Disparitions forcées, un phénomène toujours récurrent au Burundi
Droits de l'Homme

Deutsche Welle, 30.08.2022

- Les opposants politiques sont les principales victimes des disparitions forcées au Burundi.

Ce 30 août, journée internationale des victimes de disparitions forcées, nous allons au Burundi où ce phénomène touche depuis des décennies les opposants politiques.

En dépit des déclarations officielles du gouvernement actuel du Burundi, le phénomène des disparitions forcées n'a pas disparu dans le pays et plusieurs témoins confirment la persistance de cas d'enlèvement. Un phénomène qui empêche par ailleurs les familles des victimes de faire leur deuil.  

"Les gens disparaissent et sont retrouvés sans vie, d'autres sont arrêtés et enlevés pour ne plus les retrouver..."

Avant de se confier à la DW, le jeune homme de 33 ans qui s'exprime a requis l'anonymat. Chômeur depuis la fin de ses études secondaires et ancien militant de l'opposition, il continue à suivre les cas de disparitions et leur persistance l'inquiète.  

"Si on essaie de se renseigner dans tout le pays, on entend souvent des cas d'enlèvement et après on retrouve ces personnes mortes au bord des routes ou dans les rivières. Des gens sont arrêtés sans mandat d'arrêt et le lendemain on les retrouve morts ou ils disparaissent sans laisser de traces" explique t-il.  

Une histoire douloureuse

Depuis 1960, le Burundi a connu au moins une crise socio-politique par décennie. Des gens sont morts assassinés, d'autres ont été enlevés et portés disparus. Hantés par les souvenirs traumatisants ou par peur des représailles, rares sont les témoins qui acceptent de parler.

Un étudiant qui a assisté à l'enlèvement d'un proche dans son quartier a également accepté de témoigner. Six ans plus tard, il éprouve toujours des difficultés à relater les faits. 

"Je ne vois pas par où commencer... Les policiers et ceux qui étaient en tenues civiles ont arrêté un de mes amis du quartier, je ne vais pas citer son nom. On l'a transporté, il était orphelin avec sa sœur. La seule chose que sa sœur a pu faire, c’est chercher dans toutes les prisons, elle a essayé de faire des communiqués sur WhatsApp, mais elle ne l'a pas retrouvé. On l'accusait d'être un assaillant, c'est pour cela que sa sœur n’a pas porté plainte devant la justice" explique t-il. 

Et quand on lui demande ce qu'il attend de la justice. Sa réponse: "que la justice soit rendue aux familles des victimes, c'est ça."

Selon la tradition et la culture burundaises, on ne procède pas aux cérémonies de levée de deuil tant que l'on n'a pas enterré un proche. Ainsi, les familles des victimes de disparitions forcées, pendant les crises que le pays a traversé depuis le lendemain des indépendances jusqu'à aujourd'hui, n'ont procédé ni au deuil ni à la levée de deuil. Ce qui éternise les traumatismes psychologiques chez les familles des victimes.