A Kinshasa, Macron attendu sur le conflit dans l'Est de la RDC
Afrique

@rib News, 03/03/2023 - Source AFP

Emmanuel Macron retourne sur le difficile terrain de la diplomatie de guerre samedi en République démocratique du Congo, dernière étape de sa tournée africaine, où ses efforts de paix dans l'est du pays face à la rébellion du M23 sont contestés.

Après un sommet sur les forêts tropicales à Libreville, un accord de coopération agricole à Luanda et un hommage à la France Libre à Brazzaville, place au grand "chaudron" de Kinshasa.

Le chef de l'Etat est arrivé vendredi soir dans la capitale du plus grand pays francophone du monde, une mégapole bouillonnante de quelque quinze millions d'habitants aussi réputée pour la "sape" et la rumba que pour ses embouteillages.

La visite aura son lot de moments symboliques ou hauts en couleur, Emmanuel Macron arrivant déterminé à renforcer le partenariat avec ce pays phare d'Afrique centrale dans les domaines de la santé et de la culture.Il va rencontrer des artistes et des entrepreneurs, ainsi que le professeur Jean-Jacques Muyembe, à l'origine de la découverte du virus Ebola.

Mais ce sont surtout les coulisses de la rencontre avec son homologue Félix Tshisekedi samedi matin, suivie d'une conférence de presse commune, qui seront scrutées de près.

Le président français a tenté une mission de bons offices en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, en septembre dernier, pour engager une désescalade dans l'est de la RDC, où la rébellion du M23 avance ses pions.

Comme dans le conflit en Ukraine, qu'il avait tenté en vain de conjurer début 2022, il a joué les facilitateurs pour une rencontre entre le président congolais et son homologue rwandais Paul Kagame, accusé de soutenir la rébellion.

La présidence française s'était alors vantée d'un succès diplomatique dans un conflit vieux de près de 30 ans, mais la rébellion a depuis repris de plus belle ses avancées, malgré une médiation de l'Angola et du Kenya.

Emmanuel Macron se retrouve accusé de parti pris en faveur de Paul Kagame, avec lequel il a opéré une réconciliation après les années noires consécutives au génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 et les accusations d'implication dans ce bain de sang portées contre la France.

- "Pas le bienvenu" -

Paris a dénoncé en décembre le soutien du Rwanda au M23, mais le doute persiste à Kinshasa sur la position de la France et les Congolais demandent à Paris de sanctionner Kigali.

Emmanuel Macron "n'est pas le bienvenu en RDCongo", ont martelé des mouvements citoyens à la veille de sa visite.Quelques jeunes ont aussi tenté de s'en prendre, sans succès, à son cortège à la sortie de l'aéroport de Kinshasa vendredi soir, a constaté une journaliste de l'AFP.

Les rebelles du M23, qui ont repris les armes fin 2021, ont conquis de larges pans de territoire dans la province du Nord-Kivu.Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement cette rébellion, ce qui est contesté par Kigali mais a été confirmé par des experts de l'ONU et dénoncé par plusieurs pays occidentaux. 

Quelques dizaines de jeunes, brandissant des drapeaux russes, avaient déjà manifesté mercredi à Kinshasa contre la venue du président français, avec l'intention de se faire entendre de nouveau samedi.

"L'opinion congolaise attend de la France un engagement clair pour le retour de la paix (...) Il n'y a pas de place pour l'ambiguïté", a déclaré pour sa part le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya.

Emmanuel Macron risque aussi d'être critiqué par l'opposition congolaise en apparaissant au côté du président Tshisekedi en pleine année électorale.

En janvier 2019, son ministre des Affaires étrangères d'alors, Jean-Yves Le Drian, avait fait des vagues en qualifiant de "compromis à l'africaine" la victoire de Félix Tshisekedi à la présidentielle et en jugeant qu'un autre candidat de l'opposition, Martin Fayulu, en avait été "a priori" le vainqueur.

Le président français achève sa tournée au Gabon, en Angola, au Congo et en RDC avec le même message: la France, ancienne puissance coloniale de plus en plus contestée sur le continent, veut développer une nouvelle relation avec l'Afrique, faite d'"humilité" et de partenariats "responsables et équilibrés".