Le Pape a reçu les évêques du Burundi
Société

Vatican News18 mars 2023

E n visite ad limina à Rome, les évêques du Burundi ont été reçus vendredi 17 mars par le Saint-Père. Après cette audience, Mgr Bonaventure Nahimana, archevêque de Gitega et président de la conférence épiscopale de ce pays, a accordé une interview à Vatican News. Il est revenu sur cette rencontre et a parlé de certains sujets de la vie de l’Église burundaise, dont la célébration du jubilé des 125 ans de l’évangélisation du Burundi.

Mgr Bonaventure Nahimana a tout d’abord décrit le climat fraternel et amical qui a régné au cours de cette rencontre avec le Pape, témoignant que chacun «pouvait s’exprimer librement». Les prélats ont partagé les joies et les peines qu’ils vivent dans l’Église du Burundi. Avec le Saint-Père, a-t-il fait savoir, ils ont abordé trois thèmes principaux: le jubilé des 125 ans de l’évangélisation du Burundi qui est en cours; la réconciliation, le pays ayant traversé des moments de conflits et de guerres; et la formation des prêtres.

Le jubilé des 125 ans de l’évangélisation du Burundi

L’année jubilaire a été lancée le 1er octobre 2022, en célébrant le jubilé des œuvres pontificales missionnaires (OPM). L’Église du Burundi a indiqué Mgr Nahimana, est née de l’élan missionnaire qui est arrivé sur cette terre d’Afrique. La première pénétration stable des missionnaires fut en 1899 et à partir de là, cette Église n’a cessé de se développer, a-t-il déclaré.

«La famille, église domestique et agent de l’évangélisation» est le thème de ce jubilé. Ce choix, a expliqué le président de la conférence épiscopale du Burundi, a été motivé à la suite d’un constat: «nous avons remarqué que la famille chrétienne, depuis le début de l’évangélisation de notre pays, a joué un grand rôle, surtout en catéchisant les enfants, en les envoyant à l’école et aussi en préparant ces enfants à recevoir le baptême». Ce thème est exploité au niveau des communautés de base, des paroisses, des diocèses et national.

Un forum national des familles prévu en juin 2023

Plusieurs activités ont été programmées et se déroulent au cours de cette année jubilaire, dont la sensibilisation au niveau des communautés de base, des paroisses; au niveau diocésain et national. En lien avec le thème du jubilé, il est aussi prévu un forum national des familles, qui sera l’un des moments culminant de cette célébration jubilaire. En guise de souvenir de ce grand moment, plusieurs initiatives ont également été identifiées. L’Église du Burundi prévoit la construction de cinq monuments qui rappellent l’arrivée des missionnaires de ce pays. Le premier sera érigé à Muyaga, à l’est, lieu où fut établie la première paroisse; le deuxième à Mugera, où fut construite la deuxième paroisse du pays et qui fut la première résidence du vicaire apostolique du Burundi, jusqu’à devenir actuellement un lieu de pèlerinage. Le troisième monument sera édifié à Bujumbura, la capitale, où eurent eu lieu plusieurs tentatives de pénétrations missionnaires; la quatrième à Rumonge, au bord du lac Tanganyika, premier lieu qui a accueilli en 1879 les missionnaires, qui furent assassinés deux ans plus tard en 1881, dans un contexte anti-esclavagiste. Un cinquième monument sera dressé sur un lieu à déterminer.

L’Église du Burundi, très impliquée dans le social

L’Église du Burundi est très impliquée dans la vie sociale de la population. C’est elle qui était au départ de la création des centres de santé, des foyers sociaux, des écoles, a indiqué Mgr Nahimana. La première école secondaire du pays était le petit-séminaire de Mugera et les premières écoles ont été fondées par les missionnaires, a-t-il déclaré. Aujourd’hui encore, l’Église est propriétaire de beaucoup d’établissements d’éducation et pense à la création d’une université catholique.

Recréer les liens par la paix et la réconciliation

Le défi sociopolitique est l'un des principaux auxquels est confrontée l’Église du Burundi, le pays étant dans une période post-conflits. Elle cherche à apporter sa contribution à cet effort de resserrer les liens entre les Burundais. Les synodes diocésains organisés à cet effet ont été centrés sur «la paix et la réconciliation», a fait savoir Mgr Nahimana. Ils se sont clôturés par des actes que chaque diocèse s’attèle à vulgariser et à mettre en pratique. Dans ce même élan, l’épiscopat burundais est en train de construire un centre national qui sera dénommé Oasis de paix et de réconciliation et qui sera consacré à la formation des laïcs, notamment sur ces deux thèmes.

Le synode sur la synodalité, une grâce pour l’Eglise du Burundi

Mgr Bonaventure Nahimana s’est aussi prononcé sur le synode sur synodalité, que «l’Église du Burundi a accueilli comme une grâce». Il a fait part de l’enthousiasme qui a accompagné la mise en place des groupes et commissions: «les laïcs se sont assis sur la même table avec des prêtres et religieux pour travailler ensemble et traiter des questions essentielles», en particulier celles concernant la vie de l’Église. Pour certains, a confié le président de la conférence épiscopale du Burundi, c’était la première expérience de ce genre. Les évêques du Burundi ont remercié le Saint-Père pour cette initiative, qui fait appel à la participation de tous les membres de la communauté chrétienne pour l’édification de l’Église, a indiqué l’archevêque de Gitega. Ce synode a soulevé une grande espérance dans le peuple de Dieu, a-t-il encore confié.

Stanislas Kambashi,SJ – Cité du Vatican