Jean-Claude Mushingantahe : de la campagne du Burundi à la mairie de Quimper
Diaspora

Côté Quimper, 6 Déc 20

 Jean-Claude Mushingantahe a fui le Burundi en 2003, dans un climat d'extrême tension. Le hasard et de belles rencontres lui ont permis de s'installer à Quimper (Finistère).

Jean-Claude Mushingantahe est conseillé municipal en charge de la cité sportive de Penvillers. (©Côté Quimper)

Dans le Finistère, les amateurs d’athlétisme connaissent tous Jean-Claude Mushingantahe. Il a gagné des dizaines de courses sur route et sur piste depuis 2003. Depuis quelques années, ce spécialiste du demi-fond a toutefois levé le pied, suite à des blessures.

La course à pied, il la pratiquait déjà au Burundi, où il est né en 1983. Il grandit dans la campagne de ce petit pays d’Afrique de l’Est. En 1993, la guerre civile éclate. Jean-Claude Mushingantahe ne veut pas trop parler de cette époque. Il consent juste à évoquer « ces nuits passées à l’école car c’était le seul endroit à peu près sûr », « ces personnes qui disparaissent et qu’on ne reverra jamais », « cette violence qui flambe alors qu’on essaye de vivre depuis des décennies en paix entre ethnies ».

« Une autre planète »

Jean-Claude Mushingantahe fuit son pays en 2003. Rapidement, il atterrit à Paris et comprend qu’il ne peut pas vivre dans la capitale :

« En arrivant en France, j'ai changé de planète. Je parlais français mais je n'avais plus aucun repère. Tout était différent, absolument tout. Il m'a fallu tout apprendre. Au bout d'une semaine, j'ai quitté Paris pour la Bretagne. J'aurais pu m'arrêter n'importe où. Je suis descendu du train à Quimper. » Jean-Claude Mushingantahe

Son voisin dans le train l’héberge la première nuit. Il est ensuite aidé par des associations. Commence alors un long parcours d’intégration :

« Cela passe par de nombreuses étapes qui ont toutes leur importance : le début de ma formation en bac pro automatisme industriel au lycée Thépot, mes premiers boulots, l'obtention de la nationalité française... A ce moment-là, je devenais un citoyen. Je n'étais plus un migrant. » Jean-Claude Mushingantahe

« J’ai rencontré les bonnes personnes »

Jean-Claude Mushingantahe n’est pas du genre à se plaindre ou à critiquer. Au contraire, il ne veut retenir que les belles rencontres : « J’ai eu la chance de rencontrer des personnes de valeur qui m’ont aidées. Impossible de toutes les citer mais je leur suis  reconnaissant. » Le Quimper athlétisme tient une place particulière dans son parcours.

« L'athlétisme m'a beaucoup apporté psychologiquement. Car j'étais dans la réussite, j'étais encouragé, je rencontrais du monde, je me faisais des amis. C'est essentiel. Car pour un migrant, le pire est de ne rien faire, de ne voir personne. » Jean-Claude Mushingantahe

Au fil des années, le Burundais trouve sa place. Il se marie avec une compatriote, Clémentine. Trois filles naissent de cette union. Après avoir conduit des cars pendant 11 ans, Jean-Claude Mushingantahe est désormais au volant des bus de la Qub.

La cité sportive de Penvillers

Croyant, Jean-Claude Mushingantahe voulait aider à son tour.

« Je n'avais jamais pensé à m'investir en politique ! Je connaissais Isabelle Assih depuis quelques années. Quand elle m'a demandé de participer à la campagne et de m'investir, j'ai bien pris le temps de réfléchir : qu'est-ce que je peux apporter aux Quimpérois ? » Jean-Claude Mushingantahe

Il s’est donc laissé tenté par cette aventure. Encore une nouvelle planète à découvrir ! Jean-Claude Mushingantahe est conseiller municipal délégué chargé du développement du sport dans les quartiers et du projet de cité sportive de Penvillers. Des sujets qu’il connaît déjà bien.

« Mais je prends le temps de tout comprendre, d’écouter tout le monde. Concernant la cité de Penvillers, des commissions vont être mises en place pour établir le projet », annonce l’élu. En début d’année, le diagnostic du vieux stade devrait être rendu. On connaîtra alors quelle sera l’étendue des travaux.

Jean-Claude Mushingantahe n’aime guère retracer sa vie. Il ne tire aucune fierté de ce parcours, pourtant exemplaire. Il vit l’instant présent et se projette vers l’avenir.

Par Adele Leberre