Burundi : après la «réouverture» de la BBC, «des progrès lents et limités» pour RSF
Droits de l'Homme

RFI, 01/04/2022

Le régulateur burundais des médias a annoncé, le mercredi 29 mars 2022, la « réouverture » de la radio britannique BBC. Depuis qu'il a été élu en juin 2020, le président Évariste Ndayishimiye a donné plusieurs signes d'ouverture. En janvier 2021, il a notamment appelé le le Conseil national de la communication (CNC) à prendre langue avec les médias sous sanctions pour tourner la page. Les choses bougent, mais des problèmes de liberté d'expression persistent pour l’ONG Reporters sans Frontières.

Officiellement, le Conseil national de la communication (CNC) avait suspendu la diffusion le 4 mai 2018 de la BBC et de la radio américaine VOA pour « manquements à la loi régissant la presse et à la déontologie », avant de retirer son autorisation d'exploitation à la radio britannique l'année suivante, malgré ses protestations. L’antenne est désormais rétablie. Reporters sans Frontières, une ONG de défense des médias, salue un nouveau signal positif envoyé par Gitega, mais l'organisation prévient : « ce sont des progrès lents et limités », en rappelant qu'il a fallu plus d'une année entre le discours du président Évariste Ndayishimiye et la levée des sanctions contre la BBC.

Signature d'une charte

Jusqu’ici, seules deux des quatre radios télévisions indépendantes du Burundi détruites par les forces de l'ordre en 2015 ont pu reprendre leurs émissions jusqu'ici. Mais elles ont dû signer une charte qui restreint leur liberté de parole. Le Conseil national de la communication avait dans un premier temps présenté pour signature à la radio britannique un texte proche de cette charte. « Inacceptable » pour la BCC. De longues négociations se sont donc engagées entre les deux parties. Elles viennent d'aboutir, il y a peu, sur un document très proche de l'ancienne convention qui les liaient, selon nos sources.

Reste la Voix de l'Amérique (VOA), dont le cas n'a pas été évoquée mercredi. Le pouvoir burundais continue d'exiger, avant de l'autoriser à réémettre, qu'elle licencie un journaliste burundais, Patrick Nduwimana, condamné à la prison à perpétuité pour sa présumée participation à la tentative de putsch de 2015, dans un procès qualifié « d'inique » par la communauté internationale.

Des « journalistes continuent à être mis à l'index »

Enfin, RSF rappelle également que des « journalistes continuent à être mis à l'index » au Burundi, en dénonçant une culture de la répression qui perdure dans le pays. Ceux qui sont à l'intérieur du pays sont sous pression et ne peuvent pas s'exprimer librement, alors que plus d'une centaine d'autres sont forcés de vivre en exil.