Burundi : Mise au point de l’opposition sur le processus électoral en cours
Politique

@rib News, 06/07/2010

DECLARATION AU SUJET DE LA PARTICIPATION AUX ELECTIONS LEGISLATIVES

L’ADC-IKIBIRI porte à la connaissance de l’opinion nationale et internationale ce qui suit :

            I. Les faits au sujet de la mascarade électorale.

1. Après avoir rejeté, à juste titre, les résultats falsifiés des élections communales du 24 mai 2010, l’ADC-IKIBIRI a demandé leur annulation, la révocation de la CENI pour manquements graves et l’ouverture d’un dialogue pour mettre en place les conditions d’élections justes, honnêtes et transparentes.

2. Le chef de l’Etat n’a pas daigné répondre à ces demandes réalistes et justifiées.

3. Considérant dès lors que les conditions d’une compétition libre et honnête n’étaient pas remplies et ne voulant nullement être complices d’un sabordage de la démocratie, les partis membres de l’ADC-IKIBIRI se sont retirés de la compétition.

4. Au lieu de mesurer la gravité de la situation, le chef de l’Etat, la CENI et le Ministre de l’Intérieur ont préféré foncer vers l’inconnu, empirant la situation : le Ministre de l’Intérieur a instruit les gouverneurs et la police d’interdire toute réunion de l’opposition , violant ainsi le principe du multipartisme reconnu par la Constitution ; la CENI a maintenu le calendrier et le chef de l’Etat candidat du parti au pouvoir a été, en toute illégalité,  le seul autorisé à faire campagne.

5. Pour cette mascarade solitaire du Chef de l’Etat, on a forcé la population à aller voter sous les menaces comme le témoignent les rapports préliminaires des observateurs tant nationaux qu’internationaux, notamment à Muyinga, Ngozi et Karusi.

Les membres des CECI qui étaient absents ont été remplacés par des militants zélés du CNDD-FDD.

Les Procès-verbaux étaient signés à l’avance comme par exemple à Kinama et à Ngagara, où les journalistes de la Radiotélévision Renaissance ont été menacés pour avoir fait constater cela.

6. Constatant que le taux de participation a été très faible, le président de la CENI  a supprimé unilatéralement la nuit électorale pour manipuler et gonfler le taux de participation qui, de l’avis des observateurs honnêtes, n’atteignait pas  30%.

            II. Position et exigences de l’ADC-IKIBIRI

A. Position de l’ADC-IKIBIRI

1. L’ADC-IKIBIRI ne reprendra sa participation au processus électoral qu’après les conclusions issues d’un cadre de dialogue pour vider le contentieux électoral relatif aux violations de la Constitution et du code électoral par la CENI. Ces violations de la loi ont ainsi favorisé les irrégularités et les fraudes massives qui ont caractérisé la série de mascarades électorales.

2. L’ADC-IKIBIRI ne reconnaîtra pas Pierre Nkurunziza comme président de la République, Chef de l’Etat, car les dispositions constitutionnelles relatives à l’élection présidentielle n’ont pas été respectées. Il est et reste le Président sortant et son mandat expire définitivement à terme échu.

3. L’ADC-IKIBIRI considère que le Chef de l’Etat, la CENI et le Ministre de l’intérieur ont violé la Constitution, attenté au pacte républicain et en répondront devant l’histoire. L’ADC-IKIBIRI considère un tel acte comme un cas de haute trahison aux allures d’un Coup d’Etat constitutionnel.

4. L’ADC-IKIBIRI déplore la ghettoïsation politique du camp présidentiel englué dans une logique d’affrontement et de violence, caractérisée par les assassinats, l’emprisonnement des opposants, la violation de leurs droits civils et politiques, le refus du droit de voyager; etc. alors qu’un dialogue franc peut venir à bout, à moindre coût, des blocages actuels.

5. L’ADC-IKIBIRI considère comme une complicité  la réaction timorée de la Communauté Internationale qui n’a pas le courage de désavouer clairement les graves violations de la Constitution et du Code Electoral par la CENI et le Président de la République sortant et attire son attention sur ses responsabilités découlant des conséquences liées aux dérapages éventuels.

6. L’ADC-IKIBIRI prend à témoin la communauté nationale et internationale sur sa bonne foi, son attachement à la paix et son offre de dialogue pour assurer au Burundi les fondements solides d’une démocratie mise en péril par les acteurs cités.

B. Exigences de l’ADC-IKIBIRI

Compte tenu de tout cela, l’ADC-IKIBIRI exige :

1. La libération sans condition de tous les militants de l’opposition injustement     incarcérés.

2. L’arrêt immédiat des violations des droits civils et politiques des leaders et militants de l’opposition.

3. La suspension du processus électoral en attendant les conclusions du dialogue réclamé.

4. La désignation dans les meilleurs délais d’un comité technique préparatoire du dialogue politique comprenant des experts de l’ONU, de l’Union Européenne, des Etats Unis, de l’Union Africaine,  de l’Institution des Bashingantahe, ainsi que les délégués des partis politiques en conflit.

                                     Fait à Bujumbura le 04 juillet 2010

                                      Pour l’ADC-IKIBIRI

                                      Léonard NYANGOMA

                                      Porte-parole