Aujourd’hui, un homme comme Rwagasore manque cruellement au Burundi
Opinion

@rib News, 01/07/2010

HOMMAGE APPUYE AU PRINCE LOUIS RWAGASORE ET A SES COMPAGNONS DE LUTTE !

Ce 1er juillet 2010, les Burundais fêtent, comme chaque année depuis déjà 47 ans, l’Indépendance Nationale. Une autodétermination arrachée au forceps après une lutte, longue et acharnée, de nos vaillants aïeux. Le fer de lance de ce noble combat reste sans nul doute le Prince Louis Rwagasore et ses compagnons de lutte nationalistes, en l’occurrence Paul Mirerekano, Pierre Ngendanumwe, Thaddée Siryuyumusi, Zénon Nicayenzi, Valentin Bankumuhari, etc.

Ces Hérauts ont abattu un travail titanesque. Mais qu’en avons-nous fait ? Oui, 48 années se sont déjà écoulées ! Qu’avons-nous fait et appris au cours de ces 48 dernières années ? La majorité des Burundais ont-ils réellement profité de cette souveraineté nationale si souveraineté il y a ?

La seule certitude est que chaque année, ceux qui ont présidé, président ou présideront encore aux destinées du Burundi ont chanté, chantent ou chanteront l’hymne national « Burundi Bwacu » la main sur le cœur ! Ils ont écouté, écoutent ou écouteront le legs du Prince Louis Rwasore, son discours historique prononcé le 19 septembre 1961 au lendemain de la victoire de l’UPRONA aux élections législatives. Et peut-être même certains de ces dignitaires ont plagié, plagient ou plagieront ce discours sans véritablement s’approprier en actes son contenu.

Le Prince Louis Rwagasore : un véritable patriote visionnaire.

«… C’est pourquoi, mes chers compatriotes, la victoire électorale d’aujourd’hui n’est pas celle d’un parti mais le triomphe de l’ordre, de la discipline, de la paix, de la tranquillité publique. Et d’ajouter «  Il faut surtout que les habitants du Burundi se sentent en paix et en sécurité, que personne ne se croit menacer et que chacun ait confiance dans la protection du Gouvernement. C’est pourquoi ce Gouvernement qui sera formé bientôt aura comme premier devoir de sévir sévèrement contre tout fauteur des troubles, les irresponsables quels qu’ils soient. J’exhorte surtout plus spécialement les partisans et amis de l’UPRONA à se montrer dignes de la victoire du Parti. Les militants actifs doivent agrandir le cercle de nos amis, tendre loyalement et cordialement la main aux adversaires d’hier et non étaler de l’orgueil ou de l’insolence.»

Malgré ces célèbres propos dont se gargarisent souvent tous les responsables burundais, le fouet du colon a été remplacé par le pistolet silencieux, la machette, les grenades qui ont déjà emporté plusieurs burundais sans distinction d’ethnie, de religion, de clan, de parti politique, etc. La police qui est censée protéger les citoyens burundais abuse de ses pouvoirs pour commettre des forfaits de toute sorte. La parfaite illustration de ce dérapage est l’exemple des scouts en uniforme fusillés à bout portant par des policiers trop zélés ou encore ce faux putsch inventé de toutes pièces juste pour emprisonner et torturer des innocents en la personne du Président Ndayizeye Domitien et son ancien Vice Président Alphonse Marie Kadege.

Ce n’est plus un secret pour personnes : aujourd’hui, la population n’a plus confiance en cette police burundaise. Les exemples récents d’accrochage entre les citoyens burundais et la police burundaise le prouvent à suffisance. Je citerai entre autres exemples, les deux policiers pris en otage par des étudiants à l’Université du Burundi ou les accrochages avec les populations qui s’opposaient à l’arrestation de Rwasa Agathon, Président du FNL-PALIPEHUTU qui, en principe bénéficiait d’une immunité provisoire.

La commémoration du 48ème anniversaire de l’indépendance nationale de ce 1er juillet 2010 s’organise donc dans un contexte historique particulier pour le Burundi.

En effet, comme le Prince Louis Rwagasore l’a bien dit «Car sans autorité forte, aucun pays ne connaît l’ordre, la paix, la tranquillité. Sans autorité forte, point de progrès. C’est aussi le triomphe de la démocratie telle que le peuple murundi la comprend et la veut, c’est-à-dire la véritable justice sociale plutôt que des formes extérieures d’une démocratie de surface.»

La commémoration du 1er Juillet coïncide presque avec la fin des 5 années de législature de Pierre Nkurunziza et de son parti CNDD-FDD. Une législature marquée par une autorité faible, une injustice sociale, par un populisme primaire aveugle et une démocratie de surface.

Conséquences d’une législature qui se résume en fiasco

Ø      Un bilan désastreux du CNDD-FDD et du gouvernement Nkurunziza Pierre dans tous les secteurs de la vie nationale. Le Chef de l’Etat s’est illustré par des mesures plus populistes que populaires. Des mesures improvisées, parfois dangereusement démagogiques, sans aucune mesure d’accompagnement, et ses hobbies (prière, vélo et football) plutôt que de mettre en avant des idées innovatrices de reconstruction du tissu social, déchiré par la guerre, du développement intégral et du rayonnement du Burundi dans le concert des Nations.

Ø      Des burundais divisés, conséquence de la crise politique grave qui secoue le pays suite aux fraudes massives au cours des élections communales et présidentielles organisées par le parti CNDD-FDD avec la complicité de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Une véritable forme de « démocratie de surface » et un fiasco innommable.

Ø      Une fin chaotique de la législature du Président Nkurunziza et de son parti, essentiellement caractérisée par la montée en flèche des violences et le risque d’une nouvelle guerre : vraie lutte pour la défense de la Patrie et de la véritable Démocratie au Burundi. Le départ de son domicile du Président du FNL-PALIPEHUTU Agathon RWASA qui, pourtant devait bénéficier d’une immunité provisoire, s’est senti menacer, et avec raison a préféré prendre le large. Son départ peut-être interprété comme un échec de la politique de Nkurunziza Pierre et un retour à la case de départ en matière de paix et de sécurité.

Le Prince Louis Rwagasore comme leader charismatique et sensible aux préoccupations de la population.

«L’heure est arrivée de se pencher sur les véritables problèmes de la nation : problèmes économiques surtout, problèmes de la terre et de l’émancipation sociale du petit peuple, problèmes de l’enseignement et tant d’autres, auxquels nous cherchons et trouverons des solutions qui nous sont propres.»

Alors que la majorité des Burundais attendaient les dividendes de la paix et de la démocratie à l’issue des élections de 2005, ils ont vite déchanté. La faim, la maladie, le chômage des jeunes, l’injustice sociale, l’insécurité des biens et des personnes, le faible pouvoir d’achat des fonctionnaires, la baisse du niveau des élèves du secondaire et des étudiants des universités burundaises, etc. sont autant de problèmes que les Burundais vivent au quotidien. La fermeture de certaines sociétés burundaises comme le COTEBU, banques et bientôt la SOSUMO illustre, à n’en pas douter, la gestion cafouilleuse du pouvoir CNDD-FDD.

Le Prince Louis Rwagasore comme véritable Père de la Nation.

«Le Comité National de l’UPRONA sera sans pitié pour ceux de ses partisans qui ne respectent pas ce mot d’ordre impératif de courtoisie, de tolérance et de respect d’autrui, car le Parti ne tolérera pas que le prestige, l’honneur et l’avenir de la Patrie soient compromis par des paroles ou des gestes irréfléchis de quelques exaltés.»

Nous assistons depuis des années à la violation massive des droits de l’homme, aux assassinats ciblés, aux emprisonnements arbitraires, à la création des milices, etc. Plus de «courtoisie, de tolérance et de respect d’autrui». «Le prestige, l’honneur et l’avenir de la Patrie sont compromis» chaque jour en paroles et en actes. Les fraudes massives au cours des élections de 2010 cautionnées par la CENI, le détournement des deniers publics, la corruption, le clientélisme qui sont devenus un mode de gouvernement au Burundi, l’incapacité, à deux reprises du Burundi d’assurer la Présidence de l’EAC, le non respect des lois et des accords signés etc. en sont des preuves irréfutables du « prestige, de l’honneur et de l’avenir de la Patrie » qui sont bien compromis.

«Aux voleurs, agresseurs et bandits de toute espèce, nous annonçons une répression énergique et impitoyable, un châtiment dont ils se souviendront.»

Le banditisme, les agressions et le lancement des grenades auxquels on assiste au Burundi montrent à suffisance qu’il n’y a pas d’autorité forte. Le problème fondamental est qui peut châtier qui au Burundi ? Aucune loi n’est respectée au Burundi par ceux-là même qui sont censés protéger la loi. N’est-il pas temps de remettre à leur place quelques burundais qui se considèrent comme de petits dieux et qui se permettent de supprimer la vie de leurs compatriotes. Un droit élémentaire de l’homme, c’est bien le droit à la vie. Beaucoup de vies humaines ont été emportées et continuent d’être emportées par la barbarie humaine sans que les agresseurs ne soient identifiés et châtiés. C’est le cas de ces paysans de Muyinga massacrés, Ernest Manirumva et bien d’autres connus ou non connus.

Le Prince Louis Rwagasore rêvait d’un Burundi paisible, heureux et prospère.

«A cette heure de la victoire du Parti, fût-il le mien, je ne suis pas grisé par le succès, car pour moi et mes amis, la véritable victoire ne sera atteinte qu’après l’accomplissement d’une tâche difficile mais exaltante ; un Burundi paisible, heureux et prospère.»

« Un Burundi paisible, heureux et prospère » ne sera possible que si la loi et tous les accords signés sont respectés, si la loi de la jungle est bannie au Burundi, s’il n’y a plus de Burundais qui s’autorisent d’être au dessus de la loi et se comporter comme de petits dieux. « Un Burundi paisible, heureux et prospère » ne sera possible que si le pays a une autorité forte, un leader charismatique ayant une très bonne vision de paix, de démocratie rassurante pour tous les burundais, de justice sociale équitable et des idées innovatrices de développement intégral du Burundi.

Le Prince Louis Rwagasore diplomate et bon stratège.

«Nous ouvrons nos bras à tous ceux qui veulent collaborer avec franchise et bonne foi. Nous sommes des hommes d’honneur, des hommes réfléchis et calmes et nous voulons donner au peuple ce qu’il lui a été promis.»

Tisser des relations d’amitié avec les autres pays et organisations internationales comme les Nations Unies sans hypothéquer les intérêts du Burundi est une des voies pour redorer l’image du Burundi et attirer des capitaux. La bonne gouvernance et une très bonne image dans le concert des Nations restent la seule voie d’éviter de se brouiller avec le reste du monde. En tout cas, les trois représentants des Nations Unies chassés du Burundi par le pouvoir de Nkurunziza ou le retrait par le gouvernement burundais de l’agrément de la représentante de Human Rights Watch et qui a été intimé de quitter le Burundi discréditent le Burundi et ses dirigeants, n’entrent pas dans la lignée du Prince Louis Rwagasore.

Le Prince Louis Rwagasore, grand homme de ce monde.

Aujourd’hui, le Burundi traverse une crise politique grave. Un homme comme le Prince Louis Rwagasore manque au Burundi pour contribuer au retour de la paix, réconcilier les Burundais, remettre sur les rails des élections libres, transparentes et véritablement démocratiques, instaurer une véritable démocratie en paroles et en actes, reconstruire un état de droit basé sur une justice sociale équitable pour tous les citoyens burundais, bannir le clientélisme, le népotisme, la corruption et autres fléaux qui hypothèquent l’image du Burundi dans le concert des Nations, relancer la reconstruction intégrale de Notre Chère Patrie pour qu’enfin chaque citoyen burundais retrouve les dividendes de la paix, de cette démocratie tant souhaitée par la majorité des citoyens burundais et plus particulièrement les plus démunis qui sont souvent victime de la loi de la jungle et de la barbarie humaine auxquelles nous assistons depuis belle lurette.

Le Prince Louis Rwagasore est un des grands hommes qui ont changé le monde comme Ghandi, Nkwamé Nkruma, Mandela, Louis Pasteur, Albert Einstein pour ne citer que ceux-là. Le Prince Louis Rwagasore a changé l’histoire du Burundi en luttant pour son indépendance. Aux générations actuelles et futures de lutter pour que le Burundi soit un pays de lait et de miel, « un Burundi paisible, heureux et prospère» tant rêvé par le Prince Louis Rwagasore. C’est la seule voie de sauver, honorer et sauvegarder son héritage.

En attendant le messie qui sauvera la Patrie en danger, je souhaite

A TOUS LES BURUNDAIS QUI Y CROIENT ENCORE ET PLUS PARTICULIEREMENT AUX PLUS DEMUNIS ET AUX VICTIMES DE LA LOI DE LA JUNGLE, UNE BONNE FETE DE L’INDEPENDANCE NATIONALE.

Un libre penseur burundais