasie Ndabaniwe, une mère de famille croisée au centre-ville. Les produits concernés étant souvent le haricot, le riz, le petit-pois, la farine de manioc, l’huile de palme, le sucre, etc. Sur les points de vente du charbon de bois, un sac qui coûtait, hier, 17 dollars est aujourd’hui il est vendu à 23 dollars, voire plus. Ce sont là des phénomènes normaux dans de telles situations, selon l'économiste Prosper Niyoboke, professeur à l'université, qui suggère par ailleurs, qu'il faudrait que des actions concrètes soient menées pour éviter la spéculation. Approché par Anadolu, il évoque la régulation des prix, l’approvisionnement du marché en produit alimentaires, etc., « un rôle qui revient au Gouvernement », estime-t-il. Réussira-t-il à freiner ce vent de panique? Le phénomène ne fait que commencer. |