La journée nationale du patriotisme divise au Burundi
Politique

Deutsche Welle, 08.06.2022

 La journée est liée à la deuxième commémoration de la mort de l’ancien président Pierre Nkurunziza (photo), au pouvoir de 2005 à 2020. Elle est aussi source de controverses au sein de la classe politique.

La journée nationale du patriotisme, ce mercredi 8 juin au Burundi, a sa raison d’être. C’est du moins ce qu'assurent plusieurs interlocuteurs de la Deutsche Welle. Contredits par d'autres. Il faut dire que cette journée est liée à la mort de l’ancien président controversé Pierre Nkurunziza. Et que cela ne plaît pas à tout le monde.

Ce dernier sert de référence à Kassim Abdoul, président du parti Union pour la paix et le développement. "Nous pensons que Pierre Nkurunziza aura servi d’exemple pour certaines choses", explique-t-il. "Prenons par exemple en 2005, à la fin de la crise. Les Burundais étaient enfermés dans des tendances extrémistes et ethniques. Mais Pierre Nkurunziza a essayé de diminuer les tensions extrémistes. Pour nous, c’est une occasion de réfléchir, de penser à une vraie réconciliation nationale où les Burundais doivent réfléchir à comment se défaire des divisions ethniques régionales, des problèmes d’exclusions que nous avons vécus dans notre pays", ajoute  Kassim Abdoul.

Revoir l'organisation de cette journée

Mais pour le Congrès national pour la liberté, la principale formation politique d’opposition au Burundi, le défunt président Pierre Nkurunziza ne devrait pas être le seul personnage lié à cette célébration.

Pour Thérence Manirambona, chargé de la communication et porte-parole de ce parti, l’organisation de cette journée est même à revoir. "Nous constatons malheureusement que l’on ignore les autres Burundais qui ont marqué l’histoire de notre pays, qui ont sacrifié leur vie et qui sont relégués aux oubliettes. Tout le monde naît patriote", insiste Thérence Manirambona. "Mais il y a des gens qui se considèrent comme plus patriotes que les autres. C’est de là que naissent les discriminations, l’exclusion. Si on n’y prend pas garde, on risque même de retourner en arrière. Pour le parti CNL, il serait aussi bon que tous ces autres Burundais qui ne sont pas connus soient honorés en public pour que le patriotisme ne soit pas l’apanage d’un individu ou d’un groupe d’individus", soutient le chargé de communication du Congrès national pour la liberté (CNL), d'Agathon Rwassa.

La journée nationale du patriotisme et la commémoration de la mort du président Pierre Nkurunziza est célébrée pour la deuxième fois. Elle est prévue par le décret présidentiel du 7 juin 2021, fixant la liste et le régime des jours fériés au Burundi.