Burundi : l’anniversaire de l’indépendance sous le signe d’une petite embellie
Politique

Le Soir, 2/07/2021

Dans son discours, le président Evariste Ndayishimiye a souhaité une « nouvelle alliance » avec le Rwanda voisin.

La célébration du 59e anniversaire de l’indépendance du Burundi a été marquée par deux événements qui ravivent un certain optimisme : la libération du militant des droits de l’homme Germain Rukuki (qui a passé quatre années en détention dans la prison de Ngozi) et la présence du Premier ministre rwandais Edouard Ngirente aux cérémonies d’anniversaire.

Germain Rukuki est un ancien militant de l’Association des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT-Burundi), qui avait été arrêté à Bujumbura en 2017 pour atteinte à la sécurité de l’Etat tandis que des dizaines de ses compatriotes cherchaient refuge au Rwanda et dans d’autres pays d’Afrique et d’Europe pour fuir la répression au lendemain du coup d’Etat manqué du 13 mai 2015 contre le président Pierre Nkurunziza.

Après le décès de ce dernier, emporté officiellement par le covid (alors qu’il en niait l’existence) son successeur Evariste Ndayishimiye a entamé une prudente politique d’ouverture, renouant le dialogue avec l’Union européenne et essayant de rétablir de meilleures relations avec le Rwanda qui accueille des milliers de réfugiés burundais. Depuis 2015, les deux pays s’accusent régulièrement d’accueillir leurs opposants respectifs et même de soutenir des groupes armés, dont certains ont essaimé dans le Sud-Kivu, en République démocratique du Congo.

Des « taquineries »

Après cinq années d’isolement, le président burundais (un militaire lui aussi issu du parti au pouvoir CNDD), essaie prudemment de détendre la situation sur le plan intérieur, d’encourager les exilés à rentrer au pays ; et il souhaite manifestement renouer avec son voisin du nord. La présence à Gitega du Premier ministre rwandais a été applaudie par le public et le chef de l’Etat burundais a déclaré : « Votre visite au Burundi est comme un miracle après de longs mois de “taquineries” », un euphémisme pour rappeler les accusations régulièrement échangées entre Kigali et Bujumbura… Le chef de l’exécutif burundais a souhaité « entamer un nouveau chapitre » qu’il qualifie de « nouvelle alliance ».

Cette tentative de réconciliation vient après les entretiens à Gisenyi (Rwanda) puis à Goma (RDC), entre le président congolais et le chef de l’Etat rwandais, qui se sont traduits par des accords en matière de sécurité et des accords commerciaux.

Ces rencontres au sommet entre dirigeants des trois pays, Rwanda, Burundi et RDC augurent peut-être de la pacification de cette région dévastée par les groupes armés de diverses obédiences.

Par Colette Braeckman