Jean-Baptiste Alaize, de la guerre au Burundi aux Jeux paralympiques de Tokyo
Sports

Europe 1, 24 août 2021

Jean-Baptiste Alaize défendra les couleurs de la France lors des Jeux paralympiques, qui s'ouvrent mardi à Tokyo. L'athlète tricolore de 30 ans, spécialisé dans le sprint et la longueur, vraie chance de médaille pour notre délégation, est une victime de la guerre civile au Burundi. Portrait

témoignage

Trois semaines après les Jeux olympiques, les Jeux paralympiques de Tokyo débutent mardi, avec une cérémonie d'ouverture prévue à 13 heures, heure de Paris. Pas moins de 138 sportifs vont défendre les couleurs de la France au sein de la délégation tricolore. Parmi eux se trouve Jean-Baptiste Alaize, athlète amputé d'une jambe et victime de la guerre civile au Burundi, qu'a rencontré Europe 1.

Quitter "le monde des morts"

Né en 1991 au Burundi, Jean-Baptiste Alaize est victime de la guerre civile entre Tutsis et Hutus. Il est amputé d'une jambe, lacérée à la machette, à l'âge de 3 ans. Il est ensuite adopté par une famille de Bonlieu-sur-Roubion, dans la Drôme, où il débarque à l'âge de 7 ans. À l'époque, le petit garçon passe ses nuits à faire des cauchemars. Il pense à la guerre, au meurtre de sa mère dont il fut témoin, et à ce tibia amputé dont il a honte.

Et puis, tout commence à changer le jour où il reçoit sa première prothèse. Jean-Baptiste Alaize se souvient avoir alors quitté "le monde des morts" pour revenir parmi les vivants. "Quand j'ai eu ma première prothèse de marche, j'ai eu une sensation de liberté de pouvoir croire en une nouvelle vie, en la possibilité de remarcher avec deux jambes", se souvient l'athlète tricolore. "Je n'y croyais pas, je ne savais pas du tout ce que c'était une prothèse. J'étais tellement heureux. Mes parents m'ont donné la prothèse à 8 heures du matin et je suis partie, jamais revenu jusqu'à 20 heures du soir. Et ma vie a changé du jour au lendemain."

Il enchaîne les podiums

Avec sa prothèse, Jean-Baptiste Alaize découvre l'athlétisme et se met à courir, lui qui court même plus vite que les valides. Il part à l'Insep, le repaire du sport de haut niveau en France, à l'âge de 21 ans. Il se spécialise dans le sprint et le saut en longueur, disciplines dans lesquelles il enchaîne les podiums. Aujourd'hui, à 30 ans, il est l'un des chefs de file de la délégation, incarnation d'une vie résiliente.