Burundi : fraude massive dans une élection sans observateurs indépendants
Politique

RFI, 21-05-2020

Élections au Burundi : les rivaux d’Evariste Ndayishimiye dénoncent une fraude massive

Après les scrutins de mardi au Burundi, la commission électorale appelle à la patience. Les résultats devraient être connus ce week-end. Mais déjà les rivaux d’Evariste Ndayishimiye dénoncent une fraude massive dans une élection sans observateurs indépendants. Les États-Unis ont salué la population burundaise pour le calme dans lequel le vote s’est déroulé et demandent à toutes les parties d’éviter les provocations dans les prochains jours. 

Pour le parti d’Agathon Rwasa, le CNDD-FDD a tout fait pour frauder lors de ses élections. Le CNL cite, entre autre la coupure des réseaux sociaux le jour du vote. Cela aurait largement écarté les partisans d’Agathon Rwasa, mais aussi la presse locale et la société civile de rapporter les résultats sortis des urnes.

Selon le CNL, l’autre point noir est que les mandataires de ce parti auraient été chassés au moment du dépouillement dans plusieurs bureaux de vote. Du côté du CNDD-FDD, on assure qu’il ne s’agit là que d’une stratégie pour expliquer une défaite annoncée.

C’est sans doute les premières élections au Burundi avec si peu d’observateurs. La plupart des médias privés présents lors des derniers scrutins ont été détruits ou fermés et leurs journalistes sont en exil. Même situation pour les organisations de la société civile.

Le leader du principal parti d’opposition et son principal challenger, Agathon Rwasa, a réagi sur RFI au micro d’Esdras Ndikumana. Il dénonce des fraudes massives, rejette des résultats qu’il qualifie de « fantaisistes » et revendique la victoire.

« Lorsqu’on a commencé à faire le comptage des voix ici et là, a-t-il déclaré, on a essayé de suivre. Nous étions en tête, et les résultats que nous avons démontent que nous sommes toujours en tête. Je crois qu’on peut facilement démontrer qu'il y a de la triche dans ce qui est en train d’être publié. Les chiffres qu’on est en train de balancer sur les ondes, ce sont le résultat d’une pure manipulation, tout simplement. Nous avons remporté les élections présidentielle, législative et communale. »

L’Église catholique, elle, a été autorisé à déployer des observateurs mais uniquement dans un bureau de vote sur dix. Même chose pour la communauté internationale. Si certains ambassadeurs étrangers étaient présents dans un bureau de vote, comme l’a pointé l’ambassadeur du Burundi à New York, aucune mission étrangère n’a été autorisé à suivre les scrutins. La Communauté des États de l’Afrique de l'est devait se rendre sur place mais sa mission a été retardée par les autorités, puis annulée.