Vestine Nahimana, la présidente du CNC à contre-courant des médias
Société

@rib News, 06/07/2010

Vestine NahimanaLa présidente du Conseil national de la Communication (CNC), Vestine Nahimana, a animé une conférence de presse ce lundi soir au cours de laquelle elle a accusé les journalistes en synergie d’avoir attisé le feu dans le pays par leurs reportages.

Selon Vestine Nahimana, les médias se sont comportés comme la RTLM, la tristement célèbre radio de la haine lors du génocide rwandais de 1994. Vestine Nahimana accuse les radios en synergie d’avoir octroyé peu de temps au candidat unique du Cndd-Fdd, Pierre Nkurunziza en campagne pour la présidentielle.

Autre "faute grave", selon Vestine Nahimana, c’est que les journalistes ont rapporté un faible taux de participation lors de la présidentielle, contrairement à ce qui est avancé par la commission électorale. "Vous étiez au service de l’opposition et vous avez sans doute aidé les partis contestataires des élections", a lancé la présidente du CNC qui s’exprimé en langue nationale lors de sa conférence de presse.

Vestine Nahimana a menacé que toutes les radios en synergie pouvaient être suspendues durant ces élections si jamais le CNC voulait appliquer des sanctions. "On pouvait les fermer et les rouvrir une à une après les élections", a déclaré la présidente du CNC.

Du coté des médias burundais, c’est une l’incompréhension totale totale. Selon le président de l’association burundaise des radios diffuseurs (ABR), Corneille NIbaruta, il y a une visiblement "une confusion totale" de la part de Vestine Nahimana.

Selon Corneille Nibaruta, la présidente de la CNC n’a pas su différencier le rôle des journalistes et celui des politiciens. Visiblement, souligne le président de l’ABR, Vestine Nahimana veut entraîner les médias dans des attitudes et conceptions politiques, ce que  les journalistes burundais ne veulent pas entendre.

Le président de l’ABR dément aussi les allégations de la présidente de la CNC selon lesquelles  le candidat du Cndd-Fdd, Pierre Nkurunziza, et sa campagne n’ont pas attiré l’attention des médias burundais. "Nous avons suivi les déplacements du président de la République en campagne et un journaliste de la synergie été chargé de suivre partout le président de la République", a souligné le président de l’ABR.

Selon le président de l’Observatoire de la presse burundaise (OPB), Innocent Muhozi, ce n’est pas la première fois que le CNC cherche à politiser le métier des journalistes. Il dit cependant être sur que les journalistes resteront unis devant ces tentatives de politisation de la part du CNC et de  sa présidente. Il invite les membres du CNC à ne pas agir comme des politiciens mais comme des techniciens de la communication.

Des habitants de la capitale Bujumbura ont affirmé que n’eut été les médias burundais, ils ne seraient pas informés de la situation politique et sécuritaire dans le pays. Ils félicitent les journalistes pour le rôle incontournable qu’ils ont joué lors des élections et les campagnes qui les ont précédés.

Pour rappel, le jour du scrutin présidentiel, le a président de la CENI a interdit à la dernière minute la tenue de la "nuit électorale" qui permet la diffusion des résultats au fur et à mesure du dépouillement, et ce n’est que deux jours plus tard que la CENi a publié les résultats, dont un taux e participation de près de 80%, de loin plus élevé que la moyenne, variant entre 30 et 50%, rapportée par les médias le jour du vote. Ce qui est à la source de la fureur de Vestine Nahimana

Notons que les observateurs, nationaux et internationaux, les églises et même le parti au pouvoir avaient remercié les médias burundais du rôle joué dans le processus électoral en cours au Burundi. [DN]