RFI, 30/08/2020

Cela fait 1 500 jours ce dimanche 30 août 2020 que Jean Bigirimana a disparu au Burundi. Il était journaliste au sein de la rédaction d'Iwacu, un des derniers médias indépendant du pays.

Porté disparu depuis le 22 juillet 2016, cela fait désormais 1 500 jours que l'on est sans nouvelles de Jean Bigirimana. Au moment de sa disparition, le journaliste était une jeune recrue à Iwacu, déjà à l'époque l'une des bêtes noires du régime. C'était un transfuge de la radio télévision Rema, proche du pouvoir.

Selon des témoins, le 22 juillet 2016, Jean Bigirimana avait été arrêté sur la route près de Bugarama, dans la province de Muramvya, par des agents du Service national de renseignement.

Jean Bigirimana a prévenu sa rédaction vers 11h qu'il allait faire un saut à Bugarama, sans donner plus de précisions. Vers 15h, une femme inconnue appelle le siège d'Iwacu et annonce qu'il a été enlevé. Ce sont les collègues de Jean Bigirimana qui seront les premiers à mener l'enquête.

Enquête au point mort

Ils interrogent des témoins qui disent que le journaliste a été emmené dans un véhicule du SNR, le service national de renseignements. Quand sur indication de la population, des journalistes d'Iwacu conduisent la police à deux cadavres en décomposition, dont l'un décapité, la justice se refuse à faire des tests ADN et les corps sont enterrés à la va-vite.

Depuis l'enquête est au point mort et l'on a toujours aucune trace du journaliste. 1 500 jours après sa disparition, l'ONG Amnesty international demande à ce que la vérité soit faite sur son sort et la fin de ces pratiques de disparitions forcées au Burundi.

« Il y a une recrudescence très importante de la pratique des disparitions forcées. On craint qu'une personne soit morte, mais on ne connaît jamais exactement son sort donc c'est doublement douloureux pour la famille. » - Rachel Nicholson, chercheuse sur la région des Grands Lacs à Amnesty International