Burundi : les médias dénoncent les "appels à la haine" de radio Rema FM
Société

@rib News, 11/06/2010 – Source AFP

 Les principaux représentants des médias et des journalistes au Burundi se déclarent inquiètes des dérives d'une radio proche du pouvoir, Rema FM, accusée de "promouvoir la haine", et que l'ONU a mise en garde contre "toute incitation à la violence".

Dans un courrier au Conseil national de communication (CNC, organe de régulation des médias) ces organisations professionnelles "protestent contre le silence" de cette institution face "à la manipulation de l'information, à la promotion de la haine et à la stigmatisation de certaines personnalités politiques" auxquelles se livre Rema FM.

Les cas de "citoyens dont les noms sont déclinés (à l'antenne de Rema FM) comme des personnes ayant entrepris de déstabiliser le pays", sont cités dans la lettre

"Ce n'est pas la première fois que nous nous adressons à vous pour exprimer nos inquiétudes face au caractère haineux et dangereux des informations diffusées par Rema FM", rappellent les organisations.

"Mais l'inertie du CNC met en danger la paix sociale au regard du contexte politique que nous traversons", préviennent les organisations, dont la Maison de la presse, le syndicat des journalistes, l'association des radio diffuseurs et l'Observatoire de la presse du Burundi.

Radio privée proche du parti au pouvoir (CNDD-FDD) du président Pierre Nkurunziza, Rema FM émet depuis trois ans sur l'ensemble du territoire.

Le CNC, également dirigé par une membre active du parti au pouvoir, a perdu depuis sa crédibilité pour les médias et le corps diplomatique.

"Aux Nations unies, nous avons une très grande conscience de la volatilité de cette région, et nous avons aussi une très grande compréhension de la capacité que les médias peuvent avoir pour inciter les populations à la violence", a commenté le représentant de l'ONU au Burundi, Charles Petrie.

"Je peux vous dire que nous sommes en train de suivre tous les médias burundais et que nous sommes en train d'identifier, de noter et de documenter tous les cas d'incitation à la violence", a-t-il prévenu.

"Toute incitation à la violence n'est pas acceptable et est suivie de près par les Nations unies", a-t-il souligné.


Bujumbura, le 08 juin 2010

Transmis Copie pour Information à :

- Son Excellence Monsieur le Président de la République

avec les assurances de notre  plus haute considération ;

- Son Excellence Monsieur le Premier Vice Président de la République

avec les assurances de notre très haute considération ;

- Son Excellence Monsieur le Deuxième Vice Président de la République

avec les assurances de notre très haute considération

 

A Madame la Présidente du Conseil National de la Communication

à

Bujumbura

 

Objet : Protestation contre le silence du Conseil National de la Communication

Madame la Présidente ;

Par la présente, nous voudrions vous adresser les vives protestations des organisations  professionnelles des médias face à l’inaction du Conseil National de la Communication devant les dérives répétitives contre les normes professionnelles observées par la Radio REMA FM.

En effet, à longueur de journées, cette dernière se livre à un exercice de manipulation de l’information, à la promotion de la haine et à la stigmatisation de certaines personnalités publiques.

En guise d’illustration, en dates du 1er au 02 juin 2010, la Radio REMA FM a diffusé un long éditorial jetant en pâture des citoyens dont les identités sont déclinées comme des personnes ayant entrepris de vouloir déstabiliser le pays. En dates des 06 et 07 juin, c’est le tour des personnes présentées comme des anciens membres du parti MSD, dont les voix sont utilisées pour discréditer et porter de graves accusations à cette formation politique. Enfin, c’est également cette comparaison à peine voilée, les 04 et 05 juin, entre les partis politiques qui ont retiré leurs candidatures aux élections présidentielles aux initiateurs de l’assassinat du Président Melchior NDADAYE.

Madame la Présidente, il vous souviendra que ce n’est pas pour la première fois que nous nous adressons à vous pour exprimer nos inquiétudes face au caractère haineux et dangereux des informations diffusées par la radio REMA FM. Aujourd’hui, l’eau est en train de déborder le vase, au regard du contexte politique particulier que traverse le pays. L’inertie d’action du Conseil National de la Communication devant des dérives aussi graves conduit inéluctablement à une mise en danger de la paix sociale au cas où les choses  demeuraient en l’état.

Aussi voudrions-nous vous demander de briser ce silence et agir au plus vite parce que la moindre hésitation vous mettra face à votre responsabilité historique au cas où ces dérives que nous dénonçons en tant que confrères devaient induire une situation malheureuse déjà connue chez nous comme ailleurs mais  que personne ne souhaite.

Veuillez agréer Madame la Présidente, l’assurance de notre considération distinguée.

Pour les organisations des professionnels des Médias du Burundi

Maison de la Presse : Denise MUGUGU

ABR : Corneille NIBARUTA

UBJ : Alexandre NIYUNGEKO

OPB : Innocent MUHOZI

AFJO : Frédiane NIMPAGARITSE

OMAC : Jean-Jacques NTAMAGARA

DHD : Merthus NIYONZIMA

 

CPI à :

- L’Honorable Président de l’Assemblée Nationale

- L’Honorable Président du Sénat

- Monsieur le Ministre de l’Information, de la Communication et des Relations avec le Parlement

- Monsieur le Directeur de la Radio Rema Fm

- Monsieur le Représentant Exécutif du S.G. des Nations Unies au Burundi

- Monsieur le Représentant du Président de la Commission Africaine au Burundi

- Madame, Monsieur le Chef de Mission Diplomatique

- Madame, Monsieur le responsable des organisations de la Société civile et de défense des droits de l’Homme

- Monsieur le Président de la FIJ

- Monsieur le Président de Reporter Sans Frontières

- Madame, Monsieur le responsable des médias burundais