Rwanda : tensions avant la présidentielle
Afrique

Ouest-France, 14 juillet 2010

Paul KagameLes Rwandais iront aux urnes le 9 août. Pourtant sûr de sa victoire, le camp présidentiel intensifie la répression politique.

Au Rwanda, il ne fait pas bon critiquer le président Paul Kagame. Le chef de l'État devrait pourtant être beau joueur ; n'est-il pas assuré d'être réélu le 9 août ? Pourtant, les crispations sont de plus en plus évidentes et nombreuses.

Dernier incident en date : l'arrestation d'Agnès Uwimana, directrice du journal Umurabyo, officiellement pour négation de génocide, en réalité pour un article comparant le président Paul Kagame à Hitler.

Cette arrestation s'inscrit dans une longue liste de mesures de rétorsion contre la presse et les partis d'opposition. En avril, deux publications, Umuseso et Umuvugizi, ont été interdites pour insultes au chef de l'État. En juin, Jean Leonard, un journaliste très critique à l'égard du pouvoir, a été assassiné à Kigali, la capitale rwandaise.

« Une fois de plus, les autorités prétextent la sécurité nationale et la négation de génocide pour faire taire les voix discordantes de la presse indépendante », explique Mohamed Keita du Comité pour la protection des journalistes.

L'opposition s'estime harcelée ; certaines formations n'ont toujours pas été officiellement reconnues et ne pourront pas prendre part au scrutin présidentiel. C'est le cas de l'UDF, menée par Victoire Ingabire, une opposante accusée d'atteinte à la sécurité nationale. Son avocat américain, Peter Erlinder, a été arrêté cinq jours après son arrivée à Kigali, puis expulsé après deux semaines en détention.

Même l'armée a été purgée. Deux généraux ont été mis aux arrêts et un troisième, Faustin Kayumba Nyamwasa, réfugié en Afrique du Sud, a été victime d'une tentative d'assassinat le 19 juin.

Philippe CHAPLEAU.