La peur du retour au pays chez les réfugiés burundais au Rwanda
Sécurité

RFI, 03/04/2023

Au Rwanda, des réfugiés burundais partagés entre l'espoir et la crainte du retour au pays

Au Rwanda, le programme de rapatriement volontaire des réfugiés burundais suit son cours, quatre ans après sa mise en place. Mais un certain nombre d'entre eux s'inquiètent toujours de la situation sécuritaire dans leur pays. Reportage dans le camp de réfugiés de Mahama, le plus grand au Rwanda, dans le sud-est du pays.

De notre envoyée spéciale,

Dans sa petite maison au centre de Mahama, Geoffrey passe ses derniers jours dans le camp de réfugiés. Après huit ans d’exil, depuis la crise électorale de 2015 au Burundi, le jeune homme s’est inscrit pour le prochain convoi de rapatriement volontaire. « Je n'ai pas peur. Ce qui est nécessaire, c’est de revoir ma famille. Quelle que soit la situation là-bas, le plus important est de rester concentré sur ma famille que je n'ai pas pu voir pendant huit ans. Les malheurs existent. Même ici, on peut avoir des accidents. On doit croire que tout ira bien là-bas », espère Geoffrey.

Quelques jours plus tard, le jeune Burundais est parti, avec une centaine d’autres réfugiés, dans le premier bus de rapatriement de l’année. Des rapatriements organisés au Rwanda depuis 2019, au début presque toutes les semaines avec plus de 30 000 retours, mais qui se sont largement réduits depuis.

La peur du retour au pays

En 2022, selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés, moins de 1 000 Burundais exilés au Rwanda sont repartis dans leur pays natal. Anita, résidente du camp de Mahama craint encore de rentrer : « J’ai une fille âgée de 8 ans. Elle ne connaît même pas l’image de son père resté au Burundi, car elle était trop petite quand on est arrivé ici. Pour moi, je ne peux même pas penser à repartir au Burundi. Je ne peux pas y retourner. J’ai décidé que je vivrai n’importe où le HCR m'enverra ».

Une délégation du gouvernement burundais s’est rendue dans le camp en décembre dernier afin de convaincre leurs ressortissants de revenir au Burundi. Mais pour Pierre Niyiragira, secrétaire du comité des réfugiés de Mahama, les conditions ne sont pas encore réunies pour un retour apaisé : « Presque tous les réfugiés qui sont ici dans ce camp ne pensent pas que la raison de leur départ soit réglée dans leur pays natal. Ce sont des réfugiés qui ne se sentent pas encore à l’aise, qui ont toujours peur de retourner dans leur pays parce que ce qui les a fait fuir est encore là ».

Selon le HCR, plus de 50 000 réfugiés burundais vivent encore au Rwanda.