Trouver le pardon dans les charniers du Burundi

@rib News, 05/10/2021 – Source The New Humanitarian

Journal de bord d’un reporter :
Trouver le pardon dans les charniers du Burundi

« J’éprouve de la tristesse quand je pense à la mort de mon père, mais de la joie en voyant enfin ses restes. »

Désiré Nimubona

Note de la Rédaction : Les flambées de violence qui ont ébranlé le Burundi depuis les années 1960 n’ont guère retenu l’attention en comparaison avec les événements qui se sont déroulés au Rwanda voisin. Par conséquent, quand une Commission vérité et réconciliation a entrepris de fouiller des charniers pour enquêter sur les atrocités commises, le journaliste Désiré Nimubona a commencé à tenir un journal. Pendant plus d’un an, il a suivi la commission partout dans le pays, se penchant sur le passé tourmenté du Burundi et, par là même, sur le sien.

Les illustrations de cette pièce ont été réalisées par l'artiste burundaise Evelyne Cynthia Shaka Kabushemeye.

BURURI, Burundi - J’ai toujours une cicatrice qui descend le long de ma main droite. Elle date de l’époque où un camarade de classe m’a donné un coup de couteau, en 1995, tandis que je dormais dans un dortoir. Il s’agissait d’un Tutsi dont les frères avaient été tués quelques années plus tôt. Accablé par la peine, il a reporté sa colère sur moi, un Hutu. Je dois la vie à une couverture suffisamment épaisse pour avoir empêché la lame de pénétrer profondément.

Le Burundi est un endroit tourmenté. La découverte de milliers de charniers depuis un an et demi le montre clairement, surtout quand on sait que ce pays minuscule n’est peuplé que de quelques millions d’habitants.

Les charniers contiennent les restes des victimes de massacres qui ont meurtri mon pays pendant des décennies. Comme au Rwanda voisin, la plupart des victimes sont mortes en raison de leur origine ethnique, hutu ou tutsi, mais les tueries au Burundi ont reçu une bien moindre attention.

Néanmoins, des fouilleurs en combinaisons et bottes de caoutchouc recueillent à présent ces restes humains, dans l’espoir de pouvoir enfin identifier les morts et établir les circonstances de ces crimes de génocide peu documentés et insuffisamment reconnus.

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